L’Afrique face au Covid-19 : le Vatican en campagne pour l’annulation de la dette

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L’Afrique face au Covid-19 : le Vatican en campagne pour l’annulation de la dette
L’Afrique face au Covid-19 : le Vatican en campagne pour l’annulation de la dette

Africa-PressCôte d’Ivoire. Le Vatican s’engage Alors que le G20 a annoncé une nouvelle extension pour six mois du moratoire sur les intérêts de la dette des pays les plus pauvres, les appels se multiplient pour aller plus loin et accorder une annulation. Le Vatican prendra part à ce mouvement : mercredi 7 avril, le dicastère pour le service du développement humain intégral et la commission Covid-19 ont annoncé le lancement d’une campagne pour l’annulation de la dette des pays africains. Le plaidoyer sera mené auprès des institutions financières internationales et des gouvernements des pays créanciers. Localement, cette campagne devrait être relayée par des organisations comme Caritas Afrique.

Il est fait référence à la campagne du Jubilé. Lancée au milieu des années 1990 par une coalition d’Eglises et de mouvements d’inspiration chrétienne, elle avait joué un rôle déterminant dans l’allègement des dettes décidé au tournant du millénaire.

Si l’épidémie de Covid-19 a relativement épargné le continent africain, avec « seulement » 4,3 millions de contaminations et 114 000 décès, son impact économique et social s’avère en revanche considérable. L’an dernier, le continent a enregistré sa première récession depuis vingt-cinq ans. Selon les prévisions du Fonds monétaire international (FMI), le taux de croissance en 2021 devrait atteindre 3,4 %, soit moins que toutes les autres régions du monde.

2 %
C’est la part de l’Afrique dans le total de vaccins administrés à travers le monde depuis le début de la pandémie, selon les chiffres communiqués jeudi 8 avril par le bureau africain de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Sa directrice, la docteure Matshidiso Moeti, a une nouvelle fois déploré que « plus d’un milliard d’Africains restent en marge de cette marche historique vers la vaccination ». Si le manque d’argent et les pénuries de vaccins sont les premières causes de ce retard, Mme Moeti évoque aussi l’insuffisance de personnel qualifié pour conduire les campagnes de vaccination, des problèmes logistiques localement, et des défaillances dans la planification pour cibler les groupes prioritaires. Pour ces raisons, le démarrage de la vaccination a dû être repoussé au Bénin, aux Comores, au Liberia, en Sierra Leone et au Soudan du Sud. Le Kenya en colère Le Kenya a très mal pris la décision du gouvernement britannique de l’inscrire sur la « liste rouge » des pays avec lesquels il ferme ses frontières en raison du Covid-19. « Si vous avez séjourné ou transité [au Kenya] au cours des dix derniers jours, l’entrée au Royaume-Uni vous sera refusée », précise le communiqué du ministère des affaires étrangères. Les personnes qui résident au Royaume-Uni seront autorisées à entrer, mais elles devront rester en quarantaine pendant dix jours dans un hôtel sélectionné par les autorités. Les liaisons aériennes ont été suspendues. Avec cette décision, en vigueur à partir du 9 avril, le Kenya, qui fait face à une reprise de l’épidémie depuis février, subit le sort auquel étaient déjà soumis 38 pays, dont 17 en Afrique. En retour, il a annoncé qu’il exigerait un certificat de vaccination et un test PCR négatif pour laisser entrer les voyageurs en provenance du Royaume-Uni. Ils devront de surcroît respecter une période d’isolement de sept jours. Ceux qui ne sont pas vaccinés devront rester en quarantaine pendant quatorze jours dans un établissement approuvé par le gouvernement kényan et à leurs frais. Urgence à Madagascar La situation s’est brutalement détériorée à Antananarivo, où les hôpitaux et les centres de santé doivent faire face à un afflux de malades. « Les centres de traitement d’Analamanga [la région qui entoure la capitale] sont débordés », a admis le ministre de la santé, Jean Louis Rakotovao, lors d’une intervention télévisée mardi 6 avril, et « la plupart des cas enregistrés sont des formes graves ». Cette dégradation est attribuée à l’arrivée du variant « sud-africain » à Madagascar. Les ressources en oxygène sont insuffisantes pour traiter les patients qui souffrent de symptômes respiratoires. Le gouvernement a fait appel au volontariat parmi les médecins et les autres professionnels de santé afin de pouvoir ouvrir de nouvelles unités de prise en charge pour les formes légères. L’état d’urgence sanitaire a été réinstauré pour quinze jours, avec notamment une mise en quarantaine de plusieurs régions, la fermeture des établissements scolaires et un couvre-feu à partir de 21 heures. Après avoir nié toute nécessité de recourir à la vaccination et vanté l’efficacité d’un remède traditionnel à base d’artemisia, le président Andry Rajoelina s’est finalement résolu, fin mars, à se tourner vers le mécanisme de solidarité internationale Covax. Aucune information n’a jusqu’à présent filtré sur le nombre de doses auxquelles Madagascar pourrait prétendre ni à quelle date une première livraison est envisageable. Au 7 avril, Madagascar comptait officiellement près de 26 500 cas de contamination et 475 décès. Des aides publiques insuffisantes A l’exception du Sénégal, où 71 % des personnes interrogées déclarent avoir reçu une aide financière pour compenser les effets des confinements instaurés pour freiner la propagation de l’épidémie, l’assistance déployée par les gouvernements est jugée très insuffisante au Bénin, au Togo, au Niger et au Liberia, selon les résultats de l’enquête conduite par Afrobarometer auprès d’un échantillon de 1 200 personnes dans chacun de ces pays entre octobre 2020 et janvier 2021.
Au Bénin, seulement 4 % des sondés indiquent avoir reçu une aide. Ils sont 9 % au Liberia. Dans les cinq pays, une majorité considère de surcroît que ces aides n’ont pas été distribuées aux personnes qui en avaient le plus besoin. Une part importante a été détournée par la corruption. Cette perception est particulièrement marquée au Togo (83 %). Si dans l’ensemble, l’action des gouvernements pour limiter la pandémie est jugée plutôt bonne, 62 % estiment que les chiffres fournis sur le nombre de contaminations et de décès sont faux.

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