“Low-Tech” : vivre mieux avec moins

17
"Low-Tech" : vivre mieux avec moins

Africa-Press – Côte d’Ivoire. Selon Lisa Carrière, de l’Université Jean-Monnet Saint-Étienne, c’est “principalement dans le domaine de l’énergie ” que les technologies douces – c’est-à-dire utiles, durables, accessibles au plus grand nombre, sobres – sont en train de gagner du terrain dans toute la société. Le 21 mars, l’École centrale de Nantes organisait même son premier Forum Low-Tech avec étudiants, acteurs du territoire et entrepreneurs.

L’établissement a institué une option “ingénierie des low-techs” en 2022, comme d’autres à Lille ou Grenoble, etc., souvent à la demande d’élèves préoccupés par le changement climatique ou l’épuisement des ressources planétaires. Le plus frappant est que ces pédagogues, formant l’élite des constructeurs, instituent désormais des partenariats avec des associations comme celle du Low-tech Lab, fondé en 2010 au Bengladesh en testant des petits systèmes de technologie minimaliste sur une embarcation en toile de jute.

Ce Low-tech Lab est devenu une référence très populaire auprès des citoyens qui ont envie d’agir à leur niveau et de mettre la main à la pâte, en bricolant des “systèmes” qui leur permettront de vivre mieux avec moins. Elle recense un grand nombre d’adresses, quels que soient les besoins et la localisation de chacun.

“Le qualificatif s’applique à une démarche et non pas à son résultat “

“Contrairement au développement durable, dont la genèse peut être rattachée à un travail de définition de la part des instances de l’ONU, le concept des low-tech a émergé des courants de pensée alternatifs des années 1970 sans qu’il y ait d’appropriation institutionnelle “, explique Anne-Charlotte Bonjean, qui a piloté le rapport de l’Ademe (Agence de l’environnement et de la transition énergétique), “Démarches Low Tech” en 2022.

Aujourd’hui, les définitions sont multiples et mouvantes, même si le terme a été popularisé en France par l’ingénieur centralien Philippe Bihouix, auteur de “L’Âge des low tech. Vers une civilisation techniquement soutenable” (Seuil, 2014). “Le qualificatif s’applique à une démarche et non pas à son résultat “, estime l’Ademe. Ainsi, un objet n’est pas low-tech dans l’absolu, il l’est plus (ou moins) qu’une solution existante répondant au besoin initial (se chauffer, cuisiner, stocker de l’énergie, etc). Son concepteur, son constructeur, vise l’essentiel mais ne dédaigne pas l’innovation, à condition qu’elle soit frugale (recyclage, limitation des déchets), rentable, aisément réparable et utilise au maximum des ressources locales et non menacées.

Aujourd’hui, dans des ateliers locaux ou avec des tutoriels sur Internet, des Français construisent une éolienne Piggott avec le réseau Tripalium, fabriquent un habitat mobile autonome en eau et en énergie avec l’Atelier Hirondelle, bâtissent un barbecue ou un four solaire (pliant ou non), des capteurs solaires pour les résidences secondaires où se propagent humidité et moisissures, mettent au point un chauffe-eau solaire ou une serre semi-enterrée, reconditionnent ou réparent une batterie électrique…

Les agriculteurs aussi adoptent cette démarche

Impossible d’évaluer combien de citoyens ont recours à ces solutions, qui ne concernent pas que les particuliers. Le boulanger et torréfacteur Arnaud Crétot, installé en Seine-Maritime, cuit dans son jardin depuis 2021 une centaine de kilos de pain par jour sans dépenser un centime d’électricité.

“En exploitant un ensemble de miroirs mobiles, on parvient à concentrer les rayons du soleil vers un foyer central où est placé un four à pain, explique cet ingénieur de formation dans un livre où il raconte son expérience*. J’utilise un four Lytefire de la société Solar Fire – dont je suis le cofondateur. ” C’était une première en France et il commence à faire des émules.

Dans le domaine alimentaire, on favorise la réfrigération passive, comme avec le “frigo du désert” qui s’appuie sur l’évaporation pour garder les aliments au frais et est utilisé à grande échelle à la ferme de la Martinière (Loire). Ailleurs, d’autres techniques, comme le séchoir ou la stérilisation solaire, permettent de chauffer les aliments pour les conserver.

Pour les agriculteurs, la tendance est de démécaniser, privilégier des appareils économes en énergie et prioriser leur réutilisation et leur réparation, même si “il n’y a aujourd’hui en France que très peu de recherche et développement portant sur des outils permettant un certain degré d’autonomie “, regrette l’association les Greniers d’Abondance. Petits ou grands, les acteurs de la low-tech espèrent maintenant une réglementation plus favorable et des aides financières d’État adaptées, de la recherche et développement et même des commandes publiques.

Pour plus d’informations et d’analyses sur la Côte d’Ivoire, suivez Africa-Press

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here