Africa-Press – Côte d’Ivoire. Le plus grand cargo à voile du monde a quitté le port de Nantes le 15 octobre 2025 pour rejoindre Saint-Nazaire où il a embarqué sa cargaison de conteneurs. Le premier navire de la compagnie Neoline a ensuite pris le large dans la nuit pour entamer sa première traversée transatlantique à destination de Saint-Pierre-et-Miquelon, qu’il atteindra huit jours plus tard, puis Baltimore.
Baptisé le 13 octobre « Neoliner Origin », le bâtiment de 136 mètres de long est doté d’ailerons anti-dérive rétractables, pour réduire le tirant d’eau du navire, et de deux mâts en carbone inclinables à 72° pour passer sous les ponts. Propulsé par une voilure de 3 000 mètres carrés, il fonctionne avec un équipage de 13 personnes et peut embarquer jusqu’à 5 300 tonnes de fret. La propulsion vélique associée à une vitesse réduite à 11 nœuds au lieu de 15 devrait permettre de réduire de plus de 80 % sa consommation de carburant et les émissions associées.
Dix ans pour donner corps à ce premier grand voilier-cargo moderne
Derrière ce projet ambitieux se trouve Michel Péry, ancien commandant de navires rouliers, convaincu que, dans un contexte de bouleversements climatiques, « la voile de travail est la seule solution immédiatement disponible et suffisamment puissante pour propulser des navires de charge ». Il aura fallu ensuite dix ans à la compagnie Neoline, fondée avec d’autres officiers de marine marchande, pour donner corps à ce premier grand voilier-cargo moderne.
Le transport maritime, qui assure 90 % du commerce mondial, est responsable de 3 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre et, si rien n’est fait, pourrait représenter 17 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre d’ici 2050. Il fait donc face aujourd’hui à une pression réglementaire croissante afin d’atteindre une décarbonation totale vers 2050. C’est dans cette perspective que les pays membres de l’Organisation maritime internationale (OMI) sont réunis ce vendredi 17 octobre 2025 à Londres, en vue d’adopter un plan contraignant de réduction des émissions de gaz à effet de serre des navires dès 2028. L’Union européenne a déjà mis en vigueur un texte (FuelEU Maritime) qui fixe des limites maximales pour les émissions « des navires de plus de 5 000 tonneaux de jauge brute faisant escale dans les ports européens, quel que soit leur pavillon ».
Remettre au goût du jour les voiles de travail, délaissées depuis un siècle
Il est donc urgent de concevoir des navires cargos qui ne dépendent plus seulement de carburants fossiles. Quant aux carburants de synthèse fabriqués en utilisant de l’électricité décarbonée, ils ne devraient pas être disponibles à grande échelle avant plusieurs décennies, alors que le vent offre une énergie propre, inépuisable et gratuite. D’où l’idée de Michel Péry de remettre au goût du jour les voiles de travail, délaissées depuis un siècle mais à nouveau pertinentes en s’appuyant sur les connaissances et les technologies les plus avancées, que ce soit en matière de prévisions météorologiques, de nouveaux matériaux, de calcul automatique des forces qui s’exercent sur les voiles ou de surveillance satellitaire de l’état de la mer.
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