Africa-Press – Côte d’Ivoire. L’agence spatiale européenne a réussi le pari de faire revenir sur Terre un satellite en fin de vie en maîtrisant sa trajectoire ! Il s’agissait de l’un des quatre satellites composant la mission Cluster qui a étudié pendant 24 ans notre magnétosphère, bouclier protecteur de la vie terrestre.
Salsa est bien rentré sur Terre, abandonnant le quatuor qu’il formait avec les trois autres satellites de la mission Cluster de l’Agence spatiale européenne (ESA). Le 8 septembre 2024, à 20h47 heure de Paris, le satellite de 1.200 kilogrammes est entré dans l’atmosphère à grande vitesse – d’abord à 28.000 km/h avant que les couches d’air de plus en plus denses ne le freinent jusqu’à 800 km/h environ.
La première “rentrée ciblée” jamais réalisée
L’échauffement dû aux intenses frottements a fait fondre et vaporisé la majeure partie de ses matériaux et les derniers débris ont plongé comme prévu dans l’océan Pacifique Sud. L’ESA a ainsi réalisé avec succès la première “rentrée ciblée” jamais réalisée.
Cette manœuvre de désorbitation a été planifiée de longue date pour éviter que des débris atteignent des zones habitées. Et en janvier 2024, Salsa a vu son orbite modifiée de manière que sa trajectoire de rentrée atteigne ce point de l’océan, loin de toute région peuplée. Le comportement du satellite a ensuite été surveillé au fil des mois et sa trajectoire n’a ensuite connu qu’un seul ajustement.
Magnétosphère et “électrons tueurs”
Aujourd’hui, les règles spatiales imposent de minimiser les risques lors du retour sur Terre d’un engin spatial. Mais ce n’était pas le cas dans les années 1990, lors de la conception des Cluster. De ce fait, la rentrée non contrôlée de Salsa aurait pu se faire n’importe où sur le globe, tel un astéroïde.
Salsa était l’un des quatre satellites identiques de la mission Cluster – avec Samba, Rumba et Tango -, lancée en juillet 2000 en vue d’étudier l’interaction entre le vent solaire et la magnétosphère terrestre au cours de près de deux cycles solaires – d’une durée moyenne de 12 ans chacun. Les quatre satellites ont permis de réaliser pour la première fois des cartes en trois dimensions et avec des détails d’une grande finesse du champ magnétique terrestre, ce bouclier invisible qui nous protège des particules solaires à haute énergie.
En 24 ans, ils ont pu observer le comportement de la magnétosphère soumise aux assauts du vent solaire et découvert l’origine des “électrons tueurs” – des particules énergétiques capables de perturber les satellites, les missions habitées et les systèmes électriques terrestres. Ils ont pavé la voie qui permet aujourd’hui de fournir une météo spatiale.
Un succès indéniable mais des débuts catastrophiques
Succès scientifique indéniable, la mission Cluster a toutefois connu des débuts catastrophiques. D’abord parce que les quatre premiers satellites de la mission ont été désintégrés lors de l’échec de la première fusée Ariane 5 (vol 501), le 4 juin 1996, laissant les scientifiques absolument désemparés, la mission n’étant couverte par aucune assurance. Après le choc, ils ont rassemblé leurs forces et toutes les briques de test encore présentes sur les étagères pour reconstituer en moins de quatre ans les satellites.
Mais leurs déboires se sont poursuivis lorsque les satellites Rumba et Tango ont été injectés sur une mauvaise orbite. Ils ont alors dû puiser sur leurs réserves de carburant pour rejoindre avec leur propre propulsion Salsa et Samba sur la bonne orbite.
Aujourd’hui, leur mission scientifique touche à sa fin et décision a été prise de les désorbiter un à un d’ici à 2026. Cela offre une occasion unique de collecter et de comparer des données sur les rentrées atmosphériques de quatre satellites dans des conditions différentes. Cela devrait permettre à l’avenir de mieux prévoir les conséquences du retour sur Terre des satellites et débris spatiaux.
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