Africa-Press – Côte d’Ivoire. Faire la sieste, ce n’est pas seulement un signe de fatigue. Le moment et la durée des siestes serait aussi un indicateur de mortalité chez les adultes d’âge moyen à avancé, selon une récente étude présentée au congrès SLEEP 2025, mais pas encore publiée dans un journal scientifique. L’analyse des siestes de plus de 86.000 personnes qui n’étaient pas postées de nuit, donc avec une activité en journée, a montré que les siestes longues, avec durée variable ou réalisées autour de midi et du début d’après-midi, étaient associées à un risque accru de mortalité.
Parmi les 86.565 personnes incluses dans la cohorte, l’âge moyen était de 63 ans au début de l’étude. 57% des participants sont des femmes. Ils ont été suivis pendant sept jours grâce à un actigraphe, un appareil semblable à une montre et destiné à évaluer les cycles d’éveil et de sommeil. La durée médiane des siestes s’est établie à 24 minutes par jour. La plupart d’entre elles (34%) étaient réalisées entre 9h et 11h du matin. 10% avaient lieu sur l’heure du midi (entre 11h et 13h), 14% en tout début d’après midi (entre 13h et 15h). Dans la seconde moitié de la journée, 19% des siestes étaient faites entre 15h et 17h. Puis 22% à la toute fin de la journée, entre 17h et 19h. Globalement, avec l’âge, les siestes avaient tendance à devenir plus longues et plus irrégulières, avec un horaire se décalant vers l’après-midi. Au cours d’un suivi pouvant aller jusqu’à 11 ans, 6% des participants (5.189) sont décédés.
Trois types de sieste « à risque »
Pour réellement mesurer l’effet de la sieste sur la santé, sans confusion avec d’autres facteurs comme l’IMC (indice de masse corporelle), le tabagisme, la consommation d’alcool ou encore la durée du sommeil nocturne, les calculs ont été ajustés en prenant en compte ces possibles influences. Trois grandes tendances ressortent de ces travaux: une durée de sieste plus longue, une grande variabilité dans le rythme des siestes et celles réalisées entre 11h et 15h étaient associés à une mortalité accrue.
« Il s’agit d’une étude observationnelle. Ce que nous avons trouvé, ce sont donc des associations et non des causes directes. En clair: on ne peut pas en conclure que c’est la sieste qui a une influence directe sur la santé ou la mortalité », prévient auprès de Sciences et Avenir la Dr Chenlu Gao, chercheuse spécialisée dans les rythmes circadiens à l’Université de Harvard (Etats-Unis) et autrice de la publication. « De même, on ne peut pas affirmer que changer sa manière de faire sa sieste pourrait améliorer sa santé ou son risque de mortalité. Il nous faut plus d’études pour mieux comprendre le sujet. »
Ce n’est donc pas la sieste en elle-même qui détériore la santé au point d’augmenter le risque de mortalité. Mais la sieste semble être un bon indicateur de la santé globale ou en tout cas de son déclin. Des siestes longues en journée peuvent refléter un mauvais sommeil nocturne dû à des maladies sous-jacentes, d’ordre cardiovasculaire, pulmonaire, neurodégénératif ou mental. Toutes ces pathologies font grimper le risque de mortalité, surtout si elles ne sont pas prises en charge.
Détecter des pathologies sous-jacentes
Dans le cas de l’insuffisance cardiaque chronique, le cœur n’est plus capable de pomper efficacement le sang. La nuit, cela se traduit par une sensation d’essoufflement, engendre des réveils, ainsi que des besoins fréquents d’uriner la nuit. La BPCO (bronchopneumopathie chronique obstructive), elle, obstrue les voies respiratoires et fait chuter le taux d’oxygène dans le sang. La nuit, des micro-réveils et une agitation générale perturbent le sommeil. L’apnée du sommeil aussi provoque des arrêts respiratoires répétés pendant la nuit qui détériorent le sommeil et engendrent une fatigue. Idem pour le syndrome des jambes sans repos, qui génère des mouvements retardant l’endormissement ou interrompant le sommeil nocturne.
Les auteurs de l’étude recommandent ainsi que le sujet des siestes soit abordé en routine lors de consultations chez le généraliste. Afin que le sommeil global du patient soit étudié, et pas uniquement la façon dont les nuits se déroulent.
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