Africa-Press – Djibouti. Depuis le 9 mars, la finance mondiale et ses bénéficiaires suivent heure par heure les derniers développements liés à la faillite de la Silicon Valley Bank (SVB) dont le contrôle a été repris par la Federal Deposit Insurance Corporation (FIDC), l’autorité de garantie des dépôts américains. L’institution quarantenaire a chuté en 48 heures. Pris de panique après les annonces de SVB quant à une nécessaire augmentation de capital consécutive à une perte de 1,8 milliard de dollars, de nombreux clients ont effectué des retraits massifs qui ont provoqué sa défaillance.
Pour contenir l’hémorragie, les autorités américaines, par la voix de la Réserve fédérale des États-Unis et du département du Trésor, ont décidé de garantir les dépôts dans cette banque et ce, même au-delà de la limite légale de 250 000 dollars (environ 235 000 euros). « Puisque le Trésor américain a décidé de garantir 100 % des dépôts, le risque à l’heure actuelle semble en grande partie résorbé, indique une avocate d’affaires de Lagos, jointe par Jeune Afrique. Il reste l’inconnue du temps nécessaire à la Fed pour libérer les sommes », explique-t-elle.
Wave, Chipper Cash ou Ejara
Connue pour être la banque de l’écosystème innovant américain, SVB avait ces derniers temps participé à des investissements directs ou indirects en Afrique. La banque figurait notamment parmi les investisseurs de Founders Fund, la société d’investissement du créateur de Paypal, Peter Thiel qui a participé au tour de table de 200 millions de dollars de Wave en septembre 2021. Selon Bloomberg, Founders Fund avait néanmoins fermé ses comptes à la SVB dès le 9 mars, après avoir constaté des problèmes de transactions.
Depuis 2019, SVB Capital, branche de la banque américaine dévolue au capital-risque, a participé à six investissements directs sur le continent. En mai 2020, elle a participé avec Y Combinator (dont 30 % du portefeuille est concerné par la chute de SVB), Sequoia (également client de SVB) ou encore le marocain Outlierz Ventures à la série A de 2,5 millions de dollars, du camerounais Healthlane, fondée par Alain Nteff.
À Douala, la plateforme de cryptomonnaie Ejara, fondée par Nelly Chatue-Diop se retrouve elle aussi exposée puisque l’émetteur de monnaie électronique stable Circle, qui fait partie de ses principaux investisseurs, a révélé qu’une partie des réserves en liquide – 3,3 milliards de dollars précisément sur un total de 40 milliards – était jusqu’ici hébergée chez SVB.
En mai 2021, Silicon Valley Bank, dirigée jusqu’au week-end dernier par Gregory Becker, avait également mené le tour de table de 100 millions de dollars de la fintech nigériane, Chipper Cash.
Engagements des fonds locaux
Indirectement, son empreinte se retrouve au minimum dans deux des quatre grands marchés de la tech continentale que sont le Nigeria, le Kenya, l’Égypte et l’Afrique du Sud. La chute de SVB fait beaucoup parler d’elle notamment au Caire puisque la banque est présente au capital du dubaïote Beco Capital qui investit massivement dans les start-up locales depuis 2016. La plateforme d’e-santé Vezeeta, la fintech Thndr, le transporteur Swvl et la centrale d’achat MaxAB sont également concernés par la chute de la banque américaine.
Ces derniers jours, investisseurs et conseils juridiques ont travaillé d’arrache-pied pour éviter des faillites en cascade à Lagos, Nairobi ou au Caire. « Nous avons tenu plusieurs réunions d’urgence de conseils d’administration avec les fonds qui ont investi dans nos sociétés clientes pour les prévenir du risque imminent, indique l’avocate d’affaires. Nous avons mis en place des processus de libération de certaines sûretés, prévenu les prêteurs que nous ne respecterions pas certains engagements financiers et réorganisé les activités afin de nous assurer que si la Fed prenait six mois à trouver une solution, les boites ne sombreraient pas », conclut-elle.
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