Incendie de la forêt de Day: 50 ha de parc détruits

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Incendie de la forêt de Day: 50 ha de parc détruits
Incendie de la forêt de Day: 50 ha de parc détruits

Africa-Press – Djibouti. Un feu d’une rare ampleur a ravagé plus de 50 hectares de l’unique vestige vivant de ce qu’était la végétation du Sahara et de l’Arabie il y a quelques milliers d’années. Si les flammes ont été partiellement maîtrisées, les dégâts sont considérables dans ce sanctuaire de biodiversité déjà menacé par les changements climatiques et l’action de l’homme. Le ministre de l’intérieur Saïd Nouh Hassan et son collègue de l’environnement et du développement durable, Mohamed Abdoulkader Moussa Helem accompagnés du Préfet de Tadjourah, Mohamed Houmed Abass et des députés de la région du Day, s’y sont rendus le jour suivant, pour évaluer la situation et coordonner les opérations d’intervention.

Selon un témoin de passage sur la route de l’Unité, qui relie la capitale à la ville de Tadjourah, le feu s’est déclaré dans la nuit du 2 au 3 juin, sur le versant Sud de Cheikh Abayazid, le point culminant de la forêt de Day, perché à 1 800 mètres d’altitude sur le mont Goda, dans la région de Tadjourah. Très vite, les flammes se propagèrent, attisées par les vents secs et les températures élevées de cette période de début d’été. Malgré l’isolement du site et la difficulté d’accès, les Sapeurs-pompiers de la région nord et les commandements des forces de défense et de sécurités de Tadjourah s’activèrent dans l’urgence. Le feu, selon les premières estimations, a détruit plus de 50 hectares de forêt, réduisant en cendres des zones abritant des espèces végétales et animales parmi les plus précieuses dont malheureusement les générations futures n’auront pas le privilège de contempler. La forêt de Day, enfin ! Le peu qui restait de l’unique vestige vivant de ce que devait être la végétation du Sahara et de l’Arabie il y a quelques milliers d’années car les changements climatiques et l’action de l’homme accéléraient déjà depuis ces dernières années son extinction, abritait des acacias géants, des genévriers africains, des oliviers sauvages, des jujubiers, mais aussi une faune exceptionnelle: babouins sacrés d’Égypte, singes verts, phacochères, léopards, et surtout le très rare Francolin de Djibouti — un oiseau endémique que l’on ne trouve nulle part ailleurs dans le monde.

Aussitôt informés, le ministre de l’Intérieur, Saïd Nouh Hassan et le ministre de l’Environnement et du Développement durable, Mohamed Abdoulkader Moussa Helem, accompagnés du préfet de Tadjourah, Mohamed Houmed Abass et de plusieurs députés de la région, s’y sont rendus le jour suivant, pour constater l’étendu du sinistre et coordonner les opérations d’intervention.

Aucune perte humaine n’est à déplorer

À leur arrivée sur le site, les autorités ont pu constater l’ampleur du désastre, mais également la mobilisation exemplaire, malgré leurs faibles moyens dans le cas de ce genre de sinistre, des sapeurs-pompiers du nord et du régiment interarmées de Tadjourah, dirigé par le colonel Ali Chehem. Grâce à leurs interventions rapides, une grande partie de l’incendie avait déjà été circonscrite. Les ministres ont salué cette efficacité et ont décidé de renforcer les moyens d’intervention en déployant un hélicoptère chargé d’acheminer rapidement extincteurs, matériel d’urgence et renforts humains vers le sommet. Les sapeurs-pompiers du nord, appuyés par ceux de la capitale, un contingent du régiment interarmées de Tadjourah et des éléments des forces de l’ordre, se sont activés sans relâche, tandis qu’une ambulance et des équipes sanitaires restaient en veille pour intervenir en cas d’urgence. La gendarmerie nationale, outre son rôle d’escorte du cortège officiel, a également prêté main forte aux opérations. Une enquête a d’ores et déjà été ouverte par le commandement de la brigade de Randa de la gendarmerie nationale afin de déterminer l’origine exacte du sinistre. L’hypothèse criminelle n’est pas exclue à ce stade. En tout cas, bien qu’on ne déplore jusqu’à présent aucune perte humaine, l’ampleur du désastre est énorme. Plus de 50 hectares de cette forêt millénaire sont partis en fumée.

Dans une brève intervention prononcée à cette occasion, le ministre de l’intérieur, M. Saïd Nouh Hassan a mis l’accent sur l’importance de cette forêt pour les générations futures. « Ce parc est un trésor national. Nous ignorons encore les causes réelles de cet incendie, mais nous devons à tout prix protéger ce patrimoine », a déclaré M. Saïd Nouh Hassan sur les hauteurs du mont Goda au Nord de Djibouti. Il a également tenu à souligner l’absence de dégâts humains, mais a regretté les atteintes irréversibles à la biodiversité, notamment à certaines espèces rares et protégées.

Pour sa part, le ministre de l’Environnement et du développement Durable, M. Mohamed Abdoulkader Moussa Helem, a évoqué la richesse de cet écosystème qui abrite selon lui « plus de 360 espèces de plantes, dont beaucoup sont endémiques ou extrêmement rares dans la région. » « Des genévriers centenaires, des espaces de reproduction du Francolin, et des habitats fauniques essentiels ont été touchés », a-t-il déploré, tout en réaffirmant l’engagement du gouvernement à renforcer les politiques de prévention et de gestion des risques environnementaux.

Quant au préfet de Tadjourah, Mohamed Houmed Abass, il a félicité les différentes forces de défense et de sécurité intervenues dans le cadre de ce sinistre. Si le feu a été partiellement maîtrisé à présent, grâce à une mobilisation rapide, la menace persiste toujours. Les braises encore actives, les canicules et les vents forts en cette période de l’année pourraient en effet provoquer de nouveaux foyers. Les autorités appellent donc à une vigilance maximale, et des équipes de surveillance ont été déployées pour anticiper toute reprise. Cet incendie accélère encore plus l’extinction de cet écosystème fragilisé par les changements climatiques et la pression humaine croissante, il est donc impératif de renforcer les mesures de protection des aires naturelles sensibles pour que les générations futures puissent en profiter.

Il est à noter que la forêt du Day faisait déjà face à un grave problème de désertification d’ordre climatique et humain. Elle est passée selon un rapport du ministère de l’environnement et du développement durable « d’une surface d’environ 7.500 ha, voici un peu plus de 200 ans, à 1.500 ha en 1984», et moins de 900 ha avant cet incendie.

La forêt de Day renaîtra-t-elle donc de ses cendres? Tout dépendra de la capacité collective à tirer les leçons de cette tragédie pour mieux anticiper et protéger davantage les quelques centaines d’hectares restants de ce patrimoine en vue de le transmettre aux générations futures.

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