Sécheresse dans la région : L’IGAD mobilise la Communauté internationale

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Sécheresse dans la région : L’IGAD mobilise la Communauté internationale
Sécheresse dans la région : L’IGAD mobilise la Communauté internationale

Africa-Press – Djibouti. Une réunion ministérielle de haut niveau sur la sécheresse en cours dans la région de l’IGAD s’est tenue à Nairobi à l’invitation du Secrétaire exécutif de l’IGAD, le Dr Workneh Gebeyehu. Le Secrétaire exécutif de l’ONARS, M. Houssein Hassan Darar a représenté la République de Djibouti à cette rencontre.

Les ministres responsables de la gestion des risques de catastrophe à Djibouti, au Kenya, en Somalie, au Soudan du Sud et en Ouganda se sont retrouvés à Nairobi les 11 et 12 mai dernier pour faire le point sur la situation, évaluer les besoins humanitaires immédiats, les programmes de résilience à long terme et les lacunes de financement à travers la région. Des donateurs et des acteurs internationaux du développement ont pris part à cette réunion d’urgence.

Dans son allocution d’ouverture, le Secrétaire exécutif de l’IGAD, Dr Gebeyehu a déclaré : « Au cours des 3 semaines qui se sont écoulées depuis que nous avons émis le dernier avertissement, le nombre de nos frères et sœurs ayant besoin d’aide humanitaire a fortement augmenté. Les estimations les plus récentes des experts de nos États membres montrent que dans la région de l’IGAD, environ 40,4 millions de personnes sont confrontées à des niveaux élevés d’insécurité alimentaire. C’est une augmentation de 30% par rapport aux 29 millions qui avaient été enregistrés début avril. »

S’adressant aux gouvernements régionaux et aux partenaires internationaux, le Dr Gebeyehu a réitéré “l’appel à une augmentation immédiate de la réponse d’urgence, avec un appel spécifique pour un total de 6,3 milliards de dollars américains, pour faire face à la situation de sécheresse dans la région”. Tous les participants ont convenu que les six prochains mois sont extrêmement critiques pour sauver des vies et des moyens de subsistance.

Le Dr Guleid Artan, directeur du Centre sur le climat et les applications (ICPAC) de l’IGAD, a expliqué que “pour les communautés pastorales, le rétablissement après la sécheresse est toujours l’aspect le plus difficile de l’ensemble du scénario. Il faut en moyenne 5 ans pour reconstituer le cheptel après un épisode de sécheresse. Alors, imaginez la situation dans laquelle ces personnes se retrouvent après quatre saisons ratées consécutives ? Personne dans le monde ne peut s’y préparer».

Dans leur communiqué, les États membres de l’IGAD ont reconnu la gravité de la situation et ont appelé à regarder au-delà de l’assistance immédiate et à repenser l’approche de la région en matière de résilience. La stratégie adoptée aujourd’hui souligne la nécessité « de faire face de manière globale aux catastrophes et aux risques climatiques par le biais d’actions efficaces de réduction des risques de catastrophe pour le développement durable, notamment ». Cela a été repris par les partenaires présents – UE, FICR, FAO, PAM, USAID, PNUD, UNOCHA, World Vision.

L’IGAD estime que 8,1 millions de personnes sont en situation d’insécurité alimentaire en Éthiopie, 3,5 millions au Kenya, 7,7 millions en Somalie, 8,9 millions au Soudan du Sud, 10,6 millions au Soudan et 1,6 million en Ouganda.

A noter que l’ICPAC fournit des services de suivi des évolutions climatiques aux États membres de l’IGAD (Djibouti, Éthiopie, Érythrée, Kenya, Somalie, Soudan du Sud, Soudan et Ouganda), ainsi qu’au Burundi, au Rwanda et en Tanzanie. Chaque mois, les scientifiques de l’ICPAC collectent des données climatiques mondiales et les localisent dans la région. Ces informations sont analysées pour évaluer les implications des prévisions sur différents secteurs (agriculture et sécurité alimentaire, ressources en eau, gestion des risques de catastrophe, surveillance de l’environnement, changement climatique).

Le point avec…Dr Workeneh Gebeyehu,
Secrétaire Exécutif de l’IGAD

« C’est la troisième fois que nous agissons de concert en réponse au risque de sécheresse et de famine dans notre région, après avoir émis une alerte précoce efficace en 2021, qui a galvanisé l’action internationale et empêché l’escalade vers des conditions de famine. Nous sommes à nouveau appelés à l’action pour la 4ème fois en 10 ans alors que nous sommes confrontés à la perspective d’un manque de pluies pour une 4e saison consécutive, entraînant la sécheresse la plus prolongée que notre région ait connue en 40 ans. De manière alarmante, les niveaux aigus d’insécurité alimentaire résultant de la sécheresse sont associés à d’autres facteurs de stress tels que; les situations de conflits actifs tant dans notre région qu’en Europe, l’impact du COVID-19, les inondations et les déplacements, l’impact durable de l’invasion des criquets pèlerins et bien d’autres défis macro-économiques qui mettent la pression sur nos États et nos sociétés. Au cours des 3 semaines qui se sont écoulées depuis que nous avons émis le dernier avertissement, le nombre de nos frères et sœurs ayant besoin d’aide humanitaire a fortement augmenté.

Les estimations les plus récentes des experts de nos États membres montrent que dans la région de l’IGAD, environ 40,4 millions de personnes sont confrontées à des niveaux élevés d’insécurité alimentaire. C’est une augmentation de 30% par rapport aux 29 millions qui avaient été enregistrés début avril. En Éthiopie, on estime que 8,1 millions de personnes sont en situation d’insécurité alimentaire, ici au Kenya, c’est 3,5 millions ; La Somalie compte 7,7 millions de personnes vulnérables et le Soudan du Sud en abrite 8,9 millions ; la République du Soudan a signalé 10,6 millions de citoyens en situation d’insécurité alimentaire et enfin, l’Ouganda compte 1,6 million de personnes susceptibles de dormir le ventre vide ce soir. Il y a 3 semaines, j’ai souligné que nous devons agir MAINTENANT et agir RAPIDEMENT sur la base d’une approche “sans regrets”.

Je réitère l’appel que nous avons lancé pour une augmentation immédiate de la réponse d’urgence dans toute la région de l’IGAD, avec un appel spécifique pour un total de 6,3 milliards de dollars américains, pour faire face à la situation de sécheresse dans la région. Cela s’ajoute à la mise en place de mécanismes de prévision, de prévention et d’atténuation des catastrophes. De cette cagnotte, les besoins de Djibouti s’élèvent à 40 millions USD, l’Éthiopie 960 millions USD, le Kenya 180,7 millions USD, la Somalie 1,8 milliard USD, le Soudan du Sud 1,7 milliard USD, le Soudan 1,6 milliard USD et l’Ouganda 6,7 millions USD. Contrairement à 2011-2012 où 71% de l’appel de financement a été satisfait, la situation de financement s’est cette fois inversée avec un déficit substantiel de 75%. Sur les 6,3 milliards de dollars demandés, seuls 1,6 milliard ont été mobilisés, ce qui signifie que nous avons encore besoin de 4,7 milliards de dollars pour éviter cette catastrophe imminente. J’appelle donc les gouvernements respectifs, les partenaires humanitaires et les donateurs internationaux à orienter tous leurs efforts vers la mobilisation des ressources nécessaires pour empêcher une nouvelle aggravation de la crise humanitaire dans notre région.

La parole à…Houssein Hassan Darar,
Secrétaire exécutif de l’ONARS

« Au nom de la République de Djibouti et en particulier au nom du ministre de l’Intérieur de la République de Djibouti, M. Said Nouh Hassan, qui m’a dépêché pour participer à cette rencontre au sommet, je voudrais exprimer tout d’abord mon extrême reconnaissance et ma profonde gratitude à l’IGAD pour l’organisation de cette rencontre d’une importance capitale. Je voudrais également adresser une mention spéciale à notre pays hôte pour l’accueil chaleureux et l’hospitalité légendaire qui nous ont été réservées.

A l’instar des pays de l’IGAD, la République de Djibouti est en proie aux changements climatiques et à leurs corolaires en termes de sécheresses, de désertification qui a un impact significatif sur la sécurité alimentaire. Depuis toujours, les Etats de l’IGAD mènent une lutte sans merci contre les effets néfastes des changements climatiques, de la sécheresse et la soif. Ce fut même le premier objectif de la création de l’Autorité intergouvernementale pour le développement.

Il y a encore deux jours au Sommet mondiale de la COP 15 à Abidjan en Côte d’Ivoire, le Président de la République, Son Excellence Monsieur Ismail Omar Guelleh, tirait la sonnette d’alarme sur les sécheresses chroniques et l’état d’avancement du désert qui ont conduit à une raréfaction de l’eau à cause de l’assèchement des nappes souterraines. Ce qui provoque des pénuries d’eau très importantes qui s’aggravent et qui font peser une menace réelle de la soif et partant un danger pour la santé des populations au vu de la qualité d’eau disponible.

Depuis la fin de l’année 2020, la région de l’IGAD a été privée de pluie ce qui a décimé les cheptels des populations nomades. Nous assistons depuis à un exode massif des communautés nomades qui fuit vers les villes à la recherche de nourriture faute d’eau et de pâturage.

Les déplacements de populations induits par le climat sont donc une réalité dans la Corne de l’Afrique.

Il nous faut une meilleure implication et la participation massive de tous les intervenants pour le développement des technologies vertes intégrées et un partage de connaissances pour promouvoir les bonnes pratiques des gestions durables des terres. Nous devons améliorer les collaborations et les partenariats régionaux et mondiaux pour un investissement dans la restauration et la gestion durable des terres à toutes les tribunes d’échanges que nous aurons. Nous devons penser à transformer nos actions individuelles en stratégies concertées pour mieux partager nos responsabilités universelles car nous sommes liées par un sort commun. »

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