CE Qu’Il Faut Savoir
La Tanzanie traverse une crise politique et des droits humains sans précédent après les élections présidentielles de 2025, marquées par des allégations de fraudes et de répression. Des enquêtes révèlent des corps entassés dans des morgues et des fosses communes, tandis que les manifestations sont violemment réprimées par les forces de sécurité.
Africa. La Tanzanie traverse une crise politique et des droits humains sans précédent après les élections présidentielles qui se sont tenues le 29 octobre 2025, ayant abouti à la victoire de la présidente Samia Suluhu Hassan avec 98 % des voix, un résultat qui a suscité un large débat tant au niveau national qu’international.
Des rapports de médias internationaux, dont des enquêtes d’Africa Report et de CNN, ont révélé des scènes choquantes dans la capitale, Dar es Salaam, où les morgues sont surpeuplées et des preuves de fosses communes cachées ont été découvertes dans le cimetière de Kondo, au nord de la ville.
Depuis l’annonce des résultats électoraux, d’importantes manifestations ont eu lieu à Dar es Salaam et dans d’autres villes, réprimées avec une violence extrême par les forces de sécurité. Des témoins oculaires ont rapporté des tirs à balles réelles sur les manifestants, des arrestations massives et des perquisitions de maison en maison.
Alors que les autorités n’ont reconnu que des dizaines de morts, des preuves sur le terrain indiquent que le nombre est bien plus élevé, des images satellites et des vidéos documentant des sites d’inhumation récents correspondant à des témoignages sur des fosses communes.
Les enquêtes de CNN ont montré que des véhicules de police ont transporté des corps en grand nombre vers des morgues qui se sont rapidement remplies avant d’être transférés vers des sites d’inhumation secrets. Un rapport d’un groupe de développement d’Afrique australe a également signalé de graves violations des droits de l’homme pendant la période électorale, augmentant ainsi la pression sur le gouvernement tanzanien.
Pour sa part, l’opposition a accusé la présidente Samia Hassan d’utiliser les forces de sécurité pour faire taire les voix dissidentes et a dénoncé le processus électoral, tandis que des organisations de défense des droits humains ont appelé à une enquête internationale indépendante, considérant que ce qui se passe constitue des crimes contre l’humanité.
Au niveau international, l’Union européenne et les États-Unis ont exprimé leurs inquiétudes, tandis que les appels au sein des Nations Unies se sont multipliés pour renvoyer le dossier à la Cour pénale internationale.
La crise actuelle révèle la fragilité de la situation politique en Tanzanie, qui était considérée comme l’un des pays les plus stables d’Afrique de l’Est. Les allégations de fosses communes et le surpeuplement des morgues illustrent une crise de légitimité profonde et suscitent des craintes que la poursuite de la répression ne mène à une explosion sociale ou à une intervention militaire.
De plus, l’économie, déjà affectée par une baisse des investissements, aggrave la situation.
Les scénarios possibles varient entre la poursuite de la répression, avec les conséquences d’une isolation internationale, ou l’ouverture d’une enquête internationale qui mettrait une pression considérable sur le gouvernement, ou encore un règlement politique par le biais d’un dialogue national pour éviter une dérive vers le chaos, bien que cette option semble lointaine pour le moment.
Les analystes estiment que ce qui se passe en Tanzanie n’est pas seulement une crise électorale, mais un test existentiel pour la démocratie et les droits de l’homme dans le pays.
La militante tanzanienne Maria Sarungi Tsehaye déclare que “l’administration de la présidente Samia est actuellement en train de gérer les dégâts, car elle ne connaît que la répression comme outil de gouvernance, et elle procède à l’enlèvement et à la détention de centaines de personnes”.
Elle ajoute, dans un entretien avec Africa Report, que “ce qui a changé sur le terrain, c’est que la peur quotidienne se transforme peu à peu en colère, et cette colère s’intensifie pour devenir du ressentiment”, avertissant d’une confrontation “inévitable” le 9 décembre prochain, alors que les opposants prévoient d’organiser une manifestation nationale contre le gouvernement tanzanien.
La Tanzanie, historiquement considérée comme un bastion de stabilité en Afrique de l’Est, a connu une montée des tensions politiques ces dernières années. Les élections de 2025 ont exacerbé les divisions, avec des accusations de fraude électorale et des violations des droits humains. Les manifestations qui ont suivi ont été sévèrement réprimées, révélant une crise de légitimité pour le gouvernement actuel.
Les rapports d’organisations internationales et de médias ont mis en lumière des abus graves, y compris des exécutions extrajudiciaires et des disparitions forcées.





