Anouar CHENNOUFI
Africa-Press – Gabon. Pour la Chine, un pays classé « première population mondiale » et comptant (en 2022) prés de « 1,449 milliard d’habitants » répartis sur une superficie de « 9,597 millions km² », la recherche de nouveaux horizons et de nouvelles perspectives pour garantir la sécurité économique et financière au pays et la sécurité alimentaire au peuple, devient une nécessité absolue, notamment devant les nouveaux défis.
C’est d’ailleurs pour cette raison que la Chine populaire avait lancé officiellement l’initiative de « La Ceinture et de la Route», une initiative intercontinentale basée sur les traces de l’ancienne « Route de la Soie ».
Dans ce contexte, des centaines de milliards de dollars ont été dépensés dans des projets portuaires, ferroviaires et énergétiques en Asie, en Afrique et en Europe.
Pour beaucoup d’experts, de critiques et d’observateurs, l’initiative « Ceinture de la Route » serait un « piège diplomatique de la dette », car la Chine finance les infrastructures des économies en développement selon des conditions de prêt « non transparentes », probablement dans l’objectif d’augmenter l’endettement du pays bénéficiaire afin de le rendre vulnérable à la Chine sur les plans politique, économique et militaire.
Ce schéma nous rappelle, à titre d’exemple, et selon ces observateurs, le scénario de l’effacement des dettes en échange de la perte de capitaux propres d’un pays bénéficiaire, comme ce qui s’était produit en 2017, lorsque la Chine avait annulé la dette de 8 milliards de dollars du Sri Lanka, et ce, en échange du bail de 99 ans du port de Hambantota (au Sri Lanka).
Pour la Chine, l’Afrique est un réservoir de matières premières énergétiques et minières digne d’intérêt, tandis que les pays africains considèrent que « l’Empire du Milieu » (Zhongguo), c’est-à-dire la Chine, est un partenaire commercial idéal, qui n’impose pas de conditions politiques particulières à ses fournisseurs et qui leur assure même un soutien diplomatique.
Dans l’objectif des autorités chinoises, on retrouve les trois facteurs suivants :
*Le pétrole
*Des raisons commerciales
*La diplomatie
Il importe donc de savoir que la Chine et l’Afrique sont tenues de donner un nouvel exemple dans la construction de la communauté d’avenir partagé pour l’humanité. Plus la situation internationale s’avère complexe et instable, plus la Chine et l’Afrique ont besoin de tenir le cap de l’unité et de la coopération, maintenant ainsi l’élan des échanges mutuels de haut niveau, et approfondissant le partage d’une communauté sino-africaine dans la construction et la stabilisation de l’économie ainsi que l’assurance du bien-être de la population.
Bien avant, il est judicieux de revenir sur la période des grandes réformes entreprises par la Chine, surtout après l’arrivé au pouvoir, en 2013, du nouvel homme fort du parti communiste Chinois, Xi Jinping.
D’abord, sachons qu’entre 1972 et 1993, la République populaire de Chine avait affirmé de plus en plus sa volonté d’avoir un plus grand impact sur la scène internationale.
C’est dans cet objectif qu’une série de réformes de ses politiques internes et externes fût menée et cela a conduit à la période des « vingt glorieuses années », de 1994 à 2014.
Il s’agit d’une période qui s’est caractérisée par l’augmentation des échanges économiques ainsi que par une plus grande présence sur le continent Africain, et après 2014, les relations sino-africaines avaient pris un autre cap avec l’application d’une stratégie Chinoise beaucoup plus dynamique :
• Au niveau économique, il y eut la naissance du projet pharaonique de l’initiative « Ceinture de la Route » en automne 2013,
• Au niveau sécuritaire, Pékin dut accroitre sa participation dans les opérations de maintien de paix et établir sa toute première base militaire au Djibouti en 2017,
• Au niveau idéologico-culturel également, « la douce puissance chinoise » et l’utilisation de la « forte puissance » lui permirent de partager ses valeurs sur le continent Africain.
La Ceinture de la Route
La stratégie de Pékin est également globale car la Chine vise à établir un nouvel ordre international et l’Afrique en fait partie. Tout cela, sous les principes de non-ingérence, de bénéfices mutuels et de coopération sud-sud.
De cette façon, la Chine a commencé à peser fortement sur l’environnement international dans lequel s’insère l’Afrique. Elle a eu ainsi indirectement un impact important sur l’Afrique. Sa demande croissante est devenue un facteur de pression sur les prix mondiaux des produits primaires minéraux, énergétiques et agricoles, la faisant devenir le premier partenaire économique du continent africain, mais aussi un bailleur crédible et très important, certainement le premier même.
Se positionnant entre-autres en tant que partenaire commercial, la dimension politique de sa relation avec l’Afrique a donc pris un autre aspect très important, et les milliards de dollars déversés par la Chine sur le continent noir ont permis de soutenir énergétiquement la croissance.
« La Chine a permis de générer une croissance endogène des pays africains. Grâce à elle, l’Afrique s’est sortie de sa trop forte dépendance à ses matières premières », ont fait remarquer les observateurs, d’où la présence d’innombrables entreprises chinoises qui sont actuellement prédominantes sur le marché de la construction d’infrastructures, enjeu clé de développement du continent africain.
Un autre point s’est imposé par lui-même, le transport y est en effet trois fois plus long qu’en Asie et, pour la route, trois à quatre fois plus cher qu’aux États-Unis.
Malgré la non proximité territoriale…la Chine ne lâchera pas l’Afrique
Avenir Sino-africain
La 8e Conférence ministérielle du Forum sur la coopération sino-africaine (FCSA), qui s’est déroulée dans la Capitale sénégalaise, Dakar, les 29 et 30 novembre 2021, avaient pour thème principal : « Approfondir le partenariat sino-africain et promouvoir le développement durable pour bâtir une communauté d’avenir partagé Chine-Afrique dans la nouvelle ère».
Dans la lutte pour « plus d’influence » sur le Continent africain, nous constatons que la Chine a dépassé les Etats-Unis en tant que puissance étrangère ayant la plus grande influence positive en Afrique, en se référant à un sondage réalisé par l’Ichikowitz Family Foundation (IFF) auprès de 4507 jeunes africains âgés de 18 à 24 ans.
Il s’agit d’une enquête dont les résultats ont été publiés le lundi 13 juin 2022, et qui ont révélé que 76 % des jeunes sondés dans 15 pays du continent, dont le Congo, l’Afrique du Sud, l’Ethiopie, le Gabon, le Nigeria, le Kenya, le Sénégal, et la Zambie ont cité la Chine au premier rang des puissances étrangères ayant une influence positive sur le continent, contre 72 % pour les USA.
Pour avoir plus d’informations sur le partenariat Chine – Afrique, nous invitons nos fidèles lecteurs à lire nos précédents articles ci-dessous, relatifs aux relations sino-africaines.
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Anouar CHENNOUFI
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