Alarme de François Banga Ebomi sur la gouvernance ARTF

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Alarme de François Banga Ebomi sur la gouvernance ARTF
Alarme de François Banga Ebomi sur la gouvernance ARTF

Africa-Press – Gabon. Salaires impayés, audit bloqué, avenant controversé: le régulateur ferroviaire au bord de l’effondrement. Telle serait la conclusion du diagnostic initié sur l’Autorité de régulation des transports ferroviaires depuis le 23 décembre 2024 à ce jour, par son président du Conseil de régulation. « L’ARTF se trouve présentement dans une situation chaotique, due essentiellement à un management approximatif, dénué de toute vision stratégique et managériale», affirme François Banga Ebomi.

Le 28 octobre 2025, à l’ouverture du Conseil de régulation de l’Autorité de Régulation des Transports Ferroviaires (ARTF), le président du Conseil, François Banga Ebomi, a livré un constat sévère sur l’état de l’institution. Dix mois après sa prise de fonction, il dénonce un climat délétère marqué par des salaires impayés, une gouvernance opaque, un audit stratégique bloqué depuis des années et des décisions unilatérales fragilisant l’avenir du secteur ferroviaire gabonais. Entre crise de confiance, tensions internes et perte de crédibilité, le régulateur public apparaît plus que jamais menacé dans sa mission essentielle de contrôle et de protection du patrimoine ferroviaire national.

« Nous exerçons nos fonctions en véritables figurants »

Dans une communication solennelle adressée aux membres du Conseil, François Banga Ebomi a dressé un tableau inquiétant de la situation interne. « C’est en véritables figurants que nous exerçons nos fonctions à l’ARTF. De ce fait, vous conviendrez avec moi que nous ne pouvons être comptables de ces errements », a-t-il lancé. Selon lui, le Conseil est tenu à l’écart des décisions stratégiques depuis le 23 décembre 2024. Aucun rapport d’activités, aucune information sur les réunions avec les opérateurs ferroviaires ne leur parvient. Les incidents sur le Transgabonais seraient même dissimulés. « Nous apprenons par la presse, parfois trois jours après, la survenance d’un déraillement », a déploré le président.

Cette situation, qualifiée de « pilotage à vue », s’accompagne, selon lui, d’une « opacité totale dans la gestion des ressources humaines et financières ». Une dérive institutionnelle qui affaiblit le rôle de l’ARTF, censée être le « gendarme de l’État » sur le réseau ferroviaire national.

Des salaires impayés et une gestion sociale chaotique

La crise sociale au sein de l’institution est tout aussi préoccupante. Depuis quatre mois, les agents n’ont plus perçu leurs salaires de manière régulière. « Au 28 octobre, je n’ai toujours pas reçu mes salaires de septembre et d’octobre », a révélé François Banga Ebomi. Dans le même temps, il dénonce des recrutements massifs de personnels sans profil adapté aux métiers du ferroviaire, contribuant à alourdir la masse salariale.

Le système de rémunération est, selon lui, entaché d’injustice: « Certains agents absents depuis des mois continuent d’être payés, pendant que d’autres, assidus, attendent en vain leur salaire. C’est une injustice sociale flagrante et intolérable pour le président que je suis », a-t-il martelé. L’institution fonctionnerait par ailleurs avec un manque criant de moyens matériels et logistiques, sans véhicules de service pour la gouvernance, ni matériel de contrôle ferroviaire disponible.

Un audit du Transgabonais bloqué depuis seize ans

Autre sujet d’inquiétude majeur: le blocage de l’audit technique, opérationnel et économique du Transgabonais, pourtant prévu tous les cinq ans par la convention de concession. « Depuis 2009, aucun des trois audits réglementaires n’a été réalisé, alors même que plus de 103 milliards de FCFA d’investissements publics ont été mobilisés depuis 2015 », a dénoncé François Banga Ebomi.

Selon lui, les préparatifs de l’audit étaient pourtant aboutis: la Direction générale des marchés publics avait émis son avis de non-objection, et un budget de 500 millions de FCFA avait été sécurisé auprès de BGFIbank. Le lancement prévu en février 2024 a été bloqué « pour des raisons obscures » par la précédente équipe dirigeante, depuis entendue à la Direction générale des recherches (DGR) pour malversations financières.

Un appel à la transparence et à la refondation de la gouvernance

Face à cette accumulation de dysfonctionnements, le Conseil de régulation a décidé de lancer un audit organisationnel, comptable et financier de l’ARTF. Ce diagnostic sera confié à un cabinet indépendant, avec l’appui des services d’enquête de l’État dotés du statut d’Officier de Police Judiciaire. « Il est urgent de restaurer la confiance, de rétablir la transparence et de replacer la régulation ferroviaire au cœur de la gouvernance publique », a insisté François Banga Ebomi.

Pour le président, la survie de l’ARTF dépendra de la capacité collective à assainir la gestion interne et à garantir une régulation crédible et indépendante du Transgabonais, « patrimoine commun et bras séculier de l’économie nationale ».

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