Africa-Press – Guinée. Le vendredi dernier, trois partis politiques, à savoir l’UFDG de Cellou Dalein Diallo, le RPG Arc-en-ciel de l’ancien président Alpha Condé, et le Parti du renouveau et du progrès (PRP) de Rafiou Sow, ont été suspendus de toute activité pour une durée de trois mois par le ministre de l’administration du territoire et de la décentralisation (MATD).
Ce lundi 25 août 2025, la rédaction de VisionGuinée a rencontré Rafiou Sow, le président du Parti du renouveau et du progrès (PRP), qui se dit stupéfait par la décision du ministre Ibrahima Kalil Condé, d’autant plus qu’il déclare avoir reçu un satisfecit du MATD.
“J’ai reçu un appel d’un des cadres du MATD qui me signifiait qu’il y avait un courrier pour moi. Je l’ai invité à envoyer le courrier à mon siège, puisque j’étais un peu en dehors de Conakry. Il est donc allé au siège, a déposé le courrier et l’a remis à un cadre du parti qui l’a déchargé. Ce dernier a lu le courrier, pris des images et me les a envoyées. Quand j’ai pris connaissance du contenu, j’étais très stupéfait, étonné, d’autant qu’il y a quelques mois à peine, je recevais un satisfecit de la main du ministre en personne et de Mme Camara Djenabou Touré, qui disaient qu’après évaluation, le PRP était autorisé à exercer ses activités politiques normalement”, a-t-il déclaré.
Poursuivant son intervention, M. Sow juge cette décision injuste. “Je pense que c’est très injuste, parce que l’objectif, la mission première du département ou du ministre vis-à-vis de nous, les partis politiques, c’est de nous aider, de nous encadrer en fonction de la loi, pas de nous réprimander. Donc, on aurait dû m’appeler d’abord. J’estime qu’avant toute suspension, on devait me notifier les manquements, et si je ne m’y conforme pas, on aurait pu envisager une suspension. Cela n’a pas été fait. Les raisons de cette suspension? Elles sont mentionnées dans ce courrier que j’ai reçu”, a-t-il martelé.
“On me reproche de ne pas avoir fourni la certification de ma comptabilité, ainsi que la photocopie du registre des cartes de membres. J’étais étonné, car nous avons bel et bien un registre des cartes de membres, c’est certain. Quant à la certification, je ne l’avais pas encore déposée, c’est vrai. J’avais contacté un cabinet qui m’a fait faux bond. J’attendais qu’on me notifie les manquements pour les corriger immédiatement, car je savais que ce document manquait, il faut être honnête. Mais pour le reste, tout était complet. Je voulais qu’on me notifie les manquements pour pouvoir déposer un dossier complet, puisque c’est ce qu’on m’avait dit. Finalement, aucune notification ne m’a été adressée, et une décision a été prise”.
“En plus, à quelques jours de l’ouverture de la campagne référendaire, nous suspendre pendant trois mois, c’est nous empêcher de communiquer, de parler, de prendre part à cette campagne, de participer au débat politique concernant la transition. Je pense qu’aujourd’hui, faire taire tout le monde semble être l’objectif principal du MATD. Et je vous le dis, je n’ai pas encore suffisamment communiqué parce que je compte bien rencontrer le ministre”, a déploré Rafiou Sow.
Il dit s’être rendu au MATD dans l’optique de rencontrer le général Ibrahima Kalil Condé. “Aujourd’hui, je suis allé au département. Le ministre était en conseil de cabinet. Je me suis rendu dans le bureau de son chef de cabinet, mais il n’y était pas. J’ai laissé ma carte de visite. Je souhaite le rencontrer, échanger avec lui et lui présenter les dossiers qu’il prétend ne pas avoir reçus. Je les ai, mais j’attendais simplement qu’on me notifie les manquements. Malheureusement, cela ne s’est pas produit, c’est une suspension directe. Je pense qu’au lieu de réprimer, on aurait dû nous appeler, nous dire: ‘Écoutez, voilà ce qui manque’, comme cela a été fait au début. Travailler avec nous pour nous aider, c’est ça leur rôle. Leur mission, c’est de nous encadrer, pas de dissoudre nos partis”.
Pour cet homme politique et membre de l’ANAD dirigée par Cellou Dalein Diallo, dont le parti a également été dissous, l’objectif des autorités est de “faire taire toutes les voix discordantes”.
“J’ai l’impression que leur objectif premier, c’est de faire taire toute voix critique. Tout parti qui s’oppose à leur projet de confiscation du pouvoir est soit dissous, soit suspendu. On est dans cette logique. Malheureusement, le CNRD n’est pas une structure élue à la tête du pays. Il devrait rassembler, unir, promouvoir le débat, le débat d’idées. Depuis l’avènement du CNRD, nous appelons à un cadre de dialogue, à la mise en place d’un cadre de concertation acceptable, réunissant toutes les forces vives pour échanger. C’est ce que le général Mamadi Doumbouya nous avait promis le 5 septembre 2021, lors de la prise du pouvoir”, a-t-il rappelé.
Il entend retourner au MATD pour tenter de rencontrer le ministre. “On m’a dit que c’est quelqu’un de très réceptif, donc j’espère qu’il me recevra, qu’on échangera, que nous nous comprendrons et que je serai rétabli dans mes droits”, a-t-il conclu.
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