
Africa-Press – Madagascar. Dans une étude scientifique publiée par la revue Gut, les chercheurs du Département de pédiatrie de l’université de Göteborg, en Suède, ont analysé les données de deux cohortes: l’une de jeunes suédois et l’autre de jeunes norvégiens suivis pendant au moins dix ans.
Poissons et légumes
Leurs parents avaient été interrogés sur le régime alimentaire de leurs enfants lorsque ceux-ci étaient âgés de 12 à 18 mois et de 30 à 36 mois. En 2020 et 2021, les chercheuses et chercheurs ont analysé les données des enfants ayant développé une maladie inflammatoire. Sur les 81.282 enfants suivis, 307 ont été diagnostiqués avec l’une des pathologies désignées sous l’appellation MICI.
Les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI)
En France, les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin, telles que la maladie de Crohn (MC) et la rectocolite hémorragique (RCH), touchent environ 270.000 personnes.
Ces affections se caractérisent par des périodes de poussées inflammatoires qui s’accompagnent de symptômes tels que des diarrhées, des douleurs intestinales et des atteintes de la région anale. À ce jour, il n’existe pas de solution médicale définitive pour les traiter.
Par ailleurs, ces maladies connaissent une augmentation constante de leur incidence dans les pays industrialisés. Selon les travaux du registre Epimad (observatoire des MICI), entre 1998 et 2008, une augmentation de plus de 70 % de ces affections a été observée parmi les jeunes âgés de 10 à 19 ans.
Plusieurs facteurs de risque de MICI sont suspectés, parmi lesquels figurent des facteurs génétiques, comportementaux et environnementaux.
Selon les résultats de l’étude, la consommation régulière de poisson à un jeune âge (dans la première année de naissance) est associée à un risque global plus faible de développer des maladies inflammatoires de l’intestin, en particulier la rectocolite hémorragique, dont le risque est réduit de 54 %. De même, une consommation plus élevée de légumes à l’âge de 1 an réduit le risque de MICI. En revanche, la consommation de boissons sucrées l’augmente de 42 %.
Ces résultats restent inchangés après avoir pris en compte les revenus des parents, la consommation de lait maternisé ou encore la prise d’antibiotiques.
En revanche, la qualité du régime alimentaire à l’âge de 3 ans n’est pas associée à une augmentation de l’incidence des MICI, “ce qui suggère que l’impact de l’alimentation sur le développement de la maladie est peut-être plus important à un jeune âge”, précise l’éditorial du BMJ.
Une “étude élégante”
L’étude présentée par l’équipe de l’université de Göteborg s’appuie uniquement sur l’observation et ne peut donc pas établir de causalité directe unique entre MICI et régime alimentaire à l’âge de 1 an. Cependant, elle vient conforter d’autres travaux sur l’intérêt d’un régime alimentaire sain (riche en aliments frais et pauvre en aliments ultratransformés) dans la prévention de ces affections.
Ainsi, en 2022, une autre publication dans Gut a montré qu’un mode de vie sain chez les adultes pouvait prévenir près de 50 % des cas de maladie de Crohn et de rectocolite hémorragique.
“Les points forts de ce travail sont la taille importante de l’échantillon et le suivi rigoureux des enfants”, commente dans l’éditorial du BMJ le Dr Ashwin Ananthakrishnan, spécialiste en gastro-entérologie à l’hôpital général du Massachusetts (Boston, États-Unis).
Cependant, le spécialiste met en évidence certaines limites de l’étude, notamment en ce qui concerne la qualité de la description du régime alimentaire, qui manque de détails. Par exemple, les scientifiques n’ont pas relevé si les enfants consommaient des additifs, en particulier les émulsifiants de plus en plus présents dans leur alimentation. Le Dr Ananthakrishnan s’interroge aussi sur la capacité à mesurer avec précision la quantité réelle de nourriture ingérée par un nourrisson.
Cependant, la qualité globale de l’étude suédoise, qu’il qualifie d’”étude élégante”, amène le chercheur américain à réfléchir à la pertinence d’instaurer des mesures diététiques chez les nourrissons.
Selon lui, si de telles mesures devaient être mises en place, il serait essentiel de déterminer sur quelle durée ces régimes resteraient efficaces et viables. Plus généralement, il est possible qu’un régime alimentaire plus sain soit plus efficace lors des “périodes de vulnérabilité”, lorsque les changements de mode de vie ont un impact plus significatif.
Ces périodes pourraient inclure la période in utero ainsi que la première année de la vie d’un bébé en raison de la fragilité du microbiome et de l’importance de la maturation immunitaire à ces moments-là, selon l’auteur de l’éditorial.
En France, dans le cadre du PNNS (Programme national nutrition santé), des recommandations ont été formulées dans ce sens pour les premiers âges de la vie. Cependant, entre ces recommandations et leur mise en pratique, il existe un écart significatif, comme l’a souligné Serge Hercberg lors d’un entretien accordé à Sciences et Avenir.
Parmi les obstacles à une mise en œuvre efficace, on peut citer l’environnement obésogène dans lequel nos enfants grandissent, ainsi que le coût élevé des aliments à haute valeur nutritionnelle tels que les légumes et les fruits, ce qui limite leur accessibilité pour de nombreuses personnes.
En outre, dans une enquête publiée en octobre 2023, l’association CLCV (Consommation, logement et cadre de vie) a relevé la mauvaise qualité nutritionnelle de nombreux aliments pour bébés vendus en France. Selon cette association, il est urgent de réviser la réglementation européenne pour ces produits.
Par conséquent, même si les travaux scientifiques confirment la nécessité d’accorder une attention particulière à l’alimentation pendant la première année de la vie, la mise en œuvre de ces principes sera difficile sans l’activation d’autres leviers.
Deux documents à télécharger pour des conseils nutritionnels complets destinés aux tout-petits
Élaborés par Santé publique France, ce livret complet (36 pages) et ces deux tableaux récapitulatifs constituent des ressources précieuses pour guider les parents et les professionnels de la petite enfance dans l’alimentation des enfants de moins de 3 ans.
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