RèGles et Lune: Influence du Cycle Lunaire

2
RèGles et Lune: Influence du Cycle Lunaire
RèGles et Lune: Influence du Cycle Lunaire

Africa-Press – Mali. L’expression « être mal lunée » aurait-elle un fond de vérité biologique? Le cycle menstruel humain et celui de la Lune se synchroniseraient temporairement juste avant la pleine Lune ou la nouvelle Lune, conclut une étude de plusieurs registres de dates de menstruations récents et du siècle dernier. « Nous ne pouvons toujours pas prouver qu’il existe un lien de causalité entre les cycles lunaire et menstruel », rappelle auprès de Sciences et Avenir Charlotte Helfrich-Förster, première autrice de ces travaux. « Néanmoins, notre découverte est difficile à attribuer à une simple coïncidence. » Cette corrélation entre cycles utérin et lunaire semble cependant s’amoindrir depuis 2010, observation que les chercheurs attribuent à l’augmentation de la pollution lumineuse et de l’exposition aux écrans.

28 et 29,5 jours, ce sont les durées moyennes d’un cycle menstruel humain et du cycle lunaire. Cette similarité généralement attribuée au hasard pourrait cacher d’autres réalités biologiques, si l’on en croit ces nouveaux travaux réalisés sur des registres de dates de menstruations tenus par 198 femmes d’Europe, Israël et Amérique du Nord. Parmi eux, 60 datent des années 1950 à 2000, et les autres de 2000 à 2024. Le plus long registre était tenu par une femme datant chacune des 497 menstruations vécues de ses 13 ans à sa ménopause à 50 ans (en illustration ci-dessous). Des données précieuses, et rares. « Il est difficile d’obtenir des données à long terme, couvrant idéalement dix ans, auprès de femmes qui n’ont pas utilisé de contraceptifs », remarque Charlotte Helfrich-Förster.

Une corrélation significative entre début des règles et la nouvelle ou la pleine Lune

Ces données sont comparées avec les dates des cycles lunaires des années correspondantes. Trois cycles lunaires sont examinés. Le synodique de 29,5 jours est le plus connu, c’est celui des phases de la Lune. Le cycle anomalistique dure 27,55 jours et décrit les rapprochement et éloignement maximaux (respectivement périgée et apogée) de la Lune avec la Terre. Enfin, le cycle tropical, de 27,32 jours, varie entre les positions les plus au nord et au sud par rapport au plan de l’équateur terrestre. C’est le cycle synodique qui a donné les meilleurs résultats de corrélation avec les menstruations, avec des débuts de règles synchronisés sur au moins quatre mois consécutifs et parfois pendant plusieurs années. « Avant 2010, les cycles menstruels (le début des règles, ndlr) étaient parfaitement synchronisés avec la pleine Lune ou la nouvelle Lune », selon l’individu, révèle Charlotte Helfrich-Förster. Avec l’équipe, elle décrit un potentiel cycle « circalunaire », de la même manière que le cycle circadien se cale sur la lumière du jour.

« Je propose l’existence d’une horloge circalunaire, car le cycle menstruel « fonctionne librement » entre les épisodes de synchronisation avec une durée typique pour chaque femme et qui dure environ un mois », détaille la chercheuse. En outre, les deux cycles ont une durée similaire, critère bien connu des experts en chronobiologie comme étant nécessaire à un effet environnemental sur le cycle biologique.

Des résultats qui font échos à ceux d’une étude française de 2024, également publiée dans la revue Science Advances. Les chercheurs y avaient également observé une synchronisation du début des règles partagée entre la nouvelle Lune et la pleine Lune, en fonction de l’origine géographique des presque 3.000 femmes incluses. Les Nord-américaines avaient plutôt leurs règles à la pleine Lune, et les Européennes à la nouvelle lune. « Malgré cette différence étonnante que nous ne parvenons pas à expliquer, pour le moment, les liens identifiés dans ces travaux entre les cycles lunaires et menstruels, de par leur proximité avec certains phénomènes que nous observons en chronobiologie, suggèrent que la périodicité des menstruations et de l’ovulation pourraient être influencées, de manière modeste mais significative, par le cycle lunaire », précisait le chercheur à l’Inserm Claude Gronfier, qui avait dirigé ces travaux.

La nouvelle étude confirme ces résultats en utilisant Google Trends, qui permet de quantifier la popularité des mots-clés recherchés sur Google au fil du temps. « Nous avons analysé l’évolution dans le temps des termes de recherche liés au cycle menstruel lors des périodes de forte attraction gravitationnelle au sein du système Soleil-Lune-Terre », explique à Sciences et Avenir la co-autrice de l’étude Sara Montagnese. Dans les deux hémisphères, les recherches Google contenant les mots « douleur règles » observaient des pics corroborant la corrélation avec le cycle lunaire. Mais cette synchronisation n’est cependant que temporaire et se perd au bout de quelques mois ou années avant de réapparaitre, « sans doute parce que la Lune est un zeitgeber (régulateur de l’horloge interne, ndlr) faible », suppose la Charlotte Helfrich-Förster.

Une autre observation surprend. « Après 2010, cette synchronisation a disparu » et les cycles menstruels plus récents ne semblent plus se synchroniser que marginalement avec le cycle lunaire au regard des registres plus anciens.

Les écrans nous auraient-ils fait perdre contact avec la Lune?

Pourquoi cette perte de la synchronisation? Impossible de conclure formellement. Pour les auteurs, ce serait une affaire de lumière. Le cycle synodique, celui le mieux corrélé avec le déclenchement des règles, varie surtout en luminosité au fil de l’évolution des phases de la Lune, et moins en force gravitationnelle – contrairement aux cycles anomalistique et tropical. « Nous avons conclu que la lumière artificielle nocturne empêchait la synchronisation avec la Lune », explique Charlotte Helfrich-Förster.

L’usage intensif des écrans LED de nos téléphones portables en particulier perturberaient l’effet de la luminosité lunaire. « Cette conclusion explique pourquoi la synchronisation avec la Lune n’a pas été observée dans d’autres études récentes qui ont analysé les données sur les cycles menstruels recueillies via des applications pour téléphones portables. » Pour les chercheurs, l’exposition nocturne à la lumière artificielle « altèrerait non seulement la perception du clair de Lune, mais raccourcirait également la durée du cycle menstruel », rendant la synchronisation avec les phases de Lune « plus improbable ».

Un rôle de la Lune encore incertain

La synchronisation temporaire mais significative des règles de 200 femmes avec les phases de la Lune ne permet cependant pas de conclure formellement à un effet de la Lune sur la biologie humaine. « Nous n’avons pas affirmé qu’il existe une relation causale, car nous ne pouvons pas le prouver. Nous disons seulement qu’une simple coïncidence est peu probable », nuance Charlotte Helfrich-Förster, admettant ne démontrer qu’une simple corrélation pour le moment. Si effet de la Lune il y avait, « il est certain que d’autres facteurs peuvent entrer en ligne de compte, comme le mode de vie ».

Quant à savoir comment les humains pourraient percevoir une force d’attraction aussi faible que celle de la Lune au regard de la gravité terrestre, les chercheurs eux-mêmes admettent que c’est peu probable. L’attraction gravitationnelle de la Lune est en effet considérée comme négligeable au regard de la masse très faible d’un individu est en effet très faible. « Je suppose qu’il existe des effets indirects sur la pression atmosphérique, le champ magnétique et d’autres facteurs qui nous affectent. L’horloge circadienne située dans l’hypothalamus de notre cerveau pourrait être impliquée. À tout le moins, l’apport lumineux de la rétine vers les horloges circadiennes et ‘circalunaires’ présumées doit être le même », suggère Charlotte Helfrich-Förster.

Pour elle, cette horloge circalunaire aurait pu évoluer chez l’animal – ce type de synchronisation a déjà été observé chez le gorille et le macaque – afin que l’ovulation deux semaines plus tard survienne pendant la nouvelle ou la pleine Lune, les phases les plus sombre et lumineuse respectivement du cycle synodique. « Si l’ovulation a lieu pendant la nouvelle Lune, le risque d’être vu par des prédateurs est réduit, ce qui aide les petits animaux à se cacher et les humains à se réfugier dans des huttes ou des maisons. À l’inverse, le risque de voir des prédateurs augmente pendant la pleine Lune, ce qui profite aux animaux plus grands, tels que les gorilles et peut-être aussi, dans une certaine mesure, aux humains », interprète Charlotte Helfrich-Förster.

Pour plus d’informations et d’analyses sur la Mali, suivez Africa-Press

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here