Quand la Russie se met le Mali en tête tout en craignant l’éclatement de différends avec la France et l’OTAN

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Quand la Russie se met le Mali en tête tout en craignant l'éclatement de différends avec la France et l'OTAN
Quand la Russie se met le Mali en tête tout en craignant l'éclatement de différends avec la France et l'OTAN

Anouar CHENNOUFI

Africa-Press – Mali. Personne ne peut prédire ce qui se trame actuellement dans la tête des dirigeants des grandes puissances, telles que par exemple la Russie, les Etats-Unis, la Chine ou encore les blocs de pays comme l’Union européenne ou autres, avec comme objectif de s’accaparer d’une part du gâteau venant des ressources surtout naturelles des pays africains.

C’est pourquoi, avec la poursuite de la guerre russo-ukrainienne et ses dures répercussions sur le monde entier, à des milliers de kilomètres de là, on constate qu’un autre front d’escalade est apparu entre Moscou et l’Occident dans le pays ouest-africain du Mali.

Dans ce contexte, Ismael Buchanan, maître de conférences au Département de sciences politiques de l’Université du Rwanda, a déclaré que la poursuite géopolitique de Moscou en Afrique de l’Ouest et le soutien malien à la Russie dans sa guerre contre l’Ukraine incarnent le succès de Moscou dans la région, avec la possibilité de nouveaux différends russes avec La France et les pays membres de l’OTAN dans la région.

Il importe d’ailleurs de rappeler à ce sujet, qu’en mai dernier, le Mali et 34 autres pays de l’Assemblée générale des Nations unies s’étaient abstenus de voter sur un projet de résolution condamnant la poursuite de l’intervention militaire de la Russie en Ukraine entamée le 24 février de l’année en cours.

« Paris et d’autres alliés européens sont de plus en plus préoccupés par ce qu’ils considèrent comme la menace de la Russie en Afrique de l’Ouest », a ajouté Buchanan.

On ne doit pas oublier que la Russie avait déjà fourni des armes, des hélicoptères d’attaque Mi-35M et un système de radar aérien avancé au Mali, et ce dans le cadre de ses efforts pour renforcer ses relations avec le chef de la junte militaire malienne, le colonel Assimi Goïta.

Mais ce qui a inquiété encore plus l’Occident, c’est que Moscou avait dépêché au Mali des formateurs militaires qui, selon la France, ne sont que des « agents » de la société de sécurité privée russe Wagner, une accusation que Moscou avait nié tant de fois, pour finalement la confirmer.

Toujours selon Ismael Buchanan, plus Moscou fait avancer ses intérêts en Afrique de l’Ouest, plus elle entre en conflit avec l’Occident et provoque un retour de bâton.

« Le Mali connaîtra une autre étape face aux défis géopolitiques. Il ne fait aucun doute que la Russie protégera vigoureusement ses intérêts dans ce pays africain », a-t-il souligné.

L’on doit admettre donc que la présence russe au Mali « fait partie des efforts renouvelés de Moscou pour former un partenariat avec le continent africain », en particulier à un moment où il tente d’atténuer l’impact de l’isolement occidental sur celui-ci, en réponse à la guerre en Ukraine, où de nombreux pays et blocs, en particulier les États-Unis et l’Union européenne, ont imposé des sanctions économiques, financières et diplomatiques à Moscou.

D’après les observateurs et analystes politiques, il s’avère qu’« en regardant la situation actuelle au Mali ou dans la région du Sahel, on peut voir que la Russie essaie de se présenter comme un allié fiable dans la lutte contre les groupes armés et de renforcer le partenariat de sécurité dans la région, tandis que l’attention occidentale se déplace ailleurs (Ukraine) ».

Il va sans dire, selon Moscou, que les projets d’adhésion de son voisin l’Ukraine à l’OTAN menacent la sécurité nationale de la Russie, et exige qu’elle soit neutre et qu’elle abandonne ces projets, ce que Kiev, soutenu par l’Occident, considère comme une ingérence dans sa souveraineté.

D’autres experts voient que la Russie reconstruisait « tranquillement » ses relations avec l’Afrique pour renforcer la coopération économique et militaire, suscitant des inquiétudes occidentales quant aux objectifs de Moscou, du fait que la Russie cherchait d’autres partenaires pour prendre le pouvoir, après s’être rendu compte que l’Occident jouait le rôle d’un « agent double » dans la guerre du Sahel africain contre les groupes armés.

Néanmoins, selon les mêmes sources, l’activité de Moscou ne se limite pas au Mali, car la présence russe s’étend dans d’autres régions d’Afrique de l’Ouest, dont le Burkina Faso, le Tchad et le Niger.

Le maître de conférences au Département de sciences politiques de l’Université du Rwanda, Buchanan, a exprimé également sa conviction que « la décision de la France de retirer ses forces des pays d’Afrique de l’Ouest, dont le Mali évidemment (après une intervention militaire de 9 ans), a laissé un grand vide, et que les Russes ont saisi toutes les opportunités pour consolider leur influence en Afrique ».

Selon les analystes, les relations du ministère français de l’Intérieur et de la société française de ciment « Lafarge » avec l’organisation Daech auraient encore compliqué la situation.

De con côté, l’analyste de la sécurité basé en Ouganda, Freddy David Egesa, a déclaré que la Russie s’est rendu compte que l’Occident s’est enrichi grâce à sa présence dans presque tous les conflits en Afrique.

Il a conclu entre-autres en disant que « les grandes puissances occidentales profitent principalement de la guerre, car elles offrent leur expertise de la guerre et vendent du matériel militaire en échange de ressources précieuses tels que l’or et les diamants ».

Macron et Lavrov en Afrique au même moment

Tout ceci nous pousse à nous demander « pour quelles raisons le Président français, Emmanuel Macron, et le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, ont-ils décidé d’être en Afrique au même moment ? »

Ils seront donc à prés de 928 Kilomètres l’un de l’autre, en vol d’oiseau.

En effet, selon les médias internationaux, leurs avions respectifs éviteront soigneusement de se croiser dans le ciel africain, puisqu’Emmanuel Macron entamera le 25 juillet au soir sa visite officielle au Cameroun, alors que le ministre russe des Affaires Etrangères Sergueï Lavrov décollera de l’aéroport d’Oyo au Congo voisin, à l’issue d’un séjour initié la veille.

A noter que le chef de la diplomatie russe depuis 18 ans, très proche de Vladimir Poutine, est en effet attendu au Congo le 24 juillet en provenance du Caire, où il devrait être reçu par le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi.

Que saurait-on de ce fait marquant ???

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