Le Niger, champion africain de la croissance en 2024 grâce au pétrole ?

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Le Niger, champion africain de la croissance en 2024 grâce au pétrole ?
Le Niger, champion africain de la croissance en 2024 grâce au pétrole ?

Africa-Press – Niger. Ces dernières années, le Niger a été victime d’une combinaison de chocs sanitaires, climatiques et sécuritaires qui ont entravé la croissance de son économie. Entre 2019 et 2021, son PIB a dégringolé, passant d’un taux de croissance annuel de 5,9 % à 1,4 %. D’après la Banque mondiale, cette contre-performance est essentiellement due au ralentissement de la production céréalière : le Niger ayant une économie peu diversifiée, dépendante de l’agriculture à hauteur de 40 % de son PIB.

Plusieurs institutions internationales, comme la Banque africaine de développement (BAD), le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale estiment cependant que, d’ici à 2024, la croissance économique du pays pourrait atteindre 10 % grâce notamment à la relance de la production pétrolière, mais aussi à l’initiative agricole «3N», à la poursuite des investissements publics dans les infrastructures et à l’augmentation des investissements directs étrangers (IDE).

Réformes structurelles
Cette croissance n’atteindra le rythme soutenu nécessaire pour rattraper le retard en matière de développement que si les autorités parviennent à réduire les fragilités structurelles de l’économie. De fait, la trajectoire de la reprise dépendra de la résilience du Niger aux chocs climatiques (Près de 70 % de la population travaillent dans l’agriculture de subsistance), de l’évolution de la crise sécuritaire au plan intérieur et régional, mais aussi de la conjoncture internationale – notamment de l’impact de la crise ukrainienne.

Selon Antoinette Sayeh, directrice générale adjointe et présidente par intérim du FMI, « les perspectives économiques à court et moyen termes pour le Niger sont globalement favorables ». Le pays doit cependant faire face à plusieurs contraintes budgétaires sur la période 2022-2023. Celles-ci concernent notamment les dépenses urgentes liées à la pandémie, à la crise alimentaire et à la baisse des subventions des donateurs. Il faut dire que le financement du budget de l’État est très dépendant de ressources non domestiques (dons et prêts). Ces dernières pouvant être soumises à des incertitudes en cas de chocs.

À Niamey, le gouvernement se dit « déterminé » à poursuivre la mise en place de mesures d’assainissement budgétaire et à se plier à la norme en matière de déficit budgétaire au sein de l’Uemoa (3 %) au cours des deux prochaines années. D’après Antoinette Sayeh, « la mobilisation des recettes intérieures est essentielle pour créer l’espace budgétaire nécessaire aux dépenses prioritaires. Les autorités prévoient de prendre des décisions pour réduire les exonérations et l’évasion fiscales. Elles entendent aussi réviser le code des impôts pour simplifier le système, élargir l’assiette fiscale, et renforcer l’administration des recettes grâce à la numérisation. Les autorités mettent également en œuvre des réformes visant à consolider la qualité des dépenses afin d’améliorer la fourniture de biens publics ». L’économiste libérienne ajoute : « Les vulnérabilités croissantes du secteur financier, notamment celles liées à la détérioration de la qualité des actifs, devront être surveillées de près. Des efforts supplémentaires pour favoriser l’inclusion financière sont également nécessaires. »

L’oléoduc Niger-Bénin, un projet salvateur
Au-delà des réformes économiques structurelles, le projet que tout le monde attend est celui du pipeline devant permettre au Niger d’exporter son pétrole via le Bénin, à partir de la fin de 2023. L’oléoduc de 1 982 kilomètres (1 298 km au Niger et 684 km au Bénin), dont le chantier a démarré en 2019 est censé multiplier par sept la capacité d’exportation du pétrole du pays. Les pronostics du FMI, publiés en juillet 2022, tablent sur une croissance de la production pétrolière de 20,6 % et 86,2 %, respectivement en 2022 et 2023, après deux années consécutives de baisse. Le pays vise en effet une production de 110 000 barils/jour contre 20 000 aujourd’hui. Ce qui permettra aux pays de toucher quelque 610 millions d’euros de recettes fiscales à l’horizon 2025. Le déficit chronique de la balance courante devrait ainsi commencer à se résorber avec le début des exportations de pétrole brut via le nouvel oléoduc.

D’un coût total de 2,3 milliards de dollars, notamment financé par la China National Petroleum Company (CNPC), l’oléoduc a une capacité de transport de 4,5 millions de tonnes par an, ce qui correspond à 35 millions de barils. Toutefois, alors que le pipeline d’exportation est censé être inauguré en septembre 2023, l’approvisionnement en matériel depuis la Chine, interrompu par la pandémie de Covid-19, ainsi que les discordes entre les autorités nigériennes et la CNPC, freinent l’avancée du projet. Les deux parties ne sont toujours pas parvenues à se mettre d’accord sur des éléments essentiels d’organisation, d’hiérarchie et de gouvernance. Outre la CNPC, Sonatrach (Algérie) et Savannah Energy (Royaume-Uni) sont eux aussi impliqués au Niger, où ils devraient augmenter leur production dans les années à venir.

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