Africa-Press – Niger. La maladie d’Alzheimer est une maladie progressive, et plus on la détecte tôt, plus on peut ralentir sa progression. Dernièrement, le diagnostic de cette maladie a beaucoup avancé, avec par exemple des tests sanguins qui facilitent la détection des marqueurs de la maladie. Cependant, d’autres signes plus faciles à déceler pourraient aider à s’attaquer à la maladie au plus tôt. C’est notamment le cas de la perte d’olfaction, fréquente chez les personnes atteintes de cette pathologie.
Une nouvelle étude du Centre de maladies neurodégénératives à Munich (Allemagne) vient de mettre en évidence que la région du cerveau qui décode l’information venant du nez est l’une des premières victimes de la neurodégénérescence. Leur étude, publiée le 8 août 2025 dans la revue Nature Communications, montre qu’une perte d’olfaction permettrait de détecter très tôt les personnes à risque de développer la maladie, augmentant les chances de réussite des traitements.
La première région cérébrale touchée par la maladie est impliquée dans l’olfaction
La région cérébrale en question se trouve dans le locus coeruleus, un noyau localisé au sein du tronc cérébral, qui connecte le cerveau et la moelle épinière. Cette région est l’origine d’un grand nombre de neurones qui connectent avec le reste du cerveau. Elle est donc importante dans plusieurs processus, notamment le traitement des informations sensorielles. Or cette région est aussi une des premières où l’on observe une accumulation de protéines Tau modifiées, une des causes connues de la maladie d’Alzheimer. Il se pourrait donc que cette accumulation endommage les neurones qui partent de cette région, affectant les fonctions dans lesquelles ils sont impliqués, tels que l’odorat.
Pour étudier cette hypothèse, les chercheurs ont observé le cerveau de souris modifiées pour développer des symptômes similaires à ceux de la maladie d’Alzheimer chez l’humain. Et en effet, ils ont pu observer que les neurones partant du locus coeruleus et se connectant au bulbe olfactif (région qui traite l’information sensorielle venant du nez) étaient endommagés très tôt, lorsque les souris avaient entre un et deux mois de vie. C’est notamment au niveau des axones, c’est-à-dire les prolongations nerveuses des neurones, que ces dommages étaient visibles progressivement: à deux mois, cela concernait 14 % de ces fibres, 27 % à 3 mois, et 33 % à 6 mois. Alors que ces dommages survenaient bien plus tard dans les autres régions du cerveau, et n’étaient visibles qu’à partir de 6 mois. Ces dommages neuronaux avaient des conséquences sur l’olfaction des souris: alors que les souris en bonne santé arrivent à trouver de la nourriture en suivant son odeur, 60 % des souris malades avaient des difficultés pour le faire à partir de leurs trois mois d’âge.
Le système immunitaire attaque ces neurones très tôt dans la maladie
Ces lésions survenaient en parallèle à une augmentation du nombre de microglies (des cellules immunitaires du cerveau) dans le bulbe olfactif. En regardant de plus près, les chercheurs ont mis en évidence que ces microglies attaquent les axones des neurones provenant du locus coeruleus. Le ciblage de ces neurones est dû à une protéine produite davantage chez les souris malades: MFG-E8, pour milk fat globule-EGF factor 8 protein. Cette protéine se retrouve sur les axones, et les microglies les reconnaissent comme un signal d’alerte, déclenchant l’attaque. « Notre étude suggère que, très tôt dans la maladie d’Alzheimer, il y a des changements au sein des fibres nerveuses qui connectent le locus coeruleus et le bulbe olfactif, résume dans un communiqué Lars Paeger, auteur de l’étude. Ces altérations signalent aux microglies que ces fibres sont défectueuses ou superflues. Par conséquent, les microglies les détruisent. »
Ces lésions étaient aussi observées dans du tissu cérébral issu de personnes décédées avec la maladie d’Alzheimer. Et même chez des personnes qui n’ont pas été diagnostiquées, mais qui avaient un taux élevé de protéines Tau modifiées, et qui étaient donc probablement à un stade très préliminaire de la maladie. « Cette découverte pourrait permettre une identification précoce des patients à risque de développer la maladie d’Alzheimer, explique Jochen Herms, coauteur de l’étude. Ils pourraient ensuite faire les tests diagnostiques nécessaires pour confirmer et ainsi commencer les traitements avant que les problèmes cognitifs ne surviennent. »
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