Africa-Press – Niger. Le Centre national d’études stratégiques et de sécurité (CNESS) a accueilli, le vendredi 12 décembre 2025, une conférence de haut niveau consacrée au thème: « Le projet royal visant la facilitation d’accès des pays du Sahel à l’Atlantique: enjeux stratégiques et logistiques pour une Afrique intégrée ». Organisée par l’Ambassade du Royaume du Maroc au Niger en collaboration avec le CNESS, la rencontre a regroupé des responsables gouvernementaux, des diplomates, des universitaires et des experts autour d’une initiative présentée comme structurante pour le désenclavement du Sahel et la consolidation d’une Afrique intégrée et souveraine.
La conférence a été animée par M. Adani Illo, conseiller du Président de la République chargé des questions diplomatiques et stratégiques, et par le Pr Mohammed Amine Balambo, professeur des Universités et conférencier international. Elle s’est tenue sous les auspices de M. Djibo Barikoye, directeur des relations bilatérales, représentant le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération et des Nigériens à l’Extérieur. Des deux importantes allocutions ont également été prononcées au cours de cette rencontre. Il s’agit du discours du Directeur général du CNESS, le colonel-major Mahamadou Nouhou Bako, et celui du Chargé d’affaires a.i. de l’Ambassade du Royaume du Maroc, M. Jaffar Debbarh, en présence de membres du corps diplomatique et de hauts responsables de l’administration.
Elle intervient dans un contexte géopolitique et géoéconomique marqué par la volonté affirmée du Royaume du Maroc, sous la conduite de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, de placer l’Afrique au cœur de sa politique extérieure. Depuis plus de deux décennies, cette orientation s’est traduite par un engagement constant en faveur de la solidarité Sud-Sud, l’intégration économique et du développement d’infrastructures partagées. C’est dans cette continuité que s’inscrit l’initiative royale visant à faciliter l’accès des pays du Sahel à l’océan Atlantique, annoncée par le Souverain dans son discours du 6 novembre 2023, comme une vision pensée sur le long terme.
Le projet vise à offrir aux États sahéliens enclavés, à savoir le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad, un accès direct, sécurisé et structuré à l’Atlantique à travers les infrastructures portuaires et logistiques marocaines, notamment Tanger Med, Casablanca et le futur port de Dakhla Atlantique. Il est une réponse concrète au défi du désenclavement structurel du Sahel, région riche en ressources naturelles mais pénalisée par l’absence d’accès maritime. L’initiative repose sur trois principes fondateurs, la solidarité africaine, la souveraineté logistique et la coopération gagnant-gagnant.
A l’entame de son propos, le Colonel-major Mahamadou Nouhou Bako a souligné la portée stratégique de cette initiative, rappelant la mission du CNESS en matière d’anticipation et de veille stratégique. « L’accès à l’Atlantique s’inscrit pleinement dans cette vocation car il ne s’agit pas seulement d’une question de géographie ou d’infrastructure, mais d’un enjeu stratégique global qui touche à la stabilité régionale, à la sécurité des échanges, à l’intégration économique et à la prospérité des populations », a-t-il déclaré. Il a également rendu hommage aux victimes civiles et militaires du terrorisme dans l’espace AES.
Pour sa part, M. Jaffar Debbarh, Chargé d’affaires a.i. de l’Ambassade du Royaume du Maroc, a rappelé que cette conférence visait à exposer l’esprit et l’ambition de l’Initiative Royale. « Cette rencontre a pour objectif de présenter l’esprit, l’ambition et les enjeux de cette Initiative Royale qui s’inscrit pleinement dans la Vision africaine du Royaume du Maroc, telle que voulue et conduite par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu l’assiste », a-t-il affirmé. Citant le message royal du 8 novembre 2023, il a rappelé: « Fidèle à son engagement en faveur de l’intégration régionale en Afrique, le Maroc a toujours agi, de concert avec ses partenaires africains, pour mettre en place des projets transformateurs capables d’améliorer considérablement la qualité de vie de millions de personnes en Afrique ».
Quant au représentant du Ministère des Affaires étrangères, M. Djibo Barikoye, il a insisté sur la dimension stratégique et géopolitique du projet. « Cette facilitation d’accès n’est pas un simple corridor maritime. Il porte en elle la possibilité de transformer les économies intérieures, d’améliorer la sécurité alimentaire en sécurisant les flux et d’offrir aux États du Sahel une voie logistique compétitive et souveraine », a-t-il souligné, rappelant que trois réunions ministérielles, dont deux en marge de l’Assemblée générale des Nations unies en 2024 et 2025 et une à Marrakech en février 2024, ont déjà permis de baliser le cadre méthodologique et les axes prioritaires de mise en œuvre.
Dans son intervention, M. Adani Illo a replacé l’initiative atlantique dans le contexte sécuritaire et économique récent du Sahel, marqué par les perturbations des corridors traditionnels. « Dans cette vision, dans cette perspective, la vision du roi Mohammed VI, l’offre d’accès à l’océan Atlantique est non seulement salutaire, mais elle constitue une issue favorable économique de sortie », a-t-il déclaré, qualifiant cette initiative en langue de « Mahita », une alternative stratégique pour la Confédération des États du Sahel.
Sur le plan technique et économique, le Pr Mohammed Amine Balambo a apporté un éclairage chiffré sur les coûts de l’enclavement et les bénéfices attendus de l’accès maritime. « Dans un pays comme le Niger ou le Tchad, on dépense quelque chose comme 25% du PIB… en logistique », a-t-il expliqué, comparant ces chiffres à ceux des pays côtiers. Il a mis en avant l’expertise portuaire marocaine, illustrée par le succès de Tanger Med, et le potentiel du futur port de Dakhla Atlantique, appelé à devenir un hub stratégique reliant le Sahel aux marchés africains, européens et américains. « Le port de Dakhla Atlantique sera opérationnel en 2028, début 2029 », a-t-il précisé.
Les échanges ont également mis en lumière la convergence de visions entre le Royaume du Maroc et la République du Niger. Sous l’autorité du Président de la République, Chef de l’État, le Général d’Armée Abdourrahmane Tiani, le Niger a engagé un processus de Refondation visant à renforcer la souveraineté nationale, moderniser les infrastructures stratégiques et promouvoir un développement équilibré. Le Maroc accompagne cette dynamique à travers une coopération couvrant l’énergie, la formation, la sécurité alimentaire, la connectivité et le renforcement des capacités, illustrant la complémentarité entre la Vision Royale et les priorités nigériennes. La conférence revêt ainsi une portée symbolique. Elle traduit la volonté du Maroc de consolider son partenariat avec le Niger, pays central dans l’équilibre stratégique du Sahel, et témoigne de la conviction partagée que le développement de l’Afrique passe par la mutualisation de ses atouts et l’ouverture de ses territoires intérieurs vers la mer. Les échanges ont permis d’identifier des pistes concrètes de coopération logistique, sécuritaire et économique.
Clôturant la rencontre, le Colonel-major Mahamadou Nouhou Bako a salué la qualité des contributions. « Vos contributions témoignent de l’importance que vous apportez à cette réflexion stratégique sur l’accès à l’Atlantique, un enjeu déterminant pour la stabilité, la coopération et le développement de notre région », a-t-il déclaré, exprimant le souhait que ce dialogue nourrisse une coopération durable au service de la sécurité, de la prospérité et de la résilience des nations sahéliennes.
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