Africa-Press – Niger. Pour une pieuvre, la capacité à changer de couleurs en un clin d’oeil constitue un atout essentiel. Cela permet à l’animal de se camoufler de ses ennemis et de pouvoir surprendre ses proies. Mais ce pouvoir kaléidoscopique joue également un rôle dans la communication avec ses congénères, lors des parades amoureuses. De plus, il le protège des rayons UV et lui offre une thermorégulation instantanée. Pour autant, quelle est la dépense énergétique de ce super-pouvoir ? Jusqu’à quel point jouer ainsi de ses cellules chromatophores n’est pas épuisant pour le céphalopode ?
Aussi étonnant que cela puisse paraître, la science ne s’était jamais penchée sur la question, toute à son admiration des valses transformistes dont est capable l’animal. Pourtant, elle est importante car le coût de cette technique détermine à quelle fréquence l’animal aura besoin d’avoir recours à d’autres astuces de chasse ou de camouflage au cours de son existence.
Une consommation énergétique exorbitante
Sofie Sonner et Kirk Onthank, du département des sciences biologiques de l’université Walla Walla située dans le village de College Place près de Washington (EU) ont donc sorti leur calculette. Ils ont estimé la dépense énergétique d’un Octopus rubescens, le poulpe rouge du Pacifique Est, un céphalopode de moins d’un mètre de long (10 cm pour le corps, 40 cm pour chacun de ses 8 bras), très commun près des côtes de l’Amérique du Nord.
Pour ce faire, les deux biologistes ont mesuré précisément la consommation d’oxygène d’une vingtaine d’échantillons de peau suivant que les chromatophores étaient contractés et inactifs ou ou contraire activés par une lumière bleue. Ils ont ensuite généralisé et étendu les résultats obtenus à l’animal entier en fonction de son poids et de sa surface corporelle.
Il s’avère qu’être un caméléon marin a effectivement un coût. Bien plus élevé que ce que l’on pensait, à la limite de l’exorbitant…
Se camoufler c’est bien, se cacher c’est mieux
En effet, la demande métabolique pour maintenir en fonctionnement optimal le système chromatophore de la pieuvre est rien moins aussi importante que le taux métabolique total de base de l’animal. Soit l’énergie nécessaire et indispensable pour maintenir en activité l’intégralité de ses fonctions cardiaques, cérébrales, respiratoires, digestives ainsi que le maintien de sa température corporelle !
Pour extraordinaire qu’il soit, le camouflage est par conséquent bien trop coûteux, concluent les auteurs, pour constituer l’unique ligne de défense et de survie de la pieuvre. Ce qui explique que l’animal ait été obligé de développer d’autres astuces pour compléter ce super-pouvoir, comme l’usage fréquent de cachettes et un mode de vie essentiellement nocturne.
Sans oublier, poursuivent-ils que certaines grandes espèces des profondeurs ont dû voir leurs systèmes de camouflage être considérablement réduits, ceux-ci étant d’autant plus coûteux pour les organismes que les surfaces à couvrir sont étendues.
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