Sport de contact chez les jeunes et problèmes neuronaux

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Sport de contact chez les jeunes et problèmes neuronaux
Sport de contact chez les jeunes et problèmes neuronaux

Africa-Press – Niger. Depuis la découverte en 2002 du médecin légiste et neuropathologiste américain Bennet Omalu de l’existence de dommages neurologiques dans le cerveau d’un joueur de football américain mort subitement, les traumatismes crâniens dans le sport font l’objet d’une attention soutenue. Nommée encéphalopathie traumatique chronique (ETC), cette affection neurodégénérative s’avère frapper les athlètes de haut niveau qui pratiquent un sport de contact et subissent au cours de leur carrière de nombreux chocs frontaux. Sont ainsi incriminés la boxe, les arts martiaux, le MMA, le rugby, le hockey. Mais aussi le football avec son jeu de tête ainsi que quantité d’autres.

Si l’ETC se manifeste du vivant du joueur par des changements d’humeurs et des troubles cognitifs, seule une autopsie permet à l’heure actuelle de l’identifier avec certitude. Elle se signale notamment par l’accumulation en grand nombre de protéines Tau au sein des neurones.

Des dommages avant même les premiers symptômes

Malgré tout, les chercheurs suspectent que l’ETC et l’accumulation de Tau ne soit que le stade tardif d’un cerveau qui aurait commencé à souffrir bien des années plus tôt. Seulement, comme seule une autopsie post-mortem permet de diagnostiquer une ETC, cette hypothèse est difficile à établir.

Des chercheurs de l’école de médecine de l’Université de Boston (EU) montrent enfin pour la première fois que cette intuition était juste. Dans le dernier numéro du magazine Nature, ils révèlent que des chocs répétés de la tête ont bien causé des dommages dans le cerveau de jeunes sportifs, et ce avant même que les premières traces d’ETC n’apparaissent.

Jonathan Cherry et ses collègues ont analysé post-mortem les tissus cérébraux de 28 jeunes gens âgés de 25 à 51 ans. Ils ont été divisés en trois groupes. Un groupe de neuf athlètes ayant joué au football américain, mais dont le cerveau ne montrait aucune trace d’ETC. Un groupe de onze autres sportifs porteurs des premiers signes cliniques de la maladie. Et enfin, un groupe contrôle de huit hommes n’ayant jamais pratiqué le sport.

Moitié moins de neurones dans le cortex

Résultat de leur analyse approfondie: tous les cerveaux des sportifs, quelque soit leur diagnostic d’ETC, ont révélé des signes évidents de pertes neuronales, de phénomènes inflammatoires et de dommages vasculaires. L’un des signes les plus frappants était une diminution de 56% des neurones dans la couche superficielle du cerveau, le cortex, soit certaines des zones impliquées dans les émotions, la mémoire, le langage, la motricité, entre autres.

Pourtant, chez ces individus, la perte de neurones n’était pas corrélée avec une accumulation de protéines tau, suggérant que les dégâts se déclenchent bien plus tôt, dès les premières commotions cérébrales et indépendamment de l’ETC. Les chercheurs ont également montré que le taux d’inflammation touchant la microglie, une population cellulaire impliquée dans la défense immunitaire, était d’autant plus important que le joueur avait pratiqué le sport durant de nombreuses années.

Une preuve supplémentaire que des chocs à la tête nuisent au cerveau et que l’ETC n’est que le stade terminal d’une pathologie qui s’est mise en place des années plus tôt et ce dès les premiers chocs et durant les jeunes années de pratique du sport. Surtout à un âge où le cerveau est encore en formation et où la moindre lésion fragilisera un organe qui vieillira dès lors prématurément. Il est par exemple parfaitement admis que la maladie d’Alzheimer et Parkinson frappent plus souvent les sportifs de haut niveau qui ont subi des traumatismes crâniens au cours de leur carrière. D’autant plus si cette dernière a été longue et a débuté tôt.

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