Tirailleurs sénégalais : un parcours dans la République

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Tirailleurs sénégalais : un parcours dans la République
Tirailleurs sénégalais : un parcours dans la République

Africa-Press – Senegal. HISTOIRE. Tombés par milliers lors de l’offensive d’avril 1917 du Chemin des Dames, les tirailleurs avaient été recrutés dans les anciennes colonies françaises.

C’est peu de dire que les tirailleurs sénégalais ont payé un lourd tribut à la Grande Guerre. Au moment où cette première déflagration militaire est commémorée, en France, avec l’inauguration du Monument aux héros de l’Armée noire, il y a lieu de se rappeler que, rien que le premier jour de la bataille, 1 400 d’entre eux sont morts. Le général Charles Mangin, commandant de la sixième armée, en tirera le surnom de « boucher des Noirs », et pour cause, au total, ce sont près de 6 000 tirailleurs qui ont péri dans cette bataille, dans l’Aisne.

Tout commence en 1857

Les tirailleurs ont intégré les rangs de l’armée française en 1857 sur une initiative du gouverneur du Sénégal, Louis Faidherbe, et ce jusqu’au début des années 1960. Le premier contingent de « tirailleurs » (de « tir » et « ailleurs »), ainsi appelé par raillerie parce que ratant souvent leur cible, est composé d’engagés du territoire du Sénégal. Mais les régions ayant fourni les plus gros contingents correspondraient pour les pays actuels au Mali, au Burkina Faso et à la Guinée. Ils ont participé à toutes les phases de la conquête coloniale en Afrique puis à celle de Madagascar, vers 1890, et à ce qu’on a appelé la « pacification » du Maroc, à partir de la fin du XIXe siècle. On recensa plus de 200 000 tirailleurs lors de la Première Guerre mondiale, 150 000 pour la Seconde, 60 000 en Indochine, selon l’historien Julien Fargettas, auteur d’un ouvrage sur le sujet, cité par l’AFP. Ils ont servi l’armée française dans ses pages les plus glorieuses : la libération de Toulon, le débarquement de Provence. Mais aussi dans des moments plus sombres, comme la répression du soulèvement du Constantinois en Algérie en mai 1945 ou la répression à Madagascar en 1947.

Des prisonniers de guerre à part

« Durant la Seconde Guerre mondiale, les Allemands choisissent de maintenir leurs prisonniers africains en France pour des questions de “pureté raciale”. Les tirailleurs ont donc été envoyés dans des fermes, des usines, des exploitations forestières, vivant quasiment au sein de la société française. Les habitants connaissent très peu les Noirs à l’époque. Ce fut une découverte mutuelle avec de très nombreuses amitiés, des liaisons, des mariages, des naissances », raconte Julien Fargettas.

Entre hommage et réappropriation

Avant le Monument inauguré à Reims par les présidents français (Macron) et malien (Keïta), des monuments jumeaux rendant hommage aux tirailleurs sénégalais ont été inaugurés en 1924 à Bamako et à Reims, ville de la Marne qui fut défendue par ces soldats en 1918. Détruite pendant la Seconde Guerre mondiale, l’œuvre originale a été remplacée en 2013 par une reproduction. À partir des années 2000, les Africains ont commencé à se réapproprier cette histoire et surtout à voir ces tirailleurs différemment de leurs aînés qui ont pu les considérer, aux indépendances, comme des collaborateurs de l’État colonial, explique M. Fargettas. En décembre 2016, le président François Hollande s’était engagé à faciliter l’octroi de la nationalité française à ces hommes, pour réparer une « injustice ». Le 15 avril 2017, lors d’une première cérémonie à l’Élysée, 28 anciens tirailleurs nés dans les années 1930 ont ainsi été « réintégrés » dans la nationalité qu’ils avaient perdue à l’indépendance des colonies africaines.

source: Le Point Afrique

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