Les promesses et les risques du régime cétogène

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Les promesses et les risques du régime cétogène
Les promesses et les risques du régime cétogène

Africa-Press – Senegal. Très faible en glucides et à haute teneur en graisses, le régime cétogène (appelé “keto diet ” par les Anglo-Saxons) est vanté pour ses vertus amaigrissantes, mais aussi ses capacités à prévenir certaines maladies. Ces dernières années, il connaît un certain succès, comme en témoignent les dizaines d’ouvrages parus à son sujet. Cependant, il demeure nutritionnellement déséquilibré et difficile à suivre sur le long terme. Il n’est donc pas à appliquer dans toutes les assiettes.

Il accroît fortement la consommation de graisses

Le régime cétogène strict repose sur une réduction drastique de la consommation en glucides au profit d’un apport massif en lipides. 5 % des apports énergétiques journaliers (soit environ 25 g pour 2000 kcal journalières) sont ainsi apportés par les glucides, contre 40 à 55 % selon les recommandations de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses), et 70 à 90 % par des lipides (contre 35 à 40 % habituellement). L’apport en protéines reste stable (10 à 20 % de l’apport énergétique total). Les cellules qui se nourrissent normalement de glucose se mettent alors à utiliser une voie annexe pour produire de l’énergie, passant par la dégradation par le foie des acides gras (ou lipolyse) en corps cétoniques.

Prudence en cas d’excès de cholestérol

Parce qu’ils procurent des quantités importantes de glucides, les céréales (blé, riz…), les légumineuses (lentilles, pois chiches…) et les fruits (une banane apporte 23 g de glucides) sont à limiter, de même que certains légumes comme la betterave ou la carotte. À l’inverse, les lipides sont fournis en quantité par le fromage, la crème fraîche, les huiles, la charcuterie, etc. Prudence en cas d’excès de cholestérol sanguin : la consommation importante de graisses saturées peut être néfaste pour le système cardiovasculaire. Mieux vaut privilégier les acides gras polyinsaturés (ou oméga 3), bons pour le système cardio-vasculaire et le cerveau, présents dans les poissons gras (thon, maquereau, sardines, etc.), ainsi que les acides gras mono-insaturés (ou oméga 9), que l’on trouve dans l’avocat et les oléagineux.

Il expose à des carences en nutriments

L’apport plus limité en végétaux peut exposer à des déficits en fibres, antioxydants, vitamines (B9, B6, E, etc.) et minéraux (calcium, magnésium, potassium, etc.). Le régime cétogène favoriserait ainsi les calculs rénaux et la perte osseuse. Par ailleurs, ce régime entraîne certains effets indésirables décrits comme une “grippe cétogène” : fatigue, nausées, étourdissements, diminution de l’énergie, sensation de faiblesse et altérations du rythme cardiaque. Ces symptômes liés à une augmentation des niveaux de corps cétoniques seraient importants les sept premiers jours de régime, avant de diminuer après quatre semaines.

Il serait bénéfique contre le diabète…

Les corps cétoniques réduisent la sensation de faim, ce qui induit une rapide perte de poids. La réduction drastique des apports glucidiques agit également sur la sensibilité à l’insuline et s’accompagne d’une amélioration du contrôle de la glycémie chez les personnes prédiabétiques et diabétiques. Toutefois, des travaux américains alertent sur les conséquences de ce régime à long terme. Dans un premier temps, chez la souris, la production de corps cétoniques entraîne la diffusion dans l’organisme de lymphocytes T gamma delta – des cellules du système immunitaire -, conduisant à un meilleur métabolisme et à un risque moindre de diabète de type 2. Mais au-delà d’une semaine de régime, les rongeurs consomment davantage de graisses qu’ils n’en brûlent, favorisant une obésité et un diabète. Des résultats qui devront maintenant être validés par des études cliniques menées à long terme chez l’humain.

… et contre d’autres maladies

Le régime cétogène réduit la fréquence des crises d’épilepsie chez des enfants souffrant de formes résistantes aux traitements médicamenteux, sans que l’on comprenne de façon approfondie le mécanisme. Il aurait aussi des effets positifs sur les fonctions cognitives (en particulier la mémoire) des personnes âgées atteintes ou présentant un risque élevé de contracter la maladie d’Alzheimer. Les rares études réalisées chez des personnes souffrant de la maladie de Parkinson montrent une diminution des troubles moteurs et non moteurs de la maladie. Mais faute de recul et d’études suffisantes, ce régime n’est pas indiqué pour ces pathologies.

“En parler d’abord à son cancérologue”, par Bruno Raynard*

“Les études menées sur des animaux de laboratoire et sur des cultures cellulaires restent mitigées en cas de cancer quant à la capacité de ce régime, en supprimant la principale source d’énergie des cellules cancéreuses (le glucose), à réduire la taille d’une tumeur. Chez l’humain, on est en attente de résultats d’études contrôlées randomisées. En raison du risque de perte de poids et de masse musculaire, ce régime est pour l’heure déconseillé aux personnes dénutries ou à risque de dénutrition. Avant de se lancer, il est important d’en discuter avec son cancérologue qui pourra mettre en place un suivi coordonné avec un nutritionniste.”

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