Africa-Press – Tchad. La salle rouge de l’ONAMA a accueilli la 9ème édition du Forum national sur la gouvernance de l’internet au Tchad (IFG Tchad), organisé sous le thème, « Les enjeux des réseaux sociaux au Tchad ».
Dans son mot d’ouverture, Abdeldjalil Bachar Bona, secrétaire exécutif de l’IFG Tchad, a souligné l’importance cruciale du thème: « Les réseaux sociaux, bien qu’étant de puissants outils de partage d’informations et de mobilisation sociale, sont souvent mal utilisés dans notre société. Ils peuvent devenir des vecteurs de désinformation, de division, et menacer ainsi notre tissu social déjà fragile. »
Le coordonnateur général du Chad Youth IGF, Kouseifa Issakha, a quant à lui livré un discours fort et mobilisateur: « Je ne suis pas ici comme un simple orateur, mais comme le porte-voix d’une génération qui refuse désormais d’être reléguée aux marges de la gouvernance numérique.
Une génération qui refuse de n’être qu’une consommatrice passive de technologies conçues sans elle, et souvent, contre elle. » Il insiste: « Nous ne sommes pas la génération du futur incertain, nous sommes celle du présent. Et nous l’affirmons haut et fort: notre place est au cœur des décisions numériques, dans la conception même des politiques et des outils qui façonnent notre monde. »
En élargissant son propos à l’échelle continentale, Khouseifi Issakha Doud-Bane a dressé un constat lucide: « En Afrique, l’innovation va plus vite que la régulation. Partout, des jeunes, armés d’un smartphone et d’une idée, transforment leurs communautés. Mais il est temps de franchir un cap: celui de la souveraineté numérique africaine, de la décentralisation du pouvoir technologique, et de la participation effective des jeunes à l’élaboration des politiques publiques dans le domaine du numérique. »
Mais il pose aussi une question dérangeante: « Comment prétendre peser dans le débat mondial si, chez nous, les réseaux sociaux deviennent des arènes de haine ? Pendant que des jeunes à Kigali, Nairobi, Pékin ou Abu Dhabi débattent de l’intelligence artificielle, de santé numérique, d’innovation ou d’exploration spatiale, ici, nous nous déchirons, nous nous divisons, parfois jusqu’à l’absurde. Le décalage est immense, n’est-ce pas ? »
Et de conclure avec une vision forte de l’internet que veut la jeunesse tchadienne: Ce n’est pas un internet de surveillance, mais de transparence. Ce n’est pas un internet d’exclusion, mais de participation. Ce n’est pas un internet dominé par les multinationales, mais un espace ouvert aux jeunes entrepreneurs, aux codeurs ruraux, aux filles innovantes et aux étudiants engagés.
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