Africa-Press – Tchad. Habitant du désert du Namib, en Namibie, le Meroles anchietae est un lézard des sables à la démarche pittoresque, presque une chorégraphie. Ses mouvements n’en sont pas moins vitaux: ils permettent à l’animal de n’avoir jamais les quatre pied posées, afin de supporter les chaleurs extrêmes du sol. Dans le Grand Nord, la chouette Harfang affronte les -50 degrés Celsius grâce à un plumage à faible conduction thermique, garantissant une température corporelle de 40 degrés. En Namibie toujours, la welwitschia est une plante dotée de deux feuilles livrées aux assauts du vent et de longues racines allant chercher l’eau en profondeur.
Au fil de l’exposition « Déserts », qui a ouvert à Paris au Muséum national d’histoire naturelle (MNHN), le visiteur découvre des stratégies d’adaptation toutes plus incroyables les unes que les autres. C’est la notion clef du projet, qui explique que le parcours n’est pas organisé par zones géographiques. « Nous mêlons des espèces d’origines différentes pour faire le lien entre des stratégies de la faune et de la flore, entre les déserts chauds et les déserts froids », explique Anne-Camille Bouillié, co-conceptrice de l’exposition.
Des plantes éphémères peuvent rester à l’état de graine pendant des mois ou des années avant de fleurir en un temps record quand vient la pluie, comme le crapaud pied-de-bêche reste enfoui sous le sable pendant longtemps avant que l’eau n’arrive et lui donne l’occasion de se reproduire. Le visiteur passe du bœuf musqué au saguaro (cactus arborescent), du renard polaire à l’oryx d’Arabie, du ténébrion d’Afrique du Nord (un coléoptère) aux « plantes-cailloux » d’Afrique du Sud.
Une richesse minéralogique
La scénographie aérée, rappelant comme les déserts sont des espaces ouverts, fait aussi le pari de juxtaposer déserts chauds et glacés. « Le point commun de ces régions, c’est l’aridité, la faible disponibilité de l’eau, avec des températures extrêmes », résume le président du MNHN Gilles Bloch. Le visiteur est d’ailleurs d’emblée accueilli par une zone consacrée à la définition de ce qu’est un désert, cernée de vastes projections murales qui procurent une immédiate immersion, en sons et en images, dans ceux de la péninsule arabique, dans les glaces du Nunavut (Canada) ou dans les canyons du sud-ouest américain. On est loin de la vision stéréotypée du dromadaire sur des dunes de sables.
« Il y a des déserts partout autour du monde, y compris des déserts polaires, avec toute une palette de reliefs et de paysages », note Anne-Camille Bouillié. Des roses des sables, concrétions d’hématite, des échantillons de grès ferrugineux, des coraux issus du Sahara algérien ou des bois fossiles dévoilent la richesse minéralogique de ces lieux.
Le dromadaire est tout de même là, naturalisé et en bonne place, pour faire la transition entre le thème de l’adaptation du vivant et la présence humaine dans les déserts. Car l’animal, comme son cousin asiatique le chameau, incarne aussi bien la capacité de survie en milieu extrêmement chaud ou chaud, que l’activité des humains qui s’en sont beaucoup servi pour se déplacer.
L’exposition se clôt justement sur les conséquences actuelles d’une occupation pas toujours raisonnée des déserts, et pose la question de leur avenir par temps de climatisation, d’urbanisation, de véhicules à moteur combinés à une surexploitation des ressources. « Nous vivons une période de grands changements dans les systèmes climatiques, dans le monde du vivant, prévient Gilles Bloch, et donner à voir ces grands espaces d’une particulière fragilité, c’est aussi très important ».
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