Diminution Drastique des Forêts dans l’Atacora

1
Diminution Drastique des Forêts dans l'Atacora
Diminution Drastique des Forêts dans l'Atacora

Africa-Press – Benin. La Nation: Quel est l’état des lieux des plantations forestières depuis l’instauration de la Journée nationale de l’arbre (Jna) au Bénin dans l’Atacora?

Mathias Affoukou: Depuis 1985, le général Mathieu Kérékou a pris le décret n°85-291 du 23 juillet 1985 qui a institué la Journée nationale de l’arbre (Jna) et les campagnes nationales de reboisement. Après quarante ans de célébration de la Jna, le directeur général des Eaux, forêts et chasse a dit qu’il est temps de marquer une pause, jeter un regard rétrospectif pour voir dans tout ce qu’on a fait 40 ans durant, ce qui a marché et ce qui n’a pas marché afin de formuler des visions prospectives pour un lendemain meilleur à ce que nous entreprenons comme action de reboisement. Nous avons collecté les données dans toutes les communes de l’Atacora. Ces données sont liées à la célébration de la journée nationale de l’arbre et des autres journées statutaires. Le constat en ce qui concerne la Jna, c’est que le résultat est plus ou moins satisfaisant. 46 % des plantations que nous avons réalisées ont réussi alors que pour ce qui est des arbres d’alignement, environ 69 % de ces actions de reboisement ont réussi. Le taux de réussite des autres journées statutaires est autour de 41 % pour les plantations en plein alors que pour les arbres d’alignement, le bilan reste mitigé, c’est environ 40 %.Nous avons cherché ensemble avec les acteurs, lors d’un atelier d’évaluation des efforts de restauration des terres et de reboisement des paysages forestiers dans le département de l’Atacora, les principales causes de cet état de choses. Il s’est avéré que les causes sont multiples et variées. Chacun dans son domaine a fait des recommandations afin que les actions de reboisement que nous allons entreprendre, les années à venir, puissent être couvertes par la commune. Comment faire pour qu’elle prévoie dans son Plan de travail annuel (Pta) un budget substantiel qui entre dans le cadre de l’amélioration de son territoire, le verdissement de la commune. Pour paraphraser Georges Sand ‘’Planter un arbre, c’est croire en un lendemain meilleur. Comprendre l’impact de chaque plantation, c’est préparer un avenir durable’’. C’est cela l’essence même de ce que nous envisageons désormais. Au niveau préfectoral, il est manifesté un intérêt à cette démarche. Le secrétaire général du département et les chargés de mission ont souhaité qu’il y ait une périodicité d’au plus cinq ans pour évaluer l’effort des communes en matière de reboisement.

Avez-vous noté une volonté d’adhésion à la vision de l’administration forestière?

La présentation de la dynamique d’occupation des terres entre 2015 et 2022 a permis à chacun de constater que nous avons un taux de déforestation et de dégradation avancé. Le taux de perte des couvertures forestières qui était de 3 % dans le département en 2015 est de 8 % en 2022. Chaque partie prenante, chaque acteur a pris connaissance de ce que représentent les formations végétales dans notre commune. Il y a eu des engagements afin que les actions de reboisement soient mieux faites. La matrice de transition de la dynamique d’occupation des sols présentée a révélé que sur l’intervalle de sept ans, les forêts de l’Atacora ont connu une diminution drastique de l’ordre de 25 % au profit des surfaces agricoles qui ont connu une augmentation d’emblavure de près de 30 %. Les habitations ont connu une augmentation de 50 %. Cela dénote que les formations forestières naturelles diminuent au profit des champs, des jachères, des cultures, des zones dégradées…

Y a-t-il un espoir pour relever le défi de reboisement?

Il faut dire qu’il y a espoir. Lors de nos assises, les participants ont fait des recommandations pertinentes. Qu’est-ce qu’il faut faire, comment la préfecture peut accompagner les communes pour prévoir des lignes budgétaires conséquentes dans le cadre de l’amélioration de leur cadre de vie pour être en phase avec la lutte contre les changements climatiques. C’est déjà un point fort. La politique forestière est déjà adoptée et chaque acteur a pris conscience de l’importance de la préservation des ressources dans nos contrées, nos hameaux, nos villes, nos villages. Je pense que c’est déjà un acquis. Beaucoup de propositions ont été faites sur comment on peut intégrer, sécuriser les espaces qui vont abriter les actions de reboisement dans l’élaboration des Plans de développement communaux (Pdc) ou dans les Schémas directeurs d’aménagement communal (Sdac)… Toutes ces visions ont été appréciées. Les associations d’éleveurs, ayant pris conscience du rôle que joue l’arbre dans le bétail et ayant compris que c’est la recherche de fourrage qui les amène à commettre un certain nombre d’actes pour la survie de leur bétail, ont fait des propositions. Elles suggèrent l’utilisation des déjections du bétail pour pulvériser les plantations, cela empêche les bœufs de les brouter. Je trouve que c’est une recommandation forte qui peut faire école dans les autres communes. Comment utiliser les fientes d’animaux, les bouses de vaches pour pulvériser, pendant la forte sécheresse au moment où le problème de fourrage se pose avec acuité, les plantations que nous réalisons. Il reste le mécanisme de mise en œuvre de cette recommandation pour de grandes plantations.

Pour plus d’informations et d’analyses sur la Benin, suivez Africa-Press

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here