Vision Bénin 2060: Critiques du PCB sur la planification

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Vision Bénin 2060: Critiques du PCB sur la planification
Vision Bénin 2060: Critiques du PCB sur la planification

Africa-Press – Benin. Le 4 juillet 2025, l’Assemblée nationale béninoise a voté à l’unanimité la loi n° 2025-16 portant Vision de développement du Bénin à l’horizon 2060. Présentée comme une boussole de long terme, cette vision entend instaurer une planification rigoureuse, éviter toute discontinuité stratégique dans la conduite de l’action publique, et servir de référence à tous les futurs gouvernements.

Toutefois, cette initiative suscite une contestation vigoureuse de la part du Parti Communiste du Bénin (PCB), qui y voit une tentative de perpétuer un modèle de gouvernance néocoloniale ancré dans la dépendance économique et institutionnelle.

Dans son numéro du 12 juillet 2025, La Flamme, organe politique du PCB, dénonce ce texte comme une projection idéologique rigide, incompatible avec les mutations rapides du monde contemporain. Selon cette analyse, toute vision de développement sur 35 ans ne peut reposer que sur une prospective incertaine, à une époque où les savoirs, les technologies et les dynamiques sociales évoluent à un rythme accéléré.

Pour les communistes, figer une telle orientation sur plusieurs décennies revient à écarter tout ajustement en fonction de l’évolution du contexte national et international.

Le contenu de la Vision 2060 est également critiqué pour son manque de nouveauté. Sa formulation reprend, selon le PCB, les grandes lignes de la Vision Bénin 2025 élaborée au début des années 2000, elle-même conçue sous la supervision du PNUD. Cette ressemblance, notent les observateurs critiques, questionne la capacité de la nouvelle vision à s’inscrire dans une réelle rupture avec les politiques antérieures.

Les communistes affirment par ailleurs que les gouvernements successifs, de Mathieu Kérékou à Patrice Talon en passant par Boni Yayi ont mis en œuvre ces cadres stratégiques sans que les effets attendus sur la gouvernance, la prospérité ou le bien-être social ne se soient concrétisés. Il est reproché à ces régimes une gouvernance marquée par la corruption, la fraude électorale, la dépendance envers les puissances étrangères, et une marginalisation des valeurs culturelles nationales.

La critique du PCB va plus loin en soulignant que la Vision 2060 s’inscrirait à contre-courant des dynamiques actuelles portées par la jeunesse africaine et les mouvements souverainistes croissants sur le continent. Alors que plusieurs pays du Sahel remettent en cause les anciens schémas de dépendance postcoloniale, Le PCB considère que la nouvelle loi traduit une volonté de perpétuer un modèle hérité de la FrançAfrique, en contradiction avec les aspirations patriotiques à l’autonomie politique, économique et culturelle.

Le Premier Secrétaire du PCB, Philippe Noudjenoume, est cité comme proposant une alternative fondée sur la souveraineté réelle, la valorisation des langues nationales et la capacité du peuple à intégrer les avancées scientifiques sans se soumettre aux logiques imposées de l’extérieur. Pour le parti, seule une telle rupture peut permettre un développement endogène, juste et durable.

Dans cette lecture, la loi sur la Vision 2060 ne serait pas une avancée vers un avenir planifié, mais un verrou stratégique destiné à empêcher l’émergence d’un projet véritablement souverain, adapté aux besoins spécifiques du peuple béninois.

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