OIT et UEMOA Promeuvent Investissements Durables

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OIT et UEMOA Promeuvent Investissements Durables
OIT et UEMOA Promeuvent Investissements Durables

Africa-Press – Benin. Réunis ce mercredi 12 novembre 2025 à l’hôtel Azalaï de Cotonou, les représentants des Agences de Promotion des Investissements (API) des États membres de l’UEMOA, avec l’appui de l’Organisation internationale du Travail (OIT), ont animé un atelier sur les moyens de transformer les investissements directs étrangers en moteurs de création d’emplois décents. L’objectif est de renforcer les capacités des API afin de concilier attractivité économique, justice sociale et durabilité environnementale dans la sous-région ouest-africaine.

Un engagement renouvelé pour le travail décent

Vers une approche commune de la promotion des investissements

Des accords d’investissement à réformer pour plus d’équité sociale

Conduite responsable des entreprises et création d’emplois décents

Vers une harmonisation régionale et un suivi rigoureux

Un partenariat stratégique pour une croissance inclusive

Cotonou accueille depuis ce mercredi 12 novembre 2025 un atelier régional consacré au rôle des agences de promotion des investissements dans la facilitation d’investissements durables pour le travail décent. Organisée conjointement par l’Organisation internationale du Travail (OIT) et la Commission de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), la rencontre vise à doter les participants d’outils pratiques pour promouvoir des investissements à fort impact social, tout en consolidant la coopération régionale.

Les travaux se tiennent dans un contexte où la sous-région connaît une progression notable des investissements directs étrangers (IDE), passés de 2,5 milliards de dollars entre 2013 et 2017 à 4,1 milliards entre 2018 et 2022, selon les données de l’UEMOA. Mais la qualité de ces investissements et leur impact sur la création d’emplois restent au cœur des préoccupations des acteurs du développement.

Un engagement renouvelé pour le travail décent

Dans son discours d’ouverture, Ndeye Coumba Diop, directrice du Bureau pays de l’OIT pour la Côte d’Ivoire, le Bénin, le Burkina Faso, le Mali, le Niger et le Togo, a salué la mobilisation des participants et réaffirmé l’engagement de son organisation à soutenir les États membres dans leurs réformes sociales et économiques.

« C’est tout mon engagement que je dois vous offrir en tant que partenaire, et l’OIT s’est engagée depuis. Je suis sûre qu’avec votre participation, vous avez démontré aussi votre ouverture d’esprit et votre engagement vers ce changement qui est la transformation de notre région… la transformation qui a un impact dans la vie des Africains et des Africaines qui vivent dans cette région », a-t-elle déclaré.

L’OIT, qui œuvre depuis 1919 pour la promotion de la justice sociale et des droits du travail, rappelle que le travail décent repose sur quatre piliers fondamentaux. Il s’agit de la création d’emplois, les droits au travail, la protection sociale et le dialogue social. Ces principes s’inscrivent pleinement dans l’Objectif de développement durable (ODD) n°8, relatif à la promotion d’une croissance économique soutenue, partagée et durable, ainsi qu’à la garantie du plein emploi productif et du travail décent pour tous.

Vers une approche commune de la promotion des investissements

Prenant la parole à son tour, Ibrahima Karambe, conseiller au bureau de l’UEMOA au Bénin, a mis en exergue l’importance d’une approche concertée en matière de promotion des investissements. « Je voudrais particulièrement remercier l’OIT pour l’ensemble des dispositions prises en vue de l’organisation de cet atelier de renforcement des capacités à l’endroit des API de l’UEMOA. Cet atelier s’inscrit dans la continuité de la formation sur Effective Investment Facilitation and Sustainable Development, organisée conjointement par la WIPA et l’OIT, du 26 au 30 mai 2025 à Turin », a-t-il rappelé.

Il a ensuite souligné la volonté de la Commission de l’UEMOA d’« accompagner la construction d’un cadre cohérent, efficace et intégré, propice à l’attractivité de notre espace communautaire ».

« La Commission collabore avec l’OIT en vue de renforcer les capacités des API dans la facilitation d’investissements durables pour le travail décent », a-t-il poursuivi, avant d’insister sur la nécessité de mesurer « l’impact quantitatif et qualitatif des IDE » et d’« aligner les enjeux liés au travail décent avec les fonctions clés des API telles que la promotion, la facilitation, le suivi et l’évaluation ».

Ibrahima Karambe a par ailleurs salué le partenariat avec ONU Commerce et Développement, qui contribue à la mise en œuvre du projet Investir dans l’UEMOA. Il a appelé à une mobilisation collective face aux défis économiques, politiques et sécuritaires, tout en annonçant la prochaine signature d’une convention de partenariat entre l’OIT et la Commission de l’UEMOA.

Des accords d’investissement à réformer pour plus d’équité sociale

Dans la même dynamique, Hamed El Kady, coordinateur en chef à la section des accords internationaux d’investissement à ONU Commerce et Développement, a plaidé pour une révision en profondeur des traités bilatéraux d’investissement signés par les pays de l’UEMOA. « Autrefois, il y a 10 ans, il y a 20 ans, la réussite d’une politique d’investissement se mesurait principalement à travers des indicateurs quantitatifs: combien d’argent j’ai reçu, combien d’emplois ont été créés? », a-t-il expliqué.

« Aujourd’hui, les États sont appelés à élargir le spectre de l’évaluation. Il faut inclure des aspects plus qualitatifs, tels que l’impact de l’investissement sur l’économie locale, la cohérence avec les stratégies nationales de développement, ainsi que la nature des emplois créés », a-t-il ajouté.

Selon lui, la majorité des 118 traités bilatéraux d’investissement conclus dans l’espace UEMOA avant 2009 « n’ont aucune disposition qui vise à protéger le droit des États à réglementer » et « ne proposent pas de mécanismes favorisant la création d’emplois décents ».

« Il y a donc vraiment une urgence à réformer, à moderniser tous ces accords-là », a insisté El Kady, en appelant à « renforcer la cohérence entre les politiques nationales et régionales » pour mieux aligner les investissements sur les normes sociales, environnementales et de travail.

Conduite responsable des entreprises et création d’emplois décents

La spécialiste en conduite responsable des entreprises à l’OIT, Josée Laporte, a pour sa part introduit la Déclaration des principes tripartites sur les entreprises multinationales et la politique sociale un instrument clé pour encourager les entreprises à adopter des pratiques durables et respectueuses des droits du travail.

« On travaille avec différents partenaires pour promouvoir la conduite responsable des entreprises à travers les opérations et les investissements. Notre objectif est d’attirer des investissements directs étrangers qui se traduisent par du travail décent », a-t-elle expliqué.

Josée Laporte a rappelé que cette déclaration vise à maximiser l’impact positif des entreprises sur le développement notamment par la création d’emplois et le transfert de compétences tout en réduisant leur impact négatif sur les droits fondamentaux, la sécurité et la santé au travail.

« Le positif doit être augmenté et le négatif diminué au maximum », a-t-elle insisté. Elle a précisé que l’OIT et ses partenaires, dont l’OCDE et l’ONU Commerce et Développement, œuvrent à « intégrer les principes du travail décent dans les codes d’investissement et les stratégies nationales ».

Vers une harmonisation régionale et un suivi rigoureux

Interrogée en marge des travaux, Josée Laporte a souligné que la mise en œuvre des recommandations dépend désormais des États membres. « La balle est dans le camp des différentes agences de promotion des investissements. Il s’agit de voir comment elles vont mettre de l’avant une approche coordonnée avec les ministères du travail de l’espace UEMOA pour faire du travail décent une réalité », a-t-elle confié.

Elle a aussi mis l’accent sur la nécessité d’adopter des indicateurs communs de suivi et d’évaluation. « Il est important d’avoir les bons indicateurs pour évaluer si les investissements qui sont venus se traduisent par des emplois plus nombreux et de meilleure qualité », a-t-elle précisé. Les recommandations issues de l’atelier devraient, selon elle, influencer les futures réformes des codes d’investissement et favoriser l’adoption d’un système régional de suivi des IDE aligné sur les objectifs de développement durable et le travail décent.

Un partenariat stratégique pour une croissance inclusive

L’atelier, soutenu financièrement par la France, réunit des représentants des ministères de l’investissement, des agences nationales, ainsi que des partenaires techniques et institutionnels tels que l’ONUDI, l’OCDE, l’OIE et la Confédération syndicale internationale – Afrique. Pour l’OIT, cette initiative s’inscrit dans la continuité de sa mission: aider les pays à élaborer des politiques publiques cohérentes qui allient croissance économique, inclusion sociale et durabilité environnementale.

« Cet atelier est une étape clé pour faire des investissements un moteur de création d’emplois de qualité et de prospérité partagée, afin de faire du travail décent une réalité dans la région. », a réitéré Josée Laporte.

À l’issue des échanges ce jeudi 13 novembre 2025, les participants vont adopter une série de recommandations visant à renforcer la coordination entre les États membres, à promouvoir la conduite responsable des entreprises et à intégrer les normes internationales du travail dans les stratégies d’investissement.

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