Anouar CHENNOUFI
Africa-Press – Benin. Dans la plupart des pays africains, en particulier en Afrique subsaharienne, et dans les zones rurales et marginalisées, les familles dépendent des femmes qui exercent des métiers difficiles :
• elles se déplacent pour travailler dans les fermes,
• ou pour trouver de la nourriture, de l’eau, et du bois de chauffage,
• ou encore pour d’autres besoins domestiques.
Selon des données de la Banque mondiale, les femmes africaines constituent plus de la moitié de la population du continent africain et souffrent d’un faible niveau d’éducation, de santé et d’économie, et en plus, les femmes africaines sont les plus porteuses de fardeaux et de difficultés au travail.
Celles travaillant dans le secteur agricole rémunéré souffrent quant à elles de bas salaires, d’un manque d’accès à la terre et d’un manque de sources de soutien financier.
Habituellement, le travail des femmes dans le secteur non organisé, comme les fermes, l’élevage, le pâturage et l’artisanat, est considéré comme une extension de leur rôle reproductif et traditionnel inné de prise en charge de la famille, ce qui non seulement les prive de salaire, mais aussi les a empêchés d’intégrer ce travail dans le produit national, car la plupart des emplois que les femmes exercent ne sont pas enregistrés dans les statistiques officielles, ce qui révèle un net préjugé contre le travail des femmes et une confusion entre son travail rémunéré et ses devoirs envers sa famille, car elles jouent un rôle important dans la production de produits de base tels que le coton, le thé, le café et le cacao et autres.
En outre, il existe un important secteur de travail féminin informel dans les professions marginales ou le petit commerce.
L’entrée précoce des femmes africaines sur le marché du travail les a fait souffrir pendant des décennies d’une situation économique et sociale sans commune mesure avec leur contribution à l’économie vivante.
Séquelles de la période coloniale
Femmes travaillant dans l’infrastructure
Après l’indépendance, les femmes africaines ont été affectées par l’instabilité économique des nouveaux pays émergents et par les défis politiques, économiques et environnementaux auxquels leurs pays sont confrontés. Les gouvernements, pour la plupart héritiers du colonialisme à tendance socialiste ou révolutionnaire, ont contrôlé les prix dans le commerce ainsi que les salaires pendant la période instable des années 70 et 80 du siècle dernier, jusqu’à l’émergence de nombreux mouvements protestataires organisés par les femmes dans la plupart des régions d’Afrique, et beaucoup d’entre elles se sont déplacées vers les villes, où elles ont été confrontées au manque ou à l’absence du travail qu’elles savaient faire, alors elles se sont orientées vers les services domestiques (femmes de ménage) et d’autres travaux manuels.
Lors du Sommet de l’Union africaine, tenu le 14 février 2020 à Addis-Abeba, dans le cadre de la mobilisation et du soutien de la mise en œuvre des engagements en matière d’égalité des sexes et d’autonomisation des femmes, un autre domaine de travail dans lequel les femmes sont confrontées à des difficultés supplémentaires a été souligné par le président de la Commission de l’U.A. Moussa Faki, qui a déclaré que « les femmes représentent 70 % des commerçants informels transfrontaliers et ont jusqu’à présent fait l’objet de harcèlement, de violence, de confiscation de biens et même d’emprisonnement ».
Il a suggéré de « réduire les tarifs douaniers, de mettre en place des systèmes commerciaux simplifiés, de les protéger et de relier les travailleurs agricoles aux marchés d’exportation de produits alimentaires ».
La pauvreté mise au « féminin »
Femmes transportant des fagots de bois
De nombreux facteurs affectent directement les conditions de travail des femmes.
Facteur environnemental :
• la sécheresse dans les zones d’agriculture et de pâturage, en particulier pour les tribus qui ne maîtrisent aucune autre activité économique que ces deux activités.
• l’exposition des femmes à la pollution sur le lieu de travail, comme les ouvrières d’usine, qui sont au niveau d’emploi le plus bas en tant qu’ouvrières de production.
Facteurs démographique :
• la fécondité,
• et comme les soins aux enfants sont directement liés aux femmes, les grossesses et le nombre d’enfants affectent la recherche d’un emploi ou la poursuite du travail.
Nous constatons, par ailleurs, que la plupart des employeurs refusent toujours de supporter les conséquences de l’embauche d’une femme, comme le mariage, la grossesse et l’accouchement.
Compte tenu des taux de fécondité élevés dans les pays africains, le choix des femmes, en particulier celles qui n’ont pas atteint un certain niveau d’instruction, pour les professions manuelles est confiné au secteur informel afin qu’elles ne soient pas liées par ce qui entrave leurs responsabilités dans la garde de leurs enfants.
Autres facteurs nuisibles également aux femmes
Ouvrières dans le moulage de briques rouges
Dans ce contexte, nous découvrons aussi les facteurs démographiques, les migrations et les déplacements dus aux guerres, aux conflits et à l’instabilité dans la plupart des pays africains, en plus de la migration masculine qui affecte à son tour le travail des femmes en entrant dans le domaine du travail acharné.
A noter entre-autres que le travail des femmes africaines est également affecté par les conditions environnantes et les changements dans les types de travaux entre les deux sexes et les transformations économiques qui, à leur tour, affectent la société, et leur impact sur les femmes est plus important que sur les hommes.
La conséquence de cette situation est ce que l’on appelle le phénomène de « féminisation de la pauvreté », un terme décrivant le phénomène selon lequel les femmes représentent une proportion disproportionnée des pauvres dans le monde.
De son côté, le Fonds de développement des Nations Unies pour la femme la décrit comme étant « le fardeau de la pauvreté supporté par les femmes, en particulier dans les pays en développement ». Cela se reflète dans les images de la propagation de la pauvreté de revenus selon le genre social dans les pays africains, et les effets de l’élargissement de l’écart entre les sexes, surtout si la femme est le soutien de famille ou exerce des professions qui la rémunèrent moins que ce que perçoive l’homme.
Il importe de rappeler que la souffrance des femmes africaines fût portée même à l’écran, et dans ce contexte on peut citer le récent film soudanais « Bénissez-les », qui incarne la souffrance des femmes, notamment à Darfour (au Soudan), et qui a été projeté au Festival du film africain de Louxor, en Egypte, en mars dernier.
Pour avoir une idée sur les souffrances des femmes évoquées dans ce film, vous pouvez allez sur le lien suivant :
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