Anouar CHENNOUFI
Africa-Press – Benin. Les liens que les Émirats arabes unis (EAU) entretiennent avec les pays africains sont anciens, cependant la naissance d’une véritable politique africaine émirienne remonte seulement à une quinzaine d’années. D’abord instiguée par l’émirat de Dubaï, motivé par les opportunités qu’offre le continent africain, elle sert avant tout les intérêts commerciaux des EAU et répond à leurs impératifs en matière de sécurité alimentaire.
Abu Dhabi a entamé au cours des cinq dernières années une réorientation de sa politique africaine autrefois guidée principalement par des logiques commerciales. Comme au Moyen-Orient et en Asie du Sud, cette politique émirienne est directement le fruit des choix du prince héritier Mohammed ben Zayed. Elle reflète certains fondamentaux de sa vision des affaires internationales, et particulièrement sa conviction selon laquelle la compétition régionale entre Abu Dhabi et les forces islamistes est un jeu à somme nulle, et qu’une approche coercitive s’appuyant sur l’outil militaire et les ressources économiques des EAU peut l’emporter.
En ce sens, la trajectoire de la politique africaine des EAU dépendra de l’aptitude d’Abu Dhabi à accepter la logique propre des dynamiques politiques locales, et notamment le désir des pays partenaires de ne pas toujours intégrer dans leur horizon la compétition stratégique intra-Golfe. Elle dépendra aussi de la volonté et de la capacité d’Abu Dhabi à donner un contour multilatéral à cette politique, en contribuant à de nouvelles initiatives telles que le forum sur la mer Rouge lancé par l’Arabie Saoudite, ou en intégrant sa politique aux efforts de renforcement de l’architecture de sécurité et de développement en Afrique, que ce soit avec l’Union Africaine, le G5 Sahel ou encore l’Union européenne. Les EAU ont justement exprimé leur volonté d’accroître leur présence au sein des organes de gouvernance internationaux, comme en témoigne leur récente élection à un poste de membre non permanent au Conseil de sécurité de l’ONU pour la session 2022-2023. Un test clé pour consolider leur rôle en tant que nouvel acteur stratégique sur le continent africain.
C’est donc à partir de ce schéma que la coopération « Emirats arabes unis & Israël » a pris sa naissance pour en faire un DUO coopératif dans plusieurs pays du Continent africain.
Près de deux ans depuis la signature de l’accord de normalisation entre l’État d’Israël et les Émirats arabes unis, plus connu sous « accords d’Abraham », signés en 2020, il s’est avéré que leurs ministères des Affaires étrangères travaillaient à la création d’une base de données qui a comme objectif, cette fois, de relier les entreprises des deux pays dans le continent africain, avec des projets communs en « joint-ventures » qui porteront sur l’agriculture, l’eau, les communications et le monde numérique, surtout à la lumière de la pénétration israélienne croissante de ce continent depuis des années, à travers ces portails économiques.
En fait, nombre d’accords ont déjà été conclus depuis l’annonce de la normalisation entre les deux pays, que ce soit dans les domaines agricole, médical, universitaire, bancaire, touristique… et même militaire. Ainsi, le récent accord signé entre « Israël Aeropsace Industries et EDGE », pour développer et fabriquer des drones, est le premier accord militaire officiel entre les deux pays.
Ce nouvel accord est une nouvelle étape dans le développement rapide des relations économiques entre Abou Dhabi et Tel-Aviv, sachant que depuis la signature de l’accord de normalisation, le volume des échanges entre eux a bondi de 438% en un an seulement, et atteint 1,1 milliard de dollars (3,7 milliards de shekels), soit plus que le volume des échanges commerciaux entre l’Etat hébreu et l’Égypte, et les estimations indiquent que le volume des échanges devrait atteindre des milliards de dollars par an dans les années à venir.
Avec l’essor du commerce mutuel, la coopération commerciale et les liens économiques se renforcent, ajoutant une dimension de profondeur entre les deux pays.
Dans ce contexte, l’Adjointe du président de la Division économique au ministère des Affaires étrangères israélien, Yael Ravia-Zadok, aurait déclaré : « Nous avons constaté aux Émirats arabes unis un grand intérêt pour la coopération entre leurs entreprises locales et leurs homologues israéliens dans des projets communs en Afrique, en particulier en Ouganda, Kenya, Nigéria, Ghana, Côte d’Ivoire et Sénégal, et les Émirats arabes unis sont conscients de la réputation des entreprises israéliennes dans ces projets sur le continent, sachant qu’il y a ici un grand potentiel économique, avec la nécessité de relever ensemble les défis mondiaux, notamment la crise climatique, et ses effets sur le Moyen-Orient et le continent africain ».
Il importe de noter que, selon les estimations israéliennes, la population du continent africain passera de 1,3 milliard de personnes en 2020 à 2,5 milliards d’ici 2050, ce qui signifie que le continent africain représentera le quart de la population mondiale, et qu’il a besoin d’investissements de 130 à 170 milliards de dollars pour des projets d’infrastructure, ce qui demande à l’Etat d’Israël de fournir des compétences et capacités de haut niveau dans les domaines de l’agriculture et de l’eau, ainsi que dans les domaines des communications et du domaine numérique, y compris le cybernétique, les communications cellulaires, la technologie financière et la gouvernance, qui sont des questions très demandées en Afrique.
On doit se demander, d’ailleurs, si l’accord émirati-israélien de coopération sur le continent africain ne vienne servir Israël en premier lieu, car c’est lui qui connaît le mieux les besoins du continent, surtout après que le ministère israélien de l’Économie ait révélé plus tôt que 700 millions de dollars attendent ses entreprises soucieuses de développer leurs exportations en Afrique.
Dans ce contexte, Israël convoite que son orientation économique vers l’Afrique ait des répercussions sur sa croissance économique et l’augmentation des opportunités d’emplois sur le continent africain, malgré le fait que le rapport de force israélo-africain atteint un milliard de dollars par an.
D’après le langage des chiffres, les investissements et exportations israéliens dans les pays africains se répartissent à ce jour comme suit :
• Kenya 150 millions de dollars,
• Nigeria 105 millions de dollars,
• Ouganda 70 millions de dollars,
• Éthiopie 33 millions de dollars,
• Cameron 60 millions de dollars.
Quant aux six pays africains dont on a parlé plus haut, ils n’ont pas été choisis au hasard, mais ont été sélectionnés selon des critères liés au niveau de capacité à conduire des intérêts commerciaux, à la maturité politique, aux projets à l’ordre du jour, et autres. La forme de la demande de projets économiques a également été examinée, dans ces pays, en relation avec les préférences relatives des entreprises des Emirats arabes unis et d’Israël.
C’est pourquoi, à la lumière de la stratégie existante de renforcement de ses relations avec l’Afrique, Israël travaille sur plusieurs domaines et par le biais de plusieurs canaux pour aider les exportateurs israéliens à pénétrer les marchés du continent en nommant de nouveaux délégués commerciaux dans plusieurs pays, ce qui fait que les Israéliens profitent des capitaux émiratis les plus faisables sur ce continent.
1- La Coopération Israélo-Emiratie en OUGANDA
Jusque-là traitée « en cachette », la coopération entre l’Etat hébreu et certains Etats, commence à s’afficher au grand jour, et Israël entretient aujourd’hui des relations diplomatiques avec une quarantaine d’Etats africains.
Rappelons que grâce à sa ténacité et à son offensive diplomatique, l’Etat hébreu a réussi à obtenir, en 2021, le statut d’observateur au sein de l’organisation panafricaine malgré la rude opposition de l’Afrique du Sud et de l’Algérie.
Pour le cas de l’Ouganda, il s’agit d’un pays à 80% chrétien et où les musulmans représentent 12% de la population alors que les juifs ne sont qu’une toute petite minorité d’environ 2 à 3.000 membres, principalement rassemblés dans la région de Mbale, une zone majoritairement musulmane.
L’Ouganda est l’un des deux principaux alliés de l’entité israélienne sur le continent africain (avec le Kenya), ce qui explique l’envoi de conseillers spéciaux, de petites unités de combat, de drones, d’équipements de surveillance et de bateaux rapides pour soutenir les systèmes sur place.
Après l’abandon par les Arabes de leur principale affaire, notamment l’affaire palestinienne, l’entité israélienne a trouvé un terrain fertile en Afrique, ce qui lui a permis d’obtenir des marchés pour ses armes et d’y étendre son influence, d’autant plus que de nombreux régimes autoritaires du continent brun y ont trouvé leur but.
« Aujourd’hui, Israël est de retour en Afrique », a expliqué le chef de la diplomatie israélienne, Yaïr Lapid, lors d’une conférence sur la coopération entre l’Etat hébreu et le continent, organisée le 31 mai 2022 à Paris, par l’ambassade d’Israël et l’American Jewish Committee (AJC).
Souhaitant profiter de la dynamique des Accords d’Abraham, signés avec les Emirats arabes unis, le ministre des Affaires étrangères, qui intervenait à distance, a fait part de son désir d’intensifier les partenariats dans les domaines de la sécurité, de l’économie, des technologies, des énergies vertes où les entreprises israéliennes ont pris les devants.
Par ailleurs, la sécurité est devenue un axe majeur de la relation entre Israël et l’Afrique alors que la menace des groupes armés s’étend du Sahel aux pays côtiers du Golfe de Guinée, de l’Afrique de l’Est à la zone australe.
Tel Aviv et surtout ses groupes privés proposent une palette d’outils, allant du renseignement à la cybersécurité en passant par la formation militaire et les équipements de défense.
Pour rappel, plus de deux décennies auparavant, vers la fin des années 90, l’Ouganda avait envoyé déjà une mission en Israël pour étudier les projets d’eau situés dans les provinces du nord de l’Ouganda, en vue de pouvoir utiliser l’eau qui coule du Lac Victoria.
Dans le même contexte, en 1996, des experts israéliens sont venus mener des recherches dans le bassin du Nil en Ouganda, pour implanter divers projets d’irrigation, et en mars 2000, l’Ouganda et Israël signèrent un accord, lors de la visite d’une délégation du Ministère israélien de l’agriculture, accord qui stipulait la mise en place de projets d’irrigation dans 10 provinces ougandaises touchées par la sécheresse.
Israël a été l’instigatrice également d’importantes décisions en Ouganda d’où le financement de la construction de trois barrages sur le Nil en Ouganda, qu’elle utilisa pour produire de l’électricité, et exploiter l’eau stockée dans ces barrages pour le développement agricole.
A noter qu’Israël avait tenu entre-autres en 2009 à Tel-Aviv, une conférence sur la technologie de l’eau et l’environnement, à laquelle avaient assisté les trois ministres de l’eau de l’Ouganda, du Kenya et de la Tanzanie, et le but de cette conférence était d’identifier les besoins de chaque pays et ce qu’il attend de l’expérience israélienne.
On peut donc le dire très ouvertement, les perspectives des nouvelles relations de coopération entre l’Ouganda et Israël, avec le considérable appui financier des Emirats arabes unis évidemment, prendront à l’avenir une nouvelle tournure objective et juteuse, comme cela a été annoncé ces jours-ci.
Surtout, en fonction de ce qui a été annoncé en Ouganda, dans la deuxième semaine de juin 2022, que des prospections exploratoires montraient que le pays disposait de gisements d’or brut contenant environ 31 millions de tonnes, et qu’il souhaitait attirer de gros investisseurs pour développer le secteur.
Israël autant que les Emirats arabes unis ne laisseraient donc pas leur échapper une telle opportunité.
2- La Coopération Israélo-Emiratie au KENYA
– « Nous, au Kenya, voyons Israël comme un ami cher, et il a une place très spéciale ».
– « Les ennemis du Kenya sont les ennemis d’Israël ».
Ces deux déclarations proviennent de deux hauts responsables, un Kenyan et un Israélien !
La première déclaration a été faite par le président actuel du Kenya « Uhuru Kenyatta », lors de sa visite rendue à l’État d’Israël en 2016, et la deuxième déclaration est attribuée au Premier ministre israélien, « Benyamin Netanyahu », en novembre 2011.
Ces déclarations résument les relations, entre Nairobi et Tel-Aviv ces dernières années, que les médias israéliens ont qualifiées de solides et…« intimes ».
Les relations entre Israël et le Kenya ne datent pas d’aujourd’hui, mais s’étendent à plus d’un demi-siècle, et plus précisément lorsque la ministre israélienne des Affaires étrangères « Golda Meïr » rendit une visite officielle au Kenya en 1963, alors qu’il était encore une colonie britannique, et où elle avait mis la première pierre à l’ambassade d’Israël à Nairobi, accompagnée du Premier ministre kenyan, Jomo Kenyatta, qui devenait plus tard le premier Président de la République du Kenya, de 1964 à 1978.
A noter que Jomo Kenyatta, est le père du président actuel Uhuru Kenyatta.
La relation entre les deux parties est ouverte à tous les niveaux, en particulier dans l’armée, puisqu’Israël forme constamment l’armée kenyane et envoie des conseillers militaires à Nairobi.
Puis cette relation s’est consolidée et a pris de l’ampleur dans le sillage de la guerre d’Octobre 1973 (guerre de kippour) et s’est poursuivie jusqu’à la moitié des années 90 du siècle dernier, au cours de laquelle le Kenya s’était conformé à la recommandation de l’Organisation de l’Unité africaine de couper ses relations avec Israël, diplomatiquement, et malgré cela, Nairobi a demandé de nouveau à Tel-Aviv, en 1975, l’envoi de conseillers militaires et de chars, sachant que le Kenya a également joué un rôle logistique important dans l’opération « Entebbe » en Ouganda en 1976.
Le Kenya est l’un des deux principaux alliés de l’entité israélienne sur le continent africain avec l’Ouganda, ce qui explique l’envoi de conseillers spéciaux, de petites unités de combat, de drones, d’équipements de surveillance et de bateaux rapides pour soutenir les systèmes sur place.
En effet, du fait de l’abandon des Palestiniens par les Arabes, les régimes africains ne trouvent plus, à leur tour, d’embarras dans la normalisation avec l’Etat d’Israël. La raison qui a empêché certains dirigeants africains de se précipiter vers « Israël » et la normalisation avec lui n’existe plus, tant que les Arabes – les propriétaires de la cause – l’ont finalement rejetée.
Ce qui distingue entre-autres la relation entre Nairobi et Tel-Aviv, c’est qu’elle ne repose pas sur un seul domaine, mais « l’intimité » entre les deux pays, telle que décrite par les journaux israéliens, repose sur la diversité des domaines de coopération ; outre la coopération en matière de sécurité et de politique, il existe également un partenariat dans le domaine économique et commercial, grâce à des opportunités et avantages du côté israélien.
Le Kenya est un marché attractif pour l’exportation d’armes et de matériel militaire, car non seulement Israël exporte des armes au gouvernement kenyan, mais s’occupe également des marchands d’armes du secteur privé, c’est pourquoi Israël possède des liens forts avec des groupes influents dans la société.
Tout comme Israël cherche à obtenir les matières premières et les ressources primaires pour ses industries, comme tout pays, le Kenya se dresse quant à lui comme un marché idéal pour l’exportation des produits israéliens.
Ainsi, les perspectives des nouvelles relations de coopération entre le Kenya et Israël, avec l’appui financier des Emirats arabes unis évidemment, prendront à l’avenir une nouvelle tournure objective et juteuse.
3- La Coopération Israélo-Emiratie en CÔTE-D’IVOIRE
Pilier de l’influence israélienne en Afrique de l’Ouest depuis Houphouët-Boigny, Abidjan a renforcé un peu plus son alliance avec Tel-Aviv et ses entreprises sous l’influence de Stéphane Konan, le conseiller de feu Hamed Bakayoko (un homme d’État ivoirien membre du RDR-RHDP du président Alassane Ouattara, qui fût Premier ministre de juillet 2020 à sa mort le 10 mars 2021, des suites d’un cancer foudroyant).
Confronté à une rébellion à partir de septembre 2002 et à l’hostilité de la France de Jacques Chirac, le président ivoirien Laurent Gbagbo sollicite de son côté l’aide militaire israélienne. Son ministère de la Défense acquiert alors du matériel de transmission de pointe et deux drones auprès de l’État hébreu. Tel-Aviv envoie même à Abidjan une cinquantaine de conseillers militaires, chargés notamment des écoutes téléphoniques. Sous l’impulsion de l’ambassadeur israélien à Abidjan Benny Omer, Tel-Aviv facilite aussi la venue de spécialistes du renseignement militaire et d’experts de l’espionnage pour la formation d’agents ivoiriens.
Alors que Laurent Gbagbo est poussé vers la sortie lors de la crise postélectorale de 2010-2011, Abidjan est en réalité déjà devenue – avec le Togo – la plaque tournante des milieux d’affaires israéliens en quête d’opportunités d’investissements en Afrique de l’Ouest. Alassane Ouattara ne va pas modifier cet état de fait. Dès juin 2012, il effectue lui-même une visite officielle en Israël et met peu à peu en place ses propres réseaux.
La visite d’Alassane Ouattara à Jérusalem, du 16 au 21 juin 2012, a ouvert de nouvelles perspectives à la coopération bilatérale entre la Côte d’Ivoire et Israël.
A noter que la formation militaire est au sommet de la stratégie israélienne pour renforcer les relations diplomatiques en Afrique, et selon un reportage télévisé, des commandos de Tsahal enseignent aux forces locales le “Krav Maga”*, combattent dans les zones urbaines et sauvent des otages dans 12 pays africains, dans le cadre d’une stratégie israélienne plus large visant à renforcer les relations diplomatiques sur le continent africain.
Il importe de noter entre-autres que, dans le cadre du renforcement de la coopération et du partenariat stratégique entre les deux pays, l’ambassade d’Israël en Côte d’Ivoire a accompagné la Chaire Unesco « Eau, femmes et pouvoir de décisions », dirigée par Euphrasie Kouassi Yao, pour la formation professionnelle d’environ cinquante hommes et femmes en 2020, selon le quotidien ivoirien Fraternité Matin.
Le projet fût mené à cette époque en coopération avec l’agence Mashav de coopération internationale pour le développement, qui appartient au ministère israélien des Affaires étrangères.
« À travers ce partenariat, nous faisons honneur à tous les pères fondateurs de l’amitié et de coopération entre Israël et la Côte d’Ivoire en l’occurrence Félix Houphouët-Boigny et le Premier ministre David Ben Gourion », avait indiqué l’ambassadeur, qui a confié que ce projet aidera au renforcement des relations bilatérales.
Ces dernières années, Israël et la Côte d’Ivoire, qui entretiennent de bonnes relations diplomatiques depuis une cinquantaine d’années, ont notamment coopéré en matière de santé, de sécurité ou encore d’agriculture.
Des responsables des deux pays se sont rencontrés à plusieurs reprises, dont évidemment Alassane Ouattara, actuel Président de la Côte d’Ivoire.
L’an dernier, des entrepreneurs israéliens et ivoiriens s’étaient rencontrés à Tel Aviv pour un premier sommet économique bilatéral visant à renforcer et développer les relations entre les deux pays.
La coopération israélo-émiratie prévoie de nouvelles perspectives pour les relations de coopération entre la Côte d’Ivoire et Israël, toujours avec l’inévitable appui financier des Emirats arabes unis, et prendra à l’avenir d’importantes dimensions.
4- La Coopération Israélo-Emiratie au NIGERIA
Les rapports entre Israël et le Nigeria – première puissance économique du continent noir – datent de la fin des années 1950. En 1960, après l’indépendance de l’Etat africain, des relations diplomatiques sont établies entre les deux pays. A cette époque, elles exprimaient le désir d’Israël, lui-même jeune Nation, de partager son expérience et son expertise avec le pays nouvellement affranchi du joug britannique.
Dans le cadre de la politique africaine du gouvernement israélien et ses projets d’expansion sur le continent, des centaines d’experts et de volontaires sont envoyés pour aider à la modernisation de l’agriculture, de l’éducation, de la santé, de la formation et de la technologie nigérianes. L’Etat juif forme ainsi de nombreux cultivateurs, enseignants, universitaires, étudiants, médecins, travailleurs communautaires et ingénieurs locaux. On relève que de grandes sociétés israéliennes et d’entrepreneurs privés s’impliquent dans l’essor du Nigéria et participent aux plus importants projets nationaux.
Pourtant en 1973, après la guerre du Kippour, sous la pression de la Ligue Arabe, la République ouest-africaine avait rompu ses relations diplomatiques avec l’Etat hébreu avant de les rétablir 20 ans plus tard. En 1992, Jérusalem ouvre une ambassade à Abuja et en avril 1993, pour la première fois, le Nigeria inaugure à son tour à Tel-Aviv, l’une des plus grandes ambassades africaines en Israël.
En 2006, un Forum des Affaires Israélo-Nigérian est en outre inauguré à Abuja.
De surcroit, le renforcement des liens israélo-nigérians a vu l’augmentation constante du nombre de touristes africains qui visitent Israël chaque année. L’objectif de Jérusalem était d’arriver à 100.000 visiteurs nigérians/an, un nombre très largement dépassé aujourd’hui.
Dans ce contexte, on estime que la coopération bilatérale entre Israël et le Nigeria peut être encore approfondie grâce à des relations fondamentales entre les gouvernements et les peuples des deux pays.
L’ambassadeur d’Israël au Nigeria, Michael Freeman l’avait dit dans son discours d’ouverture sur « les attentes des relations économiques entre Israël et le Nigeria » lors de la réception civique en l’honneur de l’ambassadeur d’Israël au Nigeria à Abuja. L’événement était organisé par le Nigeria-Israel Business Forum (NIBF), une organisation non gouvernementale visant à approfondir la coopération économique entre Israël et le Nigeria.
A rappeler qu’en 2014, Israël avait envoyé des experts du renseignement au Nigeria pour aider à rechercher plus de 200 écolières enlevées par le groupe armé Boko Haram. Le groupe d’experts comprenait des personnes expérimentées dans la gestion des situations d’otages.
On relève également que l’organisation terroriste « Boko Haram » a tué des milliers de personnes dans sa campagne pour établir un État islamique dans le nord-est du Nigeria, majoritairement musulman.
C’est d’ailleurs ainsi qu’Israël, qui a des liens de défense avec un certain nombre de pays africains, a vendu des drones de surveillance au Nigeria.
A noter que le gouvernement fédéral du Nigéria et les EAU avaient déjà conclu, le jeudi 7 décembre 2017, un accord bilatéral relatif aux services aériens. L’accord fût signé à cette époque à Colombo au Sri Lanka par le ministre nigérian de l’aviation civile, le sénateur Hadi Sirika, en marge de la 10ème conférence de l’OACI.
Cet accord devait renforcer les échanges commerciaux et améliorer la connectivité au grand « bénéfice mutuel » des deux pays.
Le ministre avait annoncé par la même occasion le lancement de ligne de Dubaï par la compagnie nigériane Medview, basée à Lagos.
Par ailleurs, les EAU ont accueilli la première réunion du comité mixte Émirats arabes unis-Nigéria au cours de laquelle les deux parties ont discuté de la coopération politique et économique, soulignant l’importance d’établir de nouveaux canaux de coopération bilatérale.
L’événement s’est tenu au ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale à Abu Dhabi, et la réunion était co-présidée par Cheikh Shakhboot bin Nahyan bin Mubarak Al Nahyan, ministre d’État, et Zubairu Dada, ministre d’État aux Affaires étrangères du Nigéria.
Un certain nombre de hauts fonctionnaires du gouvernement nigérian ont participé à la réunion, et la délégation émiratie comprenait des hauts fonctionnaires représentant diverses entités gouvernementales fédérales et locales, des organisations semi-gouvernementales et des entreprises privées.
Ils ont également discuté des opportunités de coopération dans les domaines du commerce et de l’économie, des PME, de l’entrepreneuriat, de l’énergie propre, de la technologie, de l’éducation, de la défense et de la sécurité, de la finance et de la banque, des douanes, de la culture, de la jeunesse et des sports et de l’aviation.
De facto, la solide coopération Israélo-Emiratie voit en le Nigéria un partenaire digne de considération où il y aura beaucoup à faire et dans pratiquement tous les domaines.
5- La Coopération Israélo-Emiratie au GHANA
Les Émirats arabes unis et Israël ont signé un accord de coopération pour fournir des garanties à la banque finançant un projet gouvernemental de soins de santé au Ghana.
Export Credit Union, la société de protection du crédit du gouvernement fédéral aux EAU, a signé un accord de coopération historique avec la Société israélienne d’assurance contre les risques du commerce extérieur pour fournir des garanties à la banque finançant le projet de santé ghanéen d’une valeur de 540 millions de dirhams (140 millions d’euros) pour construire quatre hôpitaux et la première installation centrale de stockage médical en République du Ghana.
L’accord, signé par Massimo Falcioni, PDG d’ECI et Nassim Ben Eli, PDG de la Société israélienne d’assurance contre les risques du commerce extérieur, est le premier projet de partenariat public-privé entre les Émirats arabes unis et Israël depuis la signature de l’accord de paix abrahamique en septembre 2020.
Cela ouvre également la voie à davantage de partenariats économiques et commerciaux, d’autant plus que les deux pays avaient précédemment conclu un accord de partenariat économique global visant à doubler les échanges et les investissements entre eux.
Il importe de noter aussi que le Ghana et les Emirats arabes unis (EAU) ont signé cinq nouveaux accords de coopération. Les nouvelles conventions ont été conclues dans le cadre de la visite d’Etat du président Nana Akufo-Addo au Cheikh Mohammed ben Zayed Al Nahyane, prince héritier de l’émirat d’Abu Dhabi.
Lesdits accords couvrent plusieurs secteurs et visent à renforcer les relations bilatérales entre le pays arabe et le Ghana
Cette annonce intervient dans un contexte de revitalisation et de diversification des relations de l’Etat émirati avec ses homologues africains. Pour le Ghana, ces nouveaux accords sont l’occasion de mobiliser des investissements pour financer ses projets d’infrastructures, en s’appuyant notamment sur le secteur privé.
« Nous avons décidé de construire un pays progressiste et prospère, et nous nous inspirons de l’histoire à succès de pays comme les Emirats arabes unis. Nous avons également décidé de marcher main dans la main avec le secteur privé et le monde des affaires dans ce voyage », a à cet effet déclaré le président Akufo-Addo.
Par ailleurs, le ministère de la Santé de la République du Ghana a confié à « Development and Construction Company Ltd. », une société d’ingénierie et de construction de premier plan en Israël, dont le siège est aux Émirats arabes unis, la tâche de mettre en œuvre la deuxième phase du projet, pour un coût total de 406 millions de dirhams (105 millions d’euros), ce qui renforcera l’accès facile aux installations médicales développées pour des milliers de citoyens ghanéens.
En vertu de l’accord, ECI et la Société israélienne d’assurance contre les risques du commerce extérieur garantiront les facilités financières fournies par la Banque d’escompte israélienne au ministère ghanéen des Finances.
La Corporation ouvrira de nouveaux horizons pour une coopération constructive et ouvrira de nouvelles opportunités de commerce et d’investissement pour la communauté des affaires, avec des perspectives prometteuses pour doubler ces chiffres au cours de la période à venir.
Des hôpitaux avancés et des installations de stockage adéquates pour les fournitures médicales sont essentiels pour fournir des soins de santé de haute qualité dans l’ère post-pandémique, ont souligné les observateurs.
D’autant plus que la coopération des Émirats arabes unis avec Israël reflète l’objectif commun des deux pays d’améliorer la qualité de vie des personnes dans le monde en leur fournissant de meilleurs établissements de santé, en finançant des projets avec le soutien d’agences internationales de crédit à l’exportation.
Cet accord réunit les agences de crédit à l’exportation des Émirats arabes unis et d’Israël, le ministère des Finances, de la Planification économique et de l’Ingénierie du Ghana, une entreprise de construction de soins de santé et une banque commerciale.
Il est à noter que cette coentreprise a reçu le prix annuel de l’investissement pour 2022 du Forum annuel de l’investissement dans la catégorie de l’investissement durable pour ses impacts environnementaux, sociaux et de gouvernance d’entreprise qui conduiront à des résultats financiers compétitifs à long terme.
L’Etat des Émirats arabes unis, qui a été le premier pays du Golfe et le troisième pays arabe à normaliser leurs relations avec Israël, sachant que la signature a été négociée par l’ancien président américain Donald Trump, en septembre 2020, se présente comme une « caution financière » pour les Etats africains vis-à-vis de leur coopération avec Israël, surtout que depuis la normalisation des relations entre eux, les EAU et l’Etat hébreu ont signé de nombreux accords dans divers domaines, en plus d’échanger la nomination d’ambassadeurs et les visites de responsables.
Les Émirats arabes unis et Israël, qui ont signé également, à Dubaï en mai dernier, un accord de libre-échange, le premier du genre, entre Israël et un pays arabe, en vertu duquel 96 % des marchandises échangées sont exemptées de droits de douane « immédiatement ou progressivement », s’unissent aujourd’hui pour prendre leur part sur le Continent africain.
6- La Coopération Israélo-Emiratie au SENEGAL
Dakar a écrit sa part d’histoire dans la normalisation des relations israélo-émiraties, le 14 octobre 2020, lorsque les Ambassadeurs d’Israël, Roi Rosneblit et S.E.M. Sultan Ali Al-Harbi des EAU se sont rencontré dans les locaux de l’ambassade des EAU à Dakar.
L’ambiance était chaleureuse et cordiale. «La coopération bilatérale était au menu des discussions», indiquait l’Ambassade des Emirats Arabes au Sénégal.
Dans sa page facebook, l’Ambassadeur Roi Rosenblit déclare : «J’ai été honoré et ravi de rencontrer aujourd’hui S.E. Sultan Al Harbi, Ambassadeur des EAU au Sénégal. Nous avons discuté, avec M. Muhammad Al Shamsi et Waledd Gadban de la coopération bilatérale entre nos pays et comment l’accord de paix israélo-arabe peut contribuer au développement et à la paix dans notre région et au-delà. C’est un plaisir de tenir une réunion à Dakar en arabe, et je remercie l’Ambassadeur Al Harbi pour l’hospitalité!”
Un mois auparavant, le 15 septembre, Israël avait entamé une nouvelle ère avec ses voisins du Moyen-Orient, et un accord de paix a été signé à Washington entre Israël et les Emirats Arabes Unis.
C’est d’ailleurs ainsi qu’un nouveau jalon a été franchi dans la relation entre les deux pays, qui ont décidé d’unir leurs efforts pour pénétrer l’Afrique.
Dans ce contexte, l’une des portes les plus importantes pour leurs projets communs, était bien sûr le domaine agricole.
Ayant conquis le désert sur son propre territoire, Israël est disposé à mettre son savoir-faire au service des pays africains qui cherchent à s’assurer une production agricole régulière malgré une pluviosité de plus en plus imprévisible.
« L’objectif d’Israël est de partager ses connaissances, notamment en matière d’irrigation et de gestion de l’eau, et non de se mettre en quête des ressources naturelles de l’Afrique », comme l’a déclaré le ministre israélien de l’Agriculture, Shalom Simhon.
« Nous ne venons pas ici en Afrique pour prendre leurs ressources aux pays africains. Nous venons ici pour donner notre savoir-faire à ces pays afin qu’ils se développent », a-t-il expliqué dans une interview accordée à l’agence de presse Reuters, dans le cadre d’une tournée qui l’a mené du Sénégal, en Côte d’Ivoire et au Gabon.
D’après les données les plus fiables, dix millions d’habitants de la région sont confrontés à des pénuries alimentaires en Afrique centrale et de l’Ouest en raison d’une absence ou d’un retard des précipitations des pluies saisonnières.
Selon Simhon, qui se trouvait au Sénégal, « Israël est le seul pays au monde qui a été en mesure de conquérir le désert. Plus de 50% de ce que nous exportons est produit dans des zones semi-arides. C’est notre atout, et c’est ce que nous aimerions apporter ici ».
Israël semble être en mesure d’aider le Sénégal à réduire sa dépendance vis-à-vis des importations, qui couvrent actuellement 80% de ses besoins alimentaires, car l’agriculture traditionnelle du Sénégal fonctionne au rythme d’une récolte par an, l’Etat hébreu dit savoir comment faire pour passer à trois ou quatre récoltes annuelles.
Le ministre israélien n’a pas divulgué de chiffres concernant les projets d’aide de son pays à l’agriculture africaine, mais il a souligné que plusieurs projets, financés par Israël, étaient d’ores et déjà développés au Sénégal.
« L’un des aspects les plus importants, c’est la technologie et l’utilisation de l’eau. Le monde est en train de s’assécher. Il y a moins d’eau, moins de jours de pluie », fait-il remarquer.
De son côté, le groupe émirati « Dubaï Port World » (DP World) va investir plus de 840 millions de dollars pour réaliser la première phase du port en eau profonde de Ndayane, à 70 kilomètres de Dakar, la capitale sénégalaise.
L’accord pour la construction de ce port et de sa zone économique spéciale sur 1 200 hectares a été signé fin décembre 2020, avec le troisième exploitant portuaire mondial, concrétisant « le plus important investissement privé de l’histoire du Sénégal », comme s’en est aussitôt félicité le président Macky Sall.
Les pays africains savent déjà que les Emiratis arabes unis sont conscients de la réputation des entreprises israéliennes dans les projets sur le continent africain, et qu’il y a un très grand potentiel économique. Outre l’importance d’une réponse commune aux défis mondiaux, au premier rang desquels la crise climatique et son impact sur le Moyen-Orient et le continent africain.
Dans le cadre de ce projet commun, les ministères des Affaires étrangères des Émirats arabes unis et d’Israël « soumettront des entreprises des deux pays pour inclusion dans la base de données conjointe, selon des critères préétablis ».
Cette base est le produit d’une divulgation mutuelle qui permettra le paiement de projets communs en Afrique, au cours desquels chaque entreprise affichera la taille de ses capacités et dans le cadre de cette joint-venture le ministère israélien des Affaires étrangères et son homologue émirati aideront les entreprises à travailler devant les gouvernements en Afrique.
Un responsable israélien s’est exprimé ainsi autour de la coopération israélo-émiratie en Afrique : « Nous traitons les dirigeants africains avec respect et appréciation et les traitons également comme des égaux, dans le langage de la véritable affection, de l’amitié personnelle et professionnelle ».
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