Anouar CHENNOUFI
Africa-Press – Benin. Après avoir achevé sa visite officielle au Cameroun, le président français Emmanuel Macron s’est rendu dans la soirée du mardi 26 juillet à Cotonou, dans le cadre de sa première visite officielle au Bénin.
Comptant faire de l’Afrique l’une des priorités de son second mandat présidentiel, afin de faire face à la concurrence de la Chine et de la Russie, Macron aurait décidé de parier sur le « soft power » plutôt que sur la politique ou le militaire utilisés par la France comme outils traditionnels d’influence.
Dès son arrivé à Cotonou, Emmanuel Macron a été reçu par le chef de l’Etat béninois Patrice Talon au complexe présidentiel « Marina Palace », avec lequel il a eu un entretien en tête à tête, lequel a été suivi d’une séance de travail entre les autorités béninoises et françaises, et de la visite d’une exposition bilatérale au Musée des Trésors Royaux et d’Art Contemporain du Bénin.
Dans leur allocution, Macron et Talon ont salué la qualité des relations bilatérales qui sied entre les deux pays amis, puis les deux délégations ont été conviées par la suite à un déjeuner organisé en cette occasion.
Une conférence de presse conjointe a été tenue par les deux Chefs d’Etat, lors de laquelle Macon a promis un soutien logistique de la France au Bénin qui fait face à la menace terroriste, s’engageant à lui fournir du matériel militaire pour soutenir ses efforts dans cette lutte contre les groupes armés.
Les deux présidents ont convenu pour que la France soutienne la sécurité, la culture et l’éducation, au Bénin.
De son côté, le président Patrice Talon a exprimé ses regrets devant le manque d’équipements et de matériels militaires sollicités de la France, déclarant dans ce contexte : « Nous avons les moyens financiers d’obtenir ces équipements, mais avec les tensions dans le monde, c’est devenu problématique ».
Répliquant à son homologue béninois, Macron a laissé entendre que : « l’acquisition d’équipements ne dépend pas seulement de la France, mais nécessite également une structuration préalable du Bénin ».
Se voulant tranquillisant, le président français a souligné que son pays sera toujours aux côtés du Bénin et de ses autorités dans la lutte contre le terrorisme en répondant à toutes leurs demandes, promettant entre-autres des pickups, du matériel de déminage, des gilets pare-balles, des casques de vision nocturne, et autres, sans oublier « la formation des Forces spéciales béninoises ».
Quant aux drones, Emmanuel Macron a confié dans ce contexte : « nous allons avancer pour répondre à votre demande », en s’adressant à son homologue Patrice Talon.
Si le Benin est un petit pays, il n’en demeure pas moins qu’il connait une belle croissance économique sous l’égide d’un Président entrepreneur, à savoir Patrice Talon, qui ne s’embarrasse pas de préjugés mais et qui est focalisé sur son principal objectif : « faire du Benin un modèle de développement en Afrique ».
Les économistes internationaux parlent d’une croissance moyenne de 6% de 2022 à 2025, le Benin n’est donc pas un pays à prendre à la légère : « La ville de Cotonou se transforme, les zones économiques spéciales fleurissent… le pays est en perpétuel mouvement ».
Au Bénin, les Ministères traditionnels et leurs administrations sont dotés de nouvelles agences dirigées par des personnes choisies par la Présidence et qui en réfèrent directement au président de la République.
Talon, qui souhaite voir davantage d’investissements français au Bénin, n’a pas laissé échapper l’occasion de faire l’éloge de son homologue français, déclarant dans ce sens : « Si je devais décrire nos relations récentes, je dirais qu’elles sont détendues et libérées des fardeaux du passé ».
Il a également salué le développement d’une coopération économique « sans précédent » entre les deux pays au cours des deux dernières années.
Un nouvel accord de partenariat stratégique pour la période entre 2022 et 2026, qui propulsera les relations entre les deux pays à un nouveau niveau, a été signé entre les deux pays amis.
Ce que l’on peut déduire des propos d’Emmanuel Macron, c’est que la France « sera toujours aux côtés des autorités béninoises » pour faire face à la menace terroriste. Mais elle le sera en répondant aux besoins formulés par le Bénin.
Il semble que la France vise d’abord un appui « civil », qui s’inscrira en appui aux stratégies de développement des zones les plus vulnérables et les plus exposées aux tentatives d’implantation des groupes armés dans la région, conformément à la réorganisation sécuritaire que la France a engagée sur le plan de l’ensemble de la région.
Rappelons que le Benin vient de bénéficier d’un financement du Fonds Monétaire International (FMI) de 630 millions de dollars, ce qui prouve que la transparence budgétaire du pays donne confiance aux bailleurs de fonds et aux investisseurs.
De facto, on peut dire que cette visite est une belle reconnaissance pour le Président Talon et pour son pays, le Benin, qui permet de renforcer la nouvelle image « inclusive » de la France qui est embarrassée avec la situation au Mali.
A la lumière de la visite de Macron à Cotonou, le ministre béninois des Affaires étrangères et de la coopération, Aurélien Agbénonci, a fait cette intéressante confession :
« Au Bénin, les Principes de bonne gouvernance, les principes de bonne gestion des affaires publiques, mais également les principes de protection des citoyens, autant que le respect des droits de l’homme, ces principes-là sont au cœur de notre action publique. À partir de cela, à partir du moment où c’est aussi un pays où on lutte contre la corruption, on essaie de transformer l’environnement au profit de nos populations, il est clair que ceci force l’admiration d’autres pays ».
Beaucoup voient donc dans cette visite du président Emmanuel Macron et de la forte délégation qui l’accompagnait, une reconnaissance pour les transformations opérées dans divers secteurs.
Aurelien Agbénonc a évoqué également les efforts en matière de consolidation de la démocratie :
« Aujourd’hui, en matière de renforcement de la démocratie, le Bénin a fait un long chemin, c’est un pays de grandes réformes et ces réformes commencent par montrer leurs résultats », a-t-il expliqué.
Ce sera surement l’occasion d’annoncer de nouveaux accords économiques entre les deux pays…
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