Louis Vlavonou : « Patrice Talon doit se représenter pour achever son œuvre »

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Louis Vlavonou : « Patrice Talon doit se représenter pour achever son œuvre »
Louis Vlavonou : « Patrice Talon doit se représenter pour achever son œuvre »

Africa-PressBenin. Président de l’Assemblée nationale du Bénin, Louis Vlavonou est un ardent défenseur des réformes économiques et politiques engagées par le chef de l’État, qu’il souhaite voir briguer un second mandat.

Député depuis 2003, l’ancien colonel des douanes Louis Vlavonou est un membre influent de l’Union progressiste (UP), l’un des deux partis de la mouvance présidentielle.

Élu au perchoir de l’Assemblée nationale à l’issue des législatives de 2019, il avait promis de restaurer la confiance dans une chambre tout entière acquise au pouvoir faute de participation de l’opposition au scrutin. Un chantier dont il est difficile de mesurer l’état d’avancement, même si l’intéressé constate une certaine décrispation qui l’encourage à poursuivre sur sa lancée.

À quatre mois de l’élection présidentielle, il défend le travail des députés et réaffirme son soutien au chef de l’État, dont il salue les réformes. Interview.

Lors de sa récente tournée nationale, le président Talon a incité les députés à se « serrer la ceinture ». La lutte contre la corruption n’est donc pas finie ?

Louis Vlavonou :

En invitant les Béninois à « se serrer la ceinture », le chef de l’État nous exhorte à nous détourner des pratiques peu orthodoxes dans lesquelles nous sommes empêtrés et qui empêchent notre pays de se lancer véritablement sur le chemin du développement.

L’Assemblée nationale n’est pas en marge de cette dynamique. C’est pourquoi, dès notre élection, nous avons mis en place des commissions ad hoc, chargées de contrôler, d’une part, la manière dont le Parlement utilise son budget et, d’autre part, la gestion financière de certaines structures relevant de l’Assemblée.

Les travaux de ces commissions nous ont convaincus d’aller plus loin, en nous fondant sur le règlement intérieur de l’Assemblée. Cela nous a permis ensuite d’engager des réformes qui ont abouti à la création de la Cellule de contrôle des marchés publics (CCMP) et de la Personne responsable des marchés publics (PRMP).

La création de ces deux organes répond à la volonté d’assainir les finances de l’institution parlementaire et de surmonter les difficultés liées à la passation des marchés publics. Nous avons également créé une cellule d’audit interne. Autrement dit, l’Assemblée nationale a reçu cinq sur cinq le message du chef de l’État !

Les opposants évoquent une « Assemblée monocolore », qui se contente d’être une chambre d’enregistrement…

C’est une critique facile. Je ne sais pas si y répondre sert à quelque chose. Il y a davantage de projets de loi soumis par le gouvernement que de propositions venant des députés parce que c’est le gouvernement qui est dans l’action publique au quotidien, comme c’est le cas dans d’autres démocraties.

Quant au contrôle parlementaire, il ne faut pas seulement l’analyser sous le prisme des commissions d’enquête. Il s’exerce par les questions, écrites ou orales, des députés au gouvernement.

En 2020, plus d’une vingtaine de questions majeures ont ainsi été posées au gouvernement, sur des sujets qui touchent à la vie quotidienne de nos compatriotes : paiement des rappels sur salaire des fonctionnaires d’État, régularisation de la situation professionnelle des enseignants du secondaire et des fonctionnaires d’État employés comme moniteurs dans les universités nationales, etc.

Vous êtes un membre fondateur de l’Union progressiste. Votre formation politique a-t-elle un candidat pour la présidentielle de 2021 ?

Oui, mais le temps n’est pas venu de le dire. Lors de la tournée nationale du chef de l’État, de nombreux militants l’ont ouvertement appelé à briguer un second mandat.

Le Bénin a engagé en 2016 un chantier de réformes politiques, institutionnelles et économiques qu’il convient de poursuivre et de consolider pour permettre à notre pays de jouir d’un développement socio-économique à la hauteur de sa maturité démocratique.

Le Bénin est sorti de la liste des vingt-cinq pays les plus pauvres du monde Au vu de la qualité du bilan du gouvernement, je suis de ceux qui pensent que cette dynamique doit se poursuivre.

Sur le plan économique, notons les bonnes performances du pays, qui, en pleine pandémie de Covid-19, est sorti de la liste des vingt-cinq pays les plus pauvres du monde établie par le FMI alors qu’il occupait encore la 20e place en 2015. L’Assemblée nationale du Bénin, à Porto Novo. © CHARLES PLACIDE TOSSOU

Depuis quelque temps, les institutions financières du monde entier décernent les unes après les autres un satisfecit au Bénin au regard des chiffres qui attestent de la bonne santé de son économie, doublée d’une croissance en hausse et d’une inflation maîtrisée.

Sur le plan agricole, notre pays est devenu au cours de la campagne 2018-2019 le premier producteur de coton d’Afrique (avec 678 000 tonnes) et, dans l’espace Uemoa, le deuxième producteur de cultures vivrières.

Enfin, en matière de gouvernance, il figure dans le top 10 des pays les moins corrompus du continent (dixième en Afrique subsaharienne, selon l’indice 2019 de la perception de la corruption de l’ONG Transparency International).

Revenant sur sa promesse de n’accomplir qu’un seul mandat, Patrice Talon devrait annoncer sa candidature. Que pensez-vous de ce retournement ?

Revenons sur les conditions qui prévalaient au moment des faits : en 2016, le candidat Talon prônait un mandat unique de sept ans. Mais, lors de la première tentative de révision de la Constitution, cette demande a été rejetée par les représentants du peuple, qui ont voulu maintenir le principe de deux mandats de cinq ans.

Résultat, la volonté du peuple s’impose à lui, et toute alternative pourrait être interprétée comme un passage en force. Cela dit, il est clair que, si Patrice Talon réunit toutes les conditions nécessaires, il a le droit, comme tout citoyen béninois, de se porter candidat. Rien, du moins au regard de la loi, ne l’en empêche.

La question des parrainages divise la classe politique. Pour que le scrutin présidentiel soit ouvert, des députés de la majorité parraineront-ils des candidats de l’opposition ?

Toutes les grandes démocraties ont leurs règles de dépôt des candidatures à la magistrature suprême. Le parrainage n’est pas une exception béninoise. Beaucoup de pays, y compris dans la sous-région, ont recours à cette pratique sans que cela ne soulève de polémiques. Compte tenu de la conjoncture, je peux comprendre que les élus parrainent les candidats de leur choix à la présidentielle

S’agissant de la possibilité qu’un élu de la mouvance présidentielle parraine un candidat de l’opposition, ma première réaction est la suivante : pour rester dans la philosophie de la réforme du système partisan – qui a pour vocation de renforcer les partis plutôt que les individus –, un député ou un maire ne devrait en principe pas parrainer un candidat sans l’aval de son parti. Compte tenu de la conjoncture actuelle, je peux toutefois comprendre que les élus parrainent les candidats de leur choix à la présidentielle.

Cette élection s’accompagne d’une nouveauté institutionnelle : la création d’un poste de vice-président. L’identité du candidat présumé est au centre d’une bataille entre l’Union progressiste (UP) et le Bloc républicain (BR).

Je n’ai pas connaissance d’une telle bataille. Aujourd’hui, l’enjeu est d’obtenir que le président Talon brigue un second mandat afin d’achever l’œuvre d’assainissement et de développement qu’il a entreprise.

N’oublions pas qu’il ne s’est pas encore prononcé officiellement. Est-il de bon ton qu’on nous rebatte déjà les oreilles sur l’identité d’un futur vice-président ?

En outre, si les deux camps dont vous parlez s’entendent sur la candidature du président Talon, il en sera de même pour le vice-président. À l’UP, nous avons les ressources organisationnelles et logistiques, ainsi que le leadership nécessaire, pour porter le message de la réélection du président Talon dans tout le pays.

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