Macron au Cameroun, Bénin, en Guinée-Bissau… Le régime togolais est-il si infréquentable?

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Macron au Cameroun, Bénin, en Guinée-Bissau… Le régime togolais est-il si infréquentable?
Macron au Cameroun, Bénin, en Guinée-Bissau… Le régime togolais est-il si infréquentable?

Africa-Press – Benin. Cameroun, Bénin, Guinée-Bissau, Emmanuel Macron aura fait des heureux dans des palais présidentiels de ces pays, de par sa tournée en Afrique, la première de sa seconde mandature à l’Elysée. Ils seraient nombreux, ces dirigeants du continent à vouloir accueillir le dirigeant français, lorsqu’on sait la valeur généralement donnée à ces genres de visites. Parmi eux, sans doute le « Jeune Doyen ». Tout porte à croire qu’il est snobé malgré son statut de « Jeune Doyen » et tous ses efforts (sic) pour rentrer dans les bonnes grâces des décideurs du monde…

Emmanuel Macron est en visite cette semaine durant en Afrique, notamment au Cameroun, au Bénin et en Guinée-Bissau. Officiellement, elle est placée sur le thème « La crise alimentaire provoquée par la guerre en Ukraine, les enjeux de production agricole et les questions sécuritaires » et devrait donc servir à trouver des solutions à ces problématiques soulevées. Au sein de l’opinion, la visite est d’ailleurs diversement appréciée. Si une partie la conçoit comme l’expression de la considération pour leur pays, une autre y voit une tournée de reconquête du colon et la critique. D’ailleurs, ces genres de déplacements ne sont pas sans dommages collatéraux sur les populations : rues bloquées, populations étouffées dans leur déplacement, bref tout le pays arrête de respirer.

Qu’à cela ne tienne, ce genre de visite du maitre (sic) met généralement du baume au cœur des dirigeants des pays choisis. A tort ou à raison, cette présence est souvent interprétée comme une reconnaissance et un adoubement tacite de la gouvernance par Paris. Et Dieu sait que Paul Biya, Patrice Talon et Umaro Embalo Sissoco sont aux anges. La venue de l’hôte français doit énormément fouetter leur égo et être peinte comme une victoire sur leurs oppositions respectives. Surtout pour les pays de l’espace francophone, la visite du Président français est célébrée comme une élection au paradis. Et ils devraient être nombreux, ces chefs d’Etat à pavlover à l’idée d’avoir ce privilège. Parmi eux, devrait figurer Faure Gnassingbé.

Lomé si infréquentable?

Le Togo n’est pas le seul pays du continent noir ou, plus près, de l’espace francophone où Emmanuel Macron n’est pas allé au cours de cette tournée. Mais tout porte à croire à une mise à l’écart manifeste de Faure Gnassingbé par Emmanuel Macron ou les dirigeants successifs de l’Elysée. Lorsqu’on sait que pendant ce temps, certains chefs d’Etat y ont des entrées très faciles et le privilège de rencontrer ses différents occupants à plusieurs reprises. Dans le cas de Macron, on fait état de quatre (04) rencontres entre lui et Paul Biya en cinq (05) ans, avec cette dernière visite présentée comme la consécration des relations entre son régime et Paris malgré tous les clichés qui lui sont collés, notamment celui de dictateur et de plus vieux dirigeant du continent africain.

Faure Gnassingbé, soit dit en passant, a été une fois reçu par Emmanuel Macron à l’Elysée en avril 2021. Mais une audience à Paris et une visite du Président français à un pays, ce n’est pas la même chose. Et en plus, c’était à la suite d’efforts surhumains. Cette audience avait été presque quémandée par Lomé. Depuis son avènement au pouvoir en 2005 dans les conditions que l’on sait, et même si le régime claironne un prétendu soutien de Paris, aucun officiel de taille n’est venu à Lomé depuis ses dix-sept (17) ans de règne où le « Prince » a vu passer à l’Elysée François Hollande, Nicolas Sarkozy et aujourd’hui Emmanuel Macron. Patrice Talon du Bénin, lui, en seulement six (06) ans de gouvernance, a eu ce privilège d’accueillir Macron. Son prédécesseur Boni Yayi avait reçu Hollande. Même un pays anglophone comme le Ghana a accueilli les deux derniers Présidents français. Macron était déjà allé au Burkina Faso en 2017. Le Togo et Faure Gnassingbé sont soigneusement enjambés. Les dirigeants politiques occidentaux qui sont passés à Lomé ne sont que des seconds couteaux. Comme Jean-Yves Le Drian passé ici ou l’ancien Premier ministre Manuel Valls en 2016 à Lomé.

Les autres puissances occidentales non plus ne se bousculent guère pour le “Prince”. A part l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair venu à Lomé en réalité pour ses affaires, rien à se mettre sous la dent. Bien qu’on chante que les rapports entre le Togo et l’Allemagne seraient au beau fixe, durant ses seize (16) ans à la chancellerie allemande de 2005 à 2021, Angela Merkel n’a jamais mis les pieds au Togo. Le nouveau chancelier Olaf Scholz entré en fonction depuis décembre 2021 est déjà venu en Afrique, notamment au Sénégal, au Niger et en Afrique du Sud. Mais, curieusement, le Togo qui était une ancienne colonie allemande, n’a pas retenu son attention. Au dernier sommet virtuel sur la démocratie organisé par Joe Biden en décembre dernier, le Togo n’était pas invité.

Malgré tous les artifices

Faure Gnassingbé, faut-il le rappeler, est le doyen des chefs d’Etat de l’espace CEDEAO en termes de durée au pouvoir. Alassane Ouattara de la Côte d’Ivoire l’appelle affectueusement « Jeune Doyen ». Il y est venu avant tous ceux qui sont actuellement en poste et cela aurait bien pu lui être d’un atout. Mais nombre d’entre eux ont eu le privilège ou accès facile à l’Elysée plusieurs fois.

En termes de volonté, il n’a pas ménagé les efforts pour taper dans l’œil des dirigeants du monde. A côté de la participation régulière du Togo aux différentes missions de maintien de la paix en Afrique, une politique de l’ère du père poursuivie, sa touche particulière est l’organisation de sommets et autres rencontres internationales sur des thématiques intéressant les puissances et dirigeants du monde occidental : sécurité et sureté maritimes, cyber criminalité, terrorisme…Certaines initiatives pensées n’ont pas pu aboutir.

La dernière trouvaille, c’est le filon de la médiation dans les crises politiques sur le continent, comme au Tchad et au Mali. Le dossier du moment, c’est celui malien. Faure Gnassingbé s’est battu (sic) pour la levée des sanctions de la CEDEAO, à la requête de la junte au pouvoir qui l’a d’ailleurs mandaté pour. Le Col Asssimi Goïta l’a encore sollicité pour une médiation dans l’affaire des quarante-neuf (49) militaires ivoiriens arrêtés à Bamako et accusés de mercenariat.

C’est manifeste que malgré tous les efforts du régime de Lomé pour attirer l’attention des puissances occidentales, personne ne semble le prendre au sérieux. La visite de Macron au Bénin, au nez et à la barbe du « Prince » alors que Patrice Talon est accusé de toutes les dérives autocratiques, en Guinée Bissau où a été récemment désigné Président de la Conférence des chefs d’Etat de la CEDEAO Umaro Embalo Cissoco doit être mal vécue à Lomé. Tout porte à croire que les partenaires, même s’ils ne font pas assez pour le bousculer, prennent le régime de Lomé pour infréquentable et le tiennent à bonne distance…

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