sur qui Patrice Talon s’appuie-t-il pour s’assurer un second mandat ?

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Nous respectons votre vie privée
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Africa-PressBenin. Candidat à la présidentielle du 11 avril, le chef de l’État béninois mène sa campagne épaulé par ses fidèles et piliers du Palais de la Marina. La plupart l’accompagnent au moins depuis le début de son premier mandat.

De par les réformes politiques qu’il a menées à marche forcée au cours des deux dernières années de son mandat, Patrice Talon est parvenu à réduire son opposition à peau de chagrin et à s’assurer le soutien de nombreux ténors de la classe politique. S’il avait fait campagne en 2016 en promettant de ne faire qu’un seul et unique mandat, il a finalement décidé d’en briguer un second, jugeant qu’il avait encore besoin de temps pour achever ses réformes.

En vue de la campagne présidentielle qui s’ouvre – l’enregistrement de déclaration des candidatures s’est officiellement terminé le 4 février, le chef de l’État béninois s’appuie sur ses alliés de la première heure, dont certains sont devenus des intimes. Voici les soutiens indéfectibles de Patrice Talon.

Conseiller spécial de Patrice Talon, dont il est le cousin, Johannes Dagnon est une pièce maîtresse dans le dispositif du président béninois. Associé majoritaire de la Fiduciaire d’Afrique, un cabinet de contrôle d’expertise comptable membre du réseau Exco, qui couvre 26 pays d’Afrique et affiche un chiffre d’affaires annuel de 20 millions d’euros, il a l’oreille de Patrice Talon pour toutes les questions relatives aux finances.

Il a également joué un rôle central dans la conception du Programme d’action gouvernemental, qui a constitué la feuille de route de l’exécutif depuis l’arrivée de Patrice Talon au pouvoir. Johannes Dagnon est aussi crucial dans la conception du programme économique que le président-candidat devrait dévoiler sous peu.

À la tête du Bureau d’analyse et d’investigation, directement rattaché à la présidence, il intervient dans tous les dossiers, au point de s’être vu attribuer le surnom de « président-bis » dans les couloirs des ministères. Il est également à la tête du comité de suivi des réformes au Port autonome de Cotonou (PAC), principale source de recettes douanières de l’État béninois. S’il fait figure de « technocrate », il intervient également sur des arbitrages plus « politiques ».

Conseiller du président dont il est également le cousin, il est surnommé par certains le « vice-président ». Olivier Boko, 55 ans, est de toutes les rencontres privées auxquelles participe Patrice Talon. Il l’accompagne d’ailleurs dans la plupart de ses déplacements à l’étranger, qu’ils soient officiels ou privés.

Il fait également le lien, au nom du chef de l’État, avec des personnalités politiques béninoises, aussi bien de la majorité que de l’opposition, pour leur apporter des messages. Un rôle qu’il jouera lors de la campagne présidentielle, auprès cette fois des cadres des principaux partis ayant apporté leur soutien à Talon.

Les deux hommes se sont liés d’amitié à l’époque où ils officiaient dans le secteur du coton. Si Talon a cédé les parts de ses entreprises à ses enfants à son arrivée au pouvoir, Boko reste un homme d’affaires très actif. Il est, entre autres, toujours administrateur de Bénin Control – une société dont le président détenait la majorité des parts avant d’accéder à au pouvoir -,qui intervient sur le Port autonome de Cotonou, notamment dans le domaine de la lutte contre la fraude douanière. Il est également à la tête de Denrées et fournitures alimentaires (DFA).

Directeur du cabinet militaire du chef de l’État, le colonel Bertin Bada, 57 ans, est l’homme clé de Patrice Talon pour toutes les questions qui touchent à la sécurité. Cet ancien chef d’état-major des Forces aériennes béninoises (2014-2016), serait plus écouté sur les dossiers militaires que les ministres Sacca Lafia (Intérieur et Sécurité publique) et Fortunet Alain Nouatin (Défense nationale). S’il n’y intervient pas, le colonel Bada siège au Conseil des ministres.

Il a joué un rôle central dans la fusion des services de la police et de la gendarmerie au sein du corps de la Police républicaine, créé en janvier 2018. Il a également été en pointe dans la stratégie sécuritaire déployée lors des violences post-électorales, après les législatives contestées du 28 avril 2019.

C’est par cet homme extrêmement discret que Patrice Talon passe pour ses relations avec les services de renseignement, notamment sur les questions de terrorisme. Un dossier qui est devenu prioritaire après l’enlèvement des deux touristes français et l’assassinat de leur guide Fiacre Gbédji en mai 2019. Longtemps qualifié d’éminence grise de Patrice Talon, Bruno Amoussou, 81 ans, est un vieux routier de la politique béninoise.

Extrêmement présent au début du mandat du chef de l’État béninois, il a été l’un des principaux artisans de la conceptualisation du renforcement du système partisan, objectif affiché des réformes politiques engagées par Talon. De la Charte des partis politiques, à l’instauration du parrainage pour les candidats à la présidentielle, celles-ci ont pour but, entre autres, de limiter le nombre de partis.

Après avoir été l’un des poids lourds du Parti social-démocrate (PSD), puis de l’Union fait la nation (UN), Amoussou fut l’un des fondateurs de l’Union progressiste, le parti majoritaire à l’Assemblée, qui tient également la plupart des 77 communes du Bénin, depuis les élections de mai 2020.

Ancien avocat de Patrice Talon lorsque celui-ci était surnommé « le roi du coton », Joseph Djogbénou l’a défendu en 2014, lorsqu’il a été accusé de « tentative d’atteinte à la vie du chef de l’État », dans la rocambolesque affaire de l’empoisonnement supposé de Thomas Boni Yayi.

Nommé à la tête du ministère de la Justice en 2016, Djogbénou a été désigné en mai 2018 pour siéger au sein de la Cour constitutionnelle. En juin 2018, à l’issue d’un scrutin à huis clos, il a été élu président de cette institution, dont l’un des rôles est de contrôler la régularité de l’élection présidentielle.

Au cours de ces deux dernières années, la Cour a également donné son feu vert aux réformes constitutionnelles et institutionnelles. Et, début janvier, lorsqu’elle a été saisie sur la question de la constitutionnalité du système des parrainages pour les candidats à la présidentielle, décrié par une partie de l’opposition, elle s’est déclarée incompétente en la matière.

Très proche de Patrice Talon, Abdoulaye Bio Tchané, 68 ans, fait figure de Premier ministre dans un gouvernement qui n’en compte officiellement pas. Ministre du Plan et du Développement, c’est lui qui coordonne le Plan d’action du gouvernement, pilier de la politique de Talon depuis cinq ans.

Déjà candidat à la présidentielle en 2011, il a tenté à nouveau l’aventure en 2016. Il était alors arrivé en quatrième position, avant d’appeler à voter pour Patrice Talon au second tour. Membre fondateur du Bloc républicain (BR), il est un poids lourd politique, en particulier dans le nord du pays, où Patrice Talon peine parfois à mobiliser.

Enfin, son nom avait été cité avec insistance pour la candidature à la vice-présidence, avant que Patrice Talon ne désigne Mariam Chabi Talata Zimé Yerima.

Nièce de Roseline Soglo, l’épouse de l’ancien président Nicéphore Soglo, Claudine Gbénagno, 63 ans, a eu deux enfants avec Patrice Talon, Lionel et Karen.

À la tête de la Fondation Claudine Talon qu’elle a créée en 2017, qui intervient dans le domaine de la santé et de l’autonomisation des femmes, elle participe régulièrement à des actions de charité. Très active sur les réseaux sociaux, où elle n’hésite pas à poser aux côtés des bénéficiaires des programmes soutenus par sa fondation, la Première dame l’est aussi, mais de manière plus discrète, dans la sphère politique.

« C’est elle qui, pendant la campagne de 2016, a organisé les premiers meeting de Patrice Talon », rappelle une source au Palais de la Marina. Elle joue également le rôle d’ambassadrice de son époux auprès de certains poids lourds de la scène politique, lorsqu’il s’agit notamment d’apaiser les tensions.Ancien collaborateur de Patrice Talon, Mathieu Adjovi, 66 ans, est le président de l’Association interprofessionnelle du Coton, organisme à la tête duquel il tient les rênes de la filière béninoise de l’or blanc, principal pourvoyeur de devises.

Des intrants à la fixation du prix d’achat aux producteurs, Mathieu Adjovi a son mot à dire sur tous les éléments de la chaîne de valeur. À ce poste, il a été chargé de procéder à une seconde libéralisation du secteur, après la vague de réquisitions des usines de la Société pour le développement du coton (Sodeco), dont Patrice Talon était le principal actionnaire. Il peut se targuer d’avoir hissé le pays au rang de premier producteur de coton d’Afrique.

Élu député sur la liste nationale de l’Union progressiste (UP) lors des dernières législatives, Mathieu Adjovi est également l’un des principaux cadres de ce parti pro-Talon.

À 44 ans, le ministre des Finances a appliqué les techniques du privé, dont il est issu, aux affaires publiques. Diplômé de la Harvard Business School et de l’École supérieure des affaires de Grenoble, il a fait toute sa carrière au sein du cabinet Deloitte, avant d’être sollicité par Patrice Talon, qui lui a confié les cordons de la bourse.

De presque tous les déplacements officiels de Patrice Talon, Romuald Wadagni échange très régulièrement avec le chef de l’État sur les – nombreux – sujets qui relèvent de ses prérogatives. Il a été l’une des chevilles ouvrières de l’accord sur la fin du franc CFA et l’avènement de l’Eco dans la zone de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA), signé le 21 décembre 2019 à Abidjan.

Plus récemment, il a levé 1 milliard d’euros sur les marchés financiers internationaux via un double eurobond dont le montant et les conditions sont sans précédent pour le pays et la sous-région. S’il se tient volontairement très en retrait sur les questions de politique intérieure, il est l’un des hommes clés du dispositif de Patrice Talon concernant, entre autres, la conception des politiques publiques.Nommé au ministère des Affaires étrangères dès 2016, Aurélien Agbénonci, 62 ans, s’est toujours maintenu à ce poste. Diplomate, il a fait une longue carrière au sein des agences onusiennes et fut le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies pour la Centrafrique avant sa nomination à Cotonou. Il se fait volontiers le chantre du multilatéralisme, dans un contexte géopolitique pourtant difficile.

Si, comme Romuald Wadagni, il se tient à bonne distance de la politique politicienne béninoise, il a été en première ligne dans l’un des dossiers les plus épineux auquel Patrice Talon a été confronté : le blocage de la frontière par le Nigeria. Il n’a, sur ce dossier , pas ménagé ses efforts, tant auprès d’hommes d’affaires – notamment le milliardaire Aliko Dangote – qu’auprès des responsables politiques nigérians. Il n’a d’ailleurs pas hésité à interpeller à ce sujet son homologue nigérian.

Ancien journaliste à La Nation, chroniqueur politique à la plume acérée envers l’ancien président Thomas Boni Yayi – il a écrit plusieurs livres à charge pour dénoncer la gouvernance de ce dernier, Wilfried Léandre Houngbédji est la voix de Patrice Talon. De plateaux télé en émissions de radio, il est partout pour répondre aux questions des journalistes et défendre les réformes menées par le président.

Directeur de la communication de la présidence depuis 2016, il est, au côté d’Édouard Loko, l’ancien vice-président de la Haute autorité de l’audiovisuelle et de la communication, à la tête d’une équipe de jeunes professionnels des médias qui ont largement investi les réseaux sociaux pour promouvoir la politique de Talon. Un savoir-faire qui, depuis plusieurs semaines, a été mis au service de la campagne de ce dernier, avec un leitmotiv : la « Dynamique Talon. »

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