Africa-Press – Benin. Un écosystème numérique est en train de se développer au Congo, stimulé par l’ouverture en septembre du Centre africain de recherche en intelligence artificielle. Unique établissement du genre sur le continent, il attire déjà les géants de la tech.
Un écosystème numérique est en train de se développer au Congo, stimulé par l’ouverture en septembre du Centre africain de recherche en intelligence artificielle. Unique établissement du genre sur le continent, il attire déjà les géants de la tech.
Le 24 février 2022, le Premier ministre, Anatole Collinet Makosso, accompagné d’une partie de son gouvernement, dont Léon Juste Ibombo, le ministre des Postes, des Télécommunications et de l’Économie numérique, a fait le déplacement jusqu’à l’Université Denis-Sassou-Nguesso (UDSN) de Kintélé, en banlieue nord de Brazzaville, pour inaugurer les premiers locaux du Centre africain de recherche en intelligence artificielle (Caria). Un petit événement qui semble anodin, mais dont les retombées pourraient se révéler gigantesques pour le Congo et, plus largement, pour le continent.
Les officiels congolais étaient d’ailleurs accompagnés pour l’occasion par l’économiste camerounaise Vera Songwe, qui était encore secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Afrique (CEA) – poste qu’elle a quitté en septembre 2022 –, ainsi que de l’Ivoirien Lacina Koné, directeur général de l’Alliance Smart Africa, la CEA et Smart Africa étant des partenaires incontournables dans la mise en place de ce centre de recherche panafricain jusqu’à présent unique sur le continent.
« Aventure grandeur nature »
Dix-huit mois plus tard, tout semble être prêt, au sein de l’UDSN, pour accueillir en septembre les premiers chercheurs et étudiants du Caria, dont l’objectif est de développer les compétences numériques à travers le continent et d’explorer de nouveaux domaines de recherche avancée en intelligence artificielle (IA). Une première promotion a eu accès aux programmes, pour l’instant uniquement en ligne, « avant que l’aventure grandeur nature ne commence », déclare avec enthousiasme Éric Armel Ndoumba, docteur en informatique et ingénieur réseaux, conseiller auprès de Léon Juste Ibombo et coordinateur général du Caria, dont il devrait prendre officiellement la direction générale à court terme.
Il s’agit bien d’une aventure. Celle-ci démarre en 2021, en marge du Forum africain sur le développement durable, organisé chaque année par la CEA. Passé la réélection de Denis Sassou Nguesso, le Congo vient alors d’inscrire le numérique comme cinquième pilier de son plan national de développement (PND) ; la CEA, elle, cherche encore le pays qui pourrait héberger le futur centre de recherche sur l’IA qu’elle garde dans ses cartons depuis plusieurs années. Les intérêts convergent et la CEA, convaincue des avantages que présente le Congo en matière de stabilité, de cadre juridique et réglementaire adéquat, d’infrastructures d’hébergement de données et de qualité de connexion internet, propose à Brazzaville d’abriter le futur Caria.
L’IA, du b.a.-ba au doctorat
Un choix qui représente « un défi à relever pour le Congo, au service de l’ensemble du continent », souligne Léon Juste Ibombo, chargé, avec son homologue à la Recherche scientifique, de suivre le développement de l’établissement. « L’ambition du Caria est de permettre à l’ensemble des populations africaines de ne rien rater de la révolution numérique », confirme Éric Armel Ndoumba.
Pour ce faire, le centre propose quatre types de formations, destinées à des publics variés. Caria Academy propose des masters en intelligence artificielle et sciences des données, ainsi que, à plus long terme, des doctorats. Caria Skills est un programme certifiant de renforcement des compétences, ouvert aux entreprises publiques et privées (une formation de quatre semaines a déjà eu lieu pour former 40 agents de l’État à l’IA et à la cybersécurité). Caria Power s’adresse aux jeunes diplômés sans emploi et a déjà permis de dispenser des formations à plus de 60 personnes ces derniers mois. Enfin, Caria Youth a pour vocation d’initier les élèves du primaire et du secondaire au b.a.-ba de l’IA et à la robotique.
Pour Caria Skills et Caria Power, les enseignants sont proposés par l’Alliance Smart Africa, dont l’objectif est de mettre en place à terme un marché unique des télécoms à l’échelle du continent et qui compte déjà 32 pays adhérents en Afrique. Pour Caria Power, les recrutements sont en cours, au Congo et ailleurs, afin que le programme puisse démarrer à la rentrée académique 2024.
Partenaires : Huawei, Amazon, Google…
En parallèle, le centre dispose de deux organes techniques : Caria Strategy Connect, dont le but est de fédérer les start-up et les incubateurs, et Caria ICT Women, dont les activités doivent débuter avant la fin de cette année, avec l’objectif « de réduire la fracture numérique pour les femmes », résume Éric Armel Ndoumba. Un troisième doit prochainement voir le jour, Caria Gate, spécialisé dans les questions de cybersécurité, sur lesquelles le Caria entend développer une réelle expertise.
L’année prochaine, c’est la Huawei ICT Academy qui ouvrira ses portes (le cadre du partenariat est en cours de finalisation), afin de dispenser des formations spécifiques aux produits de l’opérateur chinois. D’autres programmes spécialisés sont déjà prévus, dont une formation certifiante proposée à 300 jeunes Congolais sur les produits du Cloud Amazon Web Services (AWS). Le Caria a également déjà passé des accords avec d’autres géants du numérique, comme Google, Microsoft et Ali Baba.
En dehors de l’aspect technique, le centre bénéficie de l’appui financier apporté par les trois membres du Partenariat pour l’accélération de la transformation numérique (PATN), qui dispose d’une enveloppe de 147 millions de dollars apportés par la Banque mondiale, l’Union européenne et la Banque européenne d’investissement (BEI). Avec de tels parrains et soutiens, le Caria attend avec impatience sa première rentrée officielle, en septembre prochain. « Et ce n’est que l’étape initiale d’un processus appelé à s’inscrire dans la durée », souligne Éric Armel Ndoumba.
Sur le vaste campus de l’UDSN, la construction d’un nouveau bâtiment pour le Caria, ses laboratoires, ses salles de formation et celles de ses partenaires, est d’ailleurs déjà prévue. Équipé des toutes dernières technologies nécessaires à un centre d’excellence, il devra permettre au pays de réaliser deux objectifs essentiels pour les Congolais et pour l’État, comme le résume Léon Juste Ibombo : « Assurer la connectivité des zones rurales et la numérisation des services administratifs du pays. »
Source: JeuneAfrique
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