Ces entrepreneurs africains qui tissent des liens commerciaux entre la Suisse et le continent

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Ces entrepreneurs africains qui tissent des liens commerciaux entre la Suisse et le continent
Ces entrepreneurs africains qui tissent des liens commerciaux entre la Suisse et le continent

Africa-Press – Benin. Entre la Suisse et l’Afrique, les premiers fruits de la coopération

L’Union des chambres de commerces africaines en Suisse (UCCAS) qui vient de voir le jour du côté de Genève a pour objectif de renforcer les liens entre les secteurs privés suisses et africains. L’occasion de rencontrer quatre de ces représentants, eux-mêmes le plus souvent patrons d’entreprises, et véritables ambassadeurs en Suisse de leurs pays d’origine.

Sidi Abdoulah Ahmed Vall, Mauritanie

Arrivé directement de Nouakchott en 1997 pour suivre ses études en informatique dans la très prestigieuse École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), Sidi Abdoulah Ahmed Vall n’a plus quitté les rives du lac Léman. Son diplôme d’ingénieur en poche, il a vite créé son cabinet de conseil indépendant en technologies de l’information. Au fil des contrats remportés, celui-ci lui a permis de sillonner la Suisse romande et de s’installer pour de bon dans la Confédération, tout en conservant de solides relations avec son pays d’origine, où il continue de se rendre consciencieusement chaque année.

JAD20230412-INTER-Afrique-Suisse-Portraits-SidiAbdoulahAhmedVall © Sidi Abdoulah Ahmed Vall. © DR

Le rythme de ses voyages en Mauritanie pourrait bien s’accélérer à l’avenir, puisque Sidi Abdoulah Ahmed Vall est devenu, à 55 ans, le président de la Chambre de commerce et d’industrie Suisse-Mauritanie (CCISM), créée à sa propre initiative en 2022. L’idée lui en est venue en 2017, tandis qu’il passe avec succès à la Sorbonne un MBA, » mais un organisme différent des autres, davantage axés sur le développement des entreprises mauritaniennes que sur la simple recherche d’investisseurs », précise-t-il aujourd’hui, en pleine rédaction du référentiel qu’il souhaite mettre en place pour son organisation.

Puisqu’il n’y a pas d’entreprises mauritaniennes en Suisse, la première mission de la CCISM consistera à accompagner les compagnies helvètes désireuses de développer leurs activités dans son pays. Une dizaine d’entre elles se sont déjà montrées intéressées, à en croire le président de la chambre, laquelle vient d’être référencée par les autorités consulaires de Nouakchott. Sidi Abdoulah Ahmed Vall voit déjà plus loin, espérant pouvoir créer, à terme, un événement « qui permettrait aux entreprises suisses de découvrir la Mauritanie et au secteur privé mauritanien de connaître la CCISM et les nombreux avantages qu’elle peut leur apporter ».

Arouna Coulibaly, Mali

Il est midi, et c’est le coup de feu pour le président de la Chambre de commerce Suisse-Mali (CCSML), également chef de rang au prestigieux restaurant Baur’s, situé en plein cœur du quartier d’affaires de Zurich. Voilà quinze ans qu’Arouna Coulibaly travaille dans le secteur de la restauration en Suisse. Il est arrivé dans le pays en 2007, après avoir transité par la France pour rejoindre sa famille, puis par l’Italie pour apprendre le métier. Depuis, il sillonne la Confédération en fonction des propositions d’emplois qu’il reçoit.

JAD20230412-INTER-Afrique-Suisse-Portraits-ArounaCoulibaly © Arouna Coulibaly. © DR

Personnalité reconnue au sein de la diaspora malienne du pays, Arouna Coulibaly a une raison supplémentaire de voyager d’un canton à l’autre depuis qu’il a pris la présidence de la toute nouvelle CCSML, au début de cette année. Déjà président de l’Association des Maliens de Suisse, à 44 ans, il cumule les postes au sein de sa communauté, avec l’objectif affirmé de tisser les liens économiques entre son pays d’origine et celui d’adoption. C’est ce qu’il est allé expliquer à Bamako aux responsables de la Chambre de commerce et d’industrie du Mali (CCIM), lesquels ont plutôt bien accueilli son initiative.

Lui imagine déjà à plus long terme créer l’événement dans la capitale malienne en y faisant venir des entrepreneurs suisses, ou en organisant un jour une foire du Mali à Genève. Pour ça, « nous devons encore nous faire connaître », admet Arouna Coulibaly, qui ne manque pas d’idées en la matière, notamment pour trouver les soutiens financiers qui permettront à la CCSML de tenir son rôle.

Oudjah Simpa Fetter, Sénégal

À 43 ans, Oudjah Simpa Fetter a déjà beaucoup voyagé. Née à Dakar, elle passe une partie de son enfance en Basse-Casamance puis en Afrique centrale, avant de retourner dans la capitale sénégalaise poursuivre des études de lettres et, par la suite, d’intégrer le Centre africain d’études supérieures en gestion (Cesag). C’est encore à Dakar qu’elle rencontre le jeune coopérant suisse qui devient, au bout de quelques mois, son mari.

JAD20230412-INTER-Afrique-Suisse-Portraits-OudjahSimpaFetter © Oudjah Simpa Fetter. © DR

Le temps de faire un long voyage à travers l’Asie, et le couple arrive en Suisse en 2011. Oudjah Simpa Fetter entre alors à l’École hôtelière de Lausanne pour deux ans. Elle part dans le cadre de sa formation au Four Seasons de Los Angeles, avant de retrouver les rives du lac Léman pour rejoindre le Lausanne Palace. Elle y reste jusqu’en 2020, avant de réaliser ce qu’elle a toujours voulu faire : créer sa propre structure. L’objectif est atteint en novembre 2022, quand elle lance Africa Hospitality Consultant, son propre cabinet d’expertise.

Après quelques mois d’existence seulement, le cabinet d’Oudjah Simpa Fetter intéresse déjà d’importants opérateurs hôteliers africains, « désireux de se faire connaître sur le marché international », précise-t-elle. En parallèle, l’entrepreneuse met en place, en janvier, la Chambre de commerce Suisse-Sénégal (CCSS), avec comme premier objectif d’accompagner les investisseurs suisses dans son pays. Elle compte pour cela mettre à leur disposition toutes les données économiques nécessaires et obtenir le soutien des autorités sénégalaises. Oudjah Simpa Fetter travaille même déjà sur le premier gros événement estampillé CCSS, et qu’elle souhaite organiser avant la fin de l’année à Dakar.

Carine Biley, Côte d’Ivoire

Carine Biley n’est arrivée en Suisse qu’en 2018, mais elle s’y est rapidement fait un nom. Cette Franco-Ivoirienne est d’abord passée par Paris à ses 18 ans pour suivre des études à l’École supérieure d’ingénieurs en électrotechnique et électrique (ESIEE). Une fois diplômée, elle travaille pendant sept ans pour les grandes entreprises françaises du secteur des télécommunications. Dans le même temps, elle prend des cours de photographie. Une démarche artistique qui lui révèle ce qu’elle souhaite vraiment faire de sa vie : galeriste.

En 2017, elle rentre à l’Icart, l’École du management de la culture et du marché de l’art, et entame ainsi sa reconversion professionnelle. Sa première idée sera la bonne. Elle veut introduire l’art dans les aéroports, et prend pour cela contact avec plusieurs compagnies aériennes et différents gestionnaires de plateformes aéroportuaires, jusqu’à ce qu’elle soit contactée à la fin de 2017 par celle de Genève. Sa première exposition, organisée en mars de l’année suivante, est suffisamment remarquée pour que l’hôtel Mövenpick de la ville suisse fasse appel à ses services.

JAD20230412-INTER-Afrique-Suisse-Portraits-CarineBiley © Carine Biley. © DR

La pandémie de Covid l’oblige à mettre le concept entre parenthèses, elle en profite alors pour l’« africaniser », avec l’objectif de rendre plus accessible l’art contemporain du continent. Elle développe alors Filafriques et présente le travail d’une dizaine d’artistes africains dans les différents show-rooms avec lesquels elle dispose de partenariats à Genève.

Elle cherche maintenant à déployer son concept ailleurs en Suisse, ainsi qu’à Paris et à Abidjan, où elle ambitionne d’organiser sa propre foire d’art du pays, à l’horizon 2024. Pour l’aider dans ce projet, elle compte sur la Chambre de commerce Genève-Abidjan (CCGA), dont elle a pris la présidence au début de cette année. Très motivée pour « jouer le rôle de facilitatrice entre la Suisse et la Côte d’Ivoire », Carine Biley veut vite faire référencer l’organisation dans les deux pays, notamment auprès des chambres consulaires ivoiriennes. En Suisse, elle a déjà suscité l’intérêt de plusieurs sociétés, comme le spécialiste en cyberrenseignement Vici, qu’elle compte bien inviter en Côte d’Ivoire dans les tout prochains mois.

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