Africa-Press – Benin. À la veille du 65e anniversaire de l’indépendance du Bénin, l’ancien président Boni Yayi a livré un message au ton franc, mêlant bénédiction, exhortation et critique politique. Sans nommer directement le discours de Patrice Talon tenu quelques jours plus tôt au palais présidentiel, l’ancien chef d’État y a pourtant répondu point par point en exposant ses griefs et en réitérant sa volonté d’un dialogue sincère.
Dans une allocution empreinte de solennité, Boni Yayi a dénoncé la situation des libertés publiques au Bénin depuis 2016. Il évoque des cas de « privations de libertés fondamentales » et « le non-respect des droits de l’homme », notamment en matière électorale. Il a cité nommément plusieurs détenus, dont l’ex-ministre Reckya Madougou, le professeur Joël Aïvo, et le jeune Julien Kankpon, présenté comme « un surdoué de la plume ».
« Je n’ai cessé de rappeler à mon jeune frère Patrice Talon, la nécessite de faire du Bénin, un pays de stabilité constitutionnelle dans notre sous région», Boni Yayi
L’ancien président a également évoqué « les compatriotes en exil pour des raisons politiques » et appelé à leur retour, dans un esprit de « concorde nationale ». Il a exhorté Patrice Talon à faire preuve de clémence et de responsabilité en « libérant ces détenus et en favorisant le retour des exilés », car, estime t-il, la réconciliation est une condition essentielle à la paix sociale.
Dialogue politique et réponse aux propos de Talon
Réagissant indirectement aux propos de Patrice Talon qui avait évoqué une rencontre passée avec lui, Boni Yayi a tenu à « rétablir la vérité ». Selon lui, leur dernier échange remonterait à plusieurs mois, à l’occasion d’une mission de médiation au Niger. «ça date de juillet 2024, je crois qu’on ne s’est plus revu», a-t-il insisté. Il a aussi affirmé avoir envoyé régulièrement des messages de paix au président en exercice, notamment lors de l’arrestation du journaliste Julien Kankpon.
«Mon dernier SMS remonte à l’arrestation du jeune Julien Kansou demandant pardon au président ( Patrice Talon Ndlr) », Boni Yayi
Rappelant sa propre proposition de forum des anciens présidents de la République, il a réaffirmé sa foi dans le dialogue comme voie de sortie de crise. « On ne combat pas la volonté de Dieu », a-t-il lancé, tout en insistant sur l’importance de renouer le fil de la discussion pour restaurer la démocratie béninoise.
«Je suis écoeuré par cette situation qui concerne Comlan Hugues Sossoukpe, arrêté en Côte d’Ivoire», Boni Yayi
Devant les députés du parti Les Démocrates (LD), Boni Yayi a aussi assuré de la détermination de sa formation à prendre part aux prochaines élections générales, dans la paix et la transparence. Il a confirmé l’engagement des 28 députés LD à fournir leur parrainage, conformément aux nouvelles exigences du code électoral, qu’il continue néanmoins de critiquer.
« Ce code électoral a été voté mécaniquement, 81 contre 28, mais il pose problème. Il faut dialoguer et trouver une solution consensuelle », a-t-il plaidé en rejetant l’idée d’un Parlement monocolore et insistant sur la nécessité d’élections inclusives pour éviter les « drames » de 2019.
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