Coopération Bénin-Nigeria Pour Trois Aires Linguistiques

5
Coopération Bénin-Nigeria Pour Trois Aires Linguistiques
Coopération Bénin-Nigeria Pour Trois Aires Linguistiques

Africa-Press – Benin. Les espaces de dialogue des aires linguistiques Baatonou, Boo et Yoruba-Nago sont en concertation à Parakou, à travers un atelier diagnostique, en vue de l’élaboration de leurs plans d’action transfrontaliers de développement local et d’un mémorandum d’entente. Les travaux ont pour finalité le renforcement de la résilience des communautés face aux défis actuels et futurs.

En effet, la montée du nationalisme, la croissance démographique et la criminalité transfrontalière et d’autres types de crises exacerbent les différends entre les communautés Baatonou, Boo et Yoruba-Nago situées de part et d’autre des frontières bénino-nigérianes. Il n’y a pas de mois ou d’année sans tension. Or, elles sont condamnées à vivre ensemble du fait de leurs relations séculaires. Après plusieurs campagnes conjointes de sensibilisation des autorités et populations des espaces frontalières sur les enjeux de la délimitation et de la démarcation des frontières, et de la coopération transfrontalière, les deux pays ont entrepris de formaliser chaque espace de dialogue à travers la mise à disposition d’un plan d’action, d’un mémorandum d’entente et des textes fondamentaux. Le présent atelier diagnostique organisé par l’Agence béninoise de gestion intégrée des espaces frontaliiers (Abegief) en collaboration avec la Commission nationale des frontières (Nbc) du Nigeria et leurs partenaires, vise à élaborer les plans d’action ainsi que le mémorandum d’entente.

Les participants à la rencontre proviennent des ministères et agences du Bénin et du Nigeria, des collectivités territoriales frontalières et aires linguistiques communes aux deux pays. Dans leurs mots de bienvenue, Dr Youssoufou Adam, directeur général de l’Abegief ; Adamu Adaji, directeur général de la Nbc, et d’autres responsables ont souligné l’importance et la nécessité de la coopération transfrontalière entre les deux pays.

Outil de paix, de cohésion et de développement

« La rencontre qui démarre ce jour est le signe de cette union qui a toujours existé et qui existera encore », s’est réjoui le directeur de l’Abegief. Pour l’Association béninoise des communes frontalières (Abcf), la tenue de l’atelier marque un tournant stratégique dans la gouvernance des frontières. C’est pourquoi, l’Abcf, en tant que faîtière des communes frontalières, s’inscrit au cœur de cette dynamique de dialogue intercommunal et transfrontalier. « Nous avons pour ambition de faire de chaque frontière non plus une zone d’oubli ou de tension, mais un espace de coopération, de prospérité partagée et d’intégration locale », a déclaré Simon Adébayo Dinan, maire de Pobè et président de l’Association. Selon lui, il est temps d’ancrer la gouvernance frontalière dans les territoires eux-mêmes à travers une démarche décentralisée, participative et ancrée dans les réalités linguistiques et sociales pour une gouvernance frontalière décentralisée et participative. Et les conclusions de l’atelier, ajoutent-ils, doivent, demain, se traduire en actions concrètes dans chaque commune frontalière. Par exemple, « des plateformes locales de concertation, des mécanismes de gestion des conflits, des initiatives économiques transfrontalières et surtout une co-construction des politiques locales de sécurité, d’éducation et de mobilité », suggère le président de l’Abcf.

Alhaji Dr. Idris Abubakar, Emir d’Okuta au Nigeria, et Djibril Mama Cissé, préfet du département du Borgou, partagent les pistes de réflexions lancées par le président de l’Abcf. L’autorité préfectorale rappelle qu’en partant du contexte naturel qui lie les différentes communautés, il a été entrepris en mai 2024 à Cotonou la signature de l’Accord-cadre entre le Bénin et le Nigeria sur la coopération transfrontalière, et ce, après la mise en place des espaces de dialogue des aires linguistiques Bo, Batonou et Yoruba-Nago, respectivement en 2011, 2012 et 2013. Une initiative qui, ajoute-t-il, émane de la Convention de l’Union africaine sur la coopération transfrontalière dénommée « Convention de Niamey », adoptée par les deux pays en Guinée équatoriale en septembre 2014.

Pour les six jours de concertations, Djibril Mama Cissé invite les participants à prendre activement part aux travaux de diagnostic des problèmes qui minent le bon fonctionnement des espaces de dialogue en apportant des contributions avec des critiques et recommandations qui permettront de renforcer la résilience des communautés transfrontalières pour faire face aux défis de la criminalité transfrontalière ; d’élaborer des plans transfrontaliers de développement local dans les espaces de dialogue des aires linguistiques Baatonou, Boo et Yoruba-Nago. Il doivent aussi élaborer et valider les conventions des espaces de dialogue de ces aires linguistiques et élaborer des feuilles de route pour la mise en œuvre des actions transfrontalières des cadres de concertation des trois aires linguistiques. Il a également rappelé aux maires de veiller à l’implication active des communautés et au fonctionnement des espaces linguistiques frontaliers en vue du succès de la lutte contre la criminalité transfrontalière et du renforcement de la cohésion sociale, de la paix et de la sécurité dans les régions frontalières.

La première communauté à finaliser ses documents, ce 29 avril, est celle de l’aire linguistique Baatonu. Les Boo et Yoruba-Nago feront le même exercice respectivement du 30 avril au 1er mai et du 2 au 3 mai 2025, toujours à Parakou.

Pour plus d’informations et d’analyses sur la Benin, suivez Africa-Press

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here