Africa-Press – Benin. Les cloches de la basilique Saint-Pierre de Rome ont retenti ce lundi 21 avril 2025 pour une annonce tristement solennelle, celle du décès du souverain pontife. S’ouvrent ipso facto les novemdiales, une période de neuf jours pendant laquelle sont organisés le rite funéraire pontifical et des messes quotidiennement célébrées pour le repos de l’âme du pape François.
Pas de place à l’improvisation! Le protocole qui régit les funérailles et la succession du souverain pontife est conduit par le Camerlingue et le Collège cardinalice. Le Camerlingue est le cardinal en charge de la Chambre Apostolique, responsable de la constatation officielle de la mort du pape. De son vivant, le pape François a confié la charge de Camerlingue au cardinal américain Kevin Farrell, nommé le 14 février 2019, pour succéder au cardinal français Jean-Louis Tauran, décédé quelques mois plus tôt. C’est d’ailleurs le Camerlingue qui a annoncé le décès du 266e pape de l’Eglise catholique romaine, dans la matinée de ce lundi. Accompagné de Mgr Diego Ravelli, Maître des célébrations liturgiques pontificales, et conformément à la procédure habituelle, il a procédé à la vérification et à la constatation officielle du décès dans la soirée de ce même lundi. Un acte officiel a été dressé, et le Camerlingue, à travers la formule consacrée “Vere Papa mortuus est” (Vraiment le pape est mort) a officiellement averti le cardinal vicaire de Rome, doyen du sacré collège, Giovanni Battista Ré. L’Anneau du Pêcheur, symbole du pontificat, a été retiré et détruit pour empêcher toute falsification de documents officiels.
Réuni à Rome, le Collège cardinalice décidera du jour de l’inhumation du pape qui devra être dans les novemdiales et tiendra nécessairement compte des souhaits exprimés et changements opérés par le pape défunt. Sans se détourner complètement des rituels régis par l’Ordo Exsequiarum Romani Pontificis, publié en 2000 sous Jean-Paul II, et de la Constitution apostolique Universi Dominici Gregis de 1996, qui traite de la vacance du Siège apostolique et de l’élection du successeur, les funérailles du pape François porteront l’empreinte de ses réformes.
Le rite funéraire pontifical est, en effet, marqué par des usages distincts que le pape François a quelque peu modifiés. En principe, à son décès, le corps du pape défunt est paré de ses habits et ornements pontificaux notamment l’aube, la chasuble, le pallium, l’étole, la calotte et la mitre. La dépouille est ensuite exposée sur une estrade, un catafalque permettant de présenter le cercueil au cours des cérémonies funéraires, avant l’inhumation qui a lieu à la basilique Saint-Pierre. Il n’en sera pas ainsi en ce qui concerne la dépouille du pape François.
Selon les souhaits du souverain pontife défunt, son corps sera placé directement dans un cercueil fait de bois et doublé de zinc, sans l’utilisation du catafalque. Le pape François abandonne ainsi la pratique des trois cercueils imbriqués (cyprès, plomb et chêne) au profit d’un unique cercueil en bois. Le Vatican annonce que, dès ce mercredi, le corps du pape François pourrait être exposé dans la chapelle de la Basilique Saint Pierre. Le cercueil de bois sera installé près de l’autel principal pour la cérémonie d’adieu. Contrairement aux usages, aucun objet symbolique ne sera placé à l’intérieur du cercueil, il n’y aura pas une particulière cérémonie de fermeture du cercueil. Le pape François a voulu que tout se fasse dans la même cérémonie, “comme pour tout chrétien”. Les funérailles ne seront pas forcément présidées par le cardinal le plus âgé, mais plutôt par le doyen du sacré Collège des cardinaux ou un autre prélat désigné. Au terme des cérémonies funéraires, le souverain pontife ne sera pas inhumé dans la traditionnelle crypte de la basilique Saint Pierre de Rome. De son vivant, le pape François a fait savoir qu’il souhaite être enterré dans la basilique Sainte-Marie-Majeure, près de la statue de la Reine de la Paix, à Rome. En décembre 2023, il avait d’ailleurs confié à une chaîne mexicaine son lien personnel avec cette église où sept de ses prédécesseurs reposent déjà, puis il a indiqué que le lieu est déjà prêt. L’inhumation, prévue entre quatre et six jours après le décès du pape, pourrait avoir lieu dès le week-end prochain, certainement avant le dimanche. Quid de la succession?
Dans l’attente de la fumée blanche
Il n’y aura pas de pape intérimaire pour la période de vacance du Saint-Siège. Comme c’est le cas en de pareilles circonstances, c’est le Camerlingue qui aura la charge de l’administration des affaires courantes et des biens temporels jusqu’à l’élection du prochain pape. Ainsi le cardinal Kevin Farrell va accomplir toutes les diligences nécessaires au bon fonctionnement de la curie romaine, mais ne peut prendre aucune décision importante, engageant la responsabilité apostolique de l’institution romaine.
Dès l’annonce du décès du pape, les cardinaux convergent à Rome. Ils sont logés dans la Résidence Sainte Marthe. En marge du rite funéraire pontifical, germent de subtiles alliances autour de l’élection du prochain pape. Entre le 15e et le 20e jour après l’annonce officielle du décès du pape, les cardinaux vont se réunir dans la Chapelle sixtine pour le traditionnel conclave (assemblée élective) qui va aboutir à l’élection du 267e pape de l’Eglise catholique romaine. Sont électeurs et éligibles, les cardinaux ayant moins de 80 ans. Par conséquent, sur les quelque 252 cardinaux, seulement 137 sont électeurs notamment: 17 d’Afrique, 14 d’Amérique du Nord, 24 d’Amérique Latine, 24 d’Asie, 54 d’Europe et 4 cardinaux d’Océanie. Va-t-on vers une nouvelle surprise notamment l’élection d’un autre pape non européen. Faut-il le rappeler, le pape François est le premier pape sud-américain. Malgré la stature de certains cardinaux dont la renommée dans la curie romaine est flagrante et la supériorité numérale des cardinaux européens, des surprises sont possibles, comme ce fut le cas pour le pape défunt. Les chrétiens catholiques et le monde entier suivront bientôt le palpitant moment de l’élection du futur vicaire du Christ et successeur de Saint Pierre.
Le processus ne dépasse généralement pas deux semaines. Le pape est élu, par un vote secret, à la majorité des deux tiers et ce, conformément aux normes édictées par le Concile de Latran III en 1179. Le quorum est atteint s’il y a 120 cardinaux électeurs présents au conclave. Dès que l’issue du vote est favorable, la cheminée de la Chapelle sixtine laisse apercevoir une fumée blanche, suivie du coup de cloche de la Basilique de Saint Pierre. C’est le cardinal proto-diacre (premier cardinal dans l’ordre diaconal), actuellement le cardinal Dominique Mamberti, qui prononcera la célèbre formule “Habemus Papam” (Nous avons un pape). Le pape élu se présentera ensuite pour sa première bénédiction urbi et orbi. Il célèbrera dans les jours suivants deux messes, l’une à la Place Saint Pierre et l’autre à l’archibasilique Saint Jean de Latran, diocèse du pape, pour marquer son ministère universel en tant que chef de l’Eglise, et local en tant qu’évêque de Rome.
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