Africa-Press – Benin. Lundi 2 juin 2025, la chambre des appels de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET) a confirmé le verdict rendu en première instance dans l’affaire du pipeline Niger-Bénin.
Les trois ressortissants nigériens, condamnés un an plus tôt, n’ont pas obtenu gain de cause. Parmi eux, Moumouni Hadiza Ibra, directrice générale adjointe de Wapco-Niger, ainsi qu’Ismael Cissé Ibrahim et Mousbahou Dankané, deux inspecteurs pétroliers. Tous trois avaient été reconnus coupables d’usurpation de titre et usage de données informatiques falsifiées. La chambre de jugement de la CRIET les avait alors condamnés à dix mois de prison avec sursis.
Tout avait commencé en juin 2024, sur fond de tensions politiques entre le Bénin et le Niger. Arrêtés sur le site du terminal pétrolier de Sèmè-Podji, les trois responsables avaient été accusés d’avoir pénétré frauduleusement sur la plateforme. Le parquet béninois, dans son réquisitoire, leur reprochait d’avoir agi en qualité de représentants de l’État nigérien, malgré l’interdiction d’accès.
À l’époque, la procédure judiciaire avait pris une tournure diplomatique. De retour au Niger après leur libération, les trois condamnés avaient été accueillis avec les honneurs par les autorités militaires au pouvoir à Niamey. Leurs avocats avaient aussitôt interjeté appel.
Mais cette tentative de révision judiciaire n’aura pas suffi. La décision de la chambre d’appel, rendue début juin, vient confirmer leur condamnation. S’ils le souhaitent, les intéressés peuvent encore se pourvoir en cassation.
Des relations tendues
Ce dossier judiciaire s’inscrit dans un contexte plus large de crispation entre les deux voisins ouest-africains. Les relations entre Niamey et Cotonou se sont fortement dégradées après le coup d’État de juillet 2023 au Niger, suivi de sanctions de la CEDEAO auxquelles le Bénin avait activement pris part. Le pouvoir nigérien a depuis accusé Cotonou d’accueillir des forces étrangères hostiles, une affirmation catégoriquement rejetée par les autorités béninoises.
En réaction, Niamey avait fermé ses frontières terrestres avec le Bénin, tandis que Cotonou suspendait temporairement le chargement du pétrole nigérien sur son territoire. Un embargo qui n’a été levé que plusieurs mois plus tard.
Depuis la reprise des activités sur le terminal de Sèmè-Podji, la situation semble se normaliser, du moins sur le plan logistique. Dix-huit navires ont déjà pu embarquer du pétrole nigérien à destination du marché international, représentant environ 18 millions de barils.
Mais sur le plan diplomatique, les blessures sont encore vives, et le dossier du pipeline continue de cristalliser les tensions entre les deux pays.
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