Wadagni–Talata: le pari de la continuité et l’ombre de Talon

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Wadagni–Talata: le pari de la continuité et l’ombre de Talon
Wadagni–Talata: le pari de la continuité et l’ombre de Talon

Africa-Press – Benin. Le voile est levé. À l’approche de 2026, la mouvance présidentielle a choisi son ticket: Romuald Wadagni en candidat à la magistrature suprême, accompagné de Mariam Chabi Talata, déjà vice-présidente, reconduite dans le rôle de colistière. Un duo qui, au-delà des noms, dit tout du projet de Patrice Talon: assurer la continuité de son œuvre et verrouiller sa succession.

Ministre de l’Économie et des Finances depuis 2016, Romuald Wadagni est le visage rassurant de la discipline budgétaire. Architecte des réformes économiques et artisan de la crédibilité retrouvée du Bénin auprès des marchés, il a su donner des gages de sérieux aux investisseurs et aux bailleurs. Mais c’est aussi là que réside sa faiblesse: c’est un gestionnaire plus qu’un tribun.

Sur le terrain électoral, l’équation est délicate. Wadagni incarne la compétence, mais saura-t-il incarner l’espérance? Car gouverner avec des chiffres n’est pas la même chose que séduire un peuple en campagne.

Talata, l’équilibre et la symbolique

À ses côtés, Mariam Chabi Talata poursuit l’aventure. Première femme vice-présidente du pays, universitaire respectée, elle représente à la fois le gage de fidélité à Talon et l’ouverture vers des équilibres sociaux et régionaux. Reconduire Talata, c’est maintenir ce signal fort: la mouvance assume l’idée qu’une femme reste au cœur du ticket présidentiel.

Son rôle, toutefois, reste celui de l’ombre: garante de la stabilité, figure symbolique, plus qu’actrice centrale d’une campagne où le poids pèsera sur les épaules de Wadagni.

Le choix de ce tandem ne trompe pas: c’est un duo de fidélité. Fidélité à Talon, d’abord, qui place deux personnalités sûres pour protéger son héritage. Fidélité à la mouvance ensuite, puisque Wadagni, extérieur aux querelles partisanes, devient une figure de compromis entre les grandes forces politiques qui soutiennent le régime.

Un duo, une caution

En réalité, ce ticket est aussi une couverture pour le président sortant: en confiant le relais à des personnalités loyales, Talon s’assure que sa succession ne se transforme pas en remise en cause.

L’absent: Joseph Djogbénou

Le grand perdant de l’équation s’appelle Joseph Djogbénou. Président de l’UP-R, ancien président de la Cour constitutionnelle, juriste redouté, il avait les ambitions et le profil. Mais justement: trop marqué politiquement, trop exposé aux critiques liées aux réformes institutionnelles, trop identifié à l’appareil partisan.

Wadagni, lui, est plus lisse, plus consensuel. Le technocrate rassure là où le juriste clive. C’est aussi une manière d’éviter que la succession ne devienne un duel de barons, là où Talon voulait une continuité sans éclat.

La vraie bataille: du chiffre au terrain

Le duo Wadagni–Talata part favori. Les mécanismes institutionnels – parrainage des députés et des maires, discipline de la majorité – leur assurent une rampe de lancement solide. Mais l’élection présidentielle ne se gagne pas dans les marchés financiers ni dans les couloirs ministériels. Elle se gagne dans les quartiers, les campagnes, les faubourgs, là où le peuple jugera si la promesse de rigueur et de continuité peut aussi rimer avec mieux-être et espoir.

La stratégie est claire: un ticket de gestionnaires pour prolonger l’ère Talon. La question reste ouverte: le peuple béninois veut-il encore de la continuité, ou attend-il désormais une respiration politique nouvelle?

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