Africa-Press – Benin. Huit ans de réclusion criminelle et une amende de dix millions de francs CFA: c’est la peine infligée à un fonctionnaire de police reconnu coupable de détournement de fonds publics et de blanchiment de capitaux.
Une décision rendue mercredi 16 juillet 2025 par la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET), dans une affaire dont les ramifications remontent à décembre 2019.
Affecté à la Direction de l’émigration et de l’immigration (DEI) au moment des faits, le fonctionnaire était accusé d’avoir soustrait 150 millions de francs CFA des caisses de cette administration stratégique. L’enquête ouverte à la suite d’un contrôle interne a permis de retracer un montage à la fois personnel et hasardeux, mêlant prêts informels, transactions immobilières et complicités présumées.
Lors de l’audience, le policier a reconnu les faits. Il a expliqué avoir initialement prêté 50 millions de francs CFA à une ex-banquière, qu’il avait rencontrée à force de fréquenter son agence. Celle-ci l’aurait sollicité en urgence pour couvrir un déficit, avec la promesse d’un remboursement immédiat.
Mais les jours ont passé, sans retour des fonds. C’est alors qu’intervient un homme se présentant comme le mari de la banquière, un opérateur économique, affirmant vouloir rembourser non en numéraire, mais via un immeuble à vendre.
Souhaitant récupérer rapidement son argent, le policier s’est lancé dans une opération de rachat du bien immobilier, en engageant à nouveau 100 millions de francs CFA puisés dans la caisse de la DEI. L’idée, selon lui, était de sécuriser son prêt en acquérant le bien, quitte à le revendre plus tard pour reconstituer les fonds. Ce plan ne verra jamais le jour. Le contrôle financier, inattendu, a mis à jour le trou de 150 millions de francs CFA.
Face aux juges, l’ex-banquière et son époux ont nié toute implication, rejetant toute idée de complicité. Mais la cour a jugé leur version peu convaincante. Le couple a été reconnu coupable de complicité de détournement et de blanchiment de capitaux. Ils ont écopé chacun de cinq ans d’emprisonnement avec sursis et de dix millions d’amende.
La CRIET a par ailleurs réservé les intérêts civils de l’Agent judiciaire de l’État, ouvrant la voie à une éventuelle procédure de réparation financière.
En détention préventive depuis le 12 décembre 2019, le policier devra encore purger un peu plus de deux ans avant d’espérer recouvrer sa liberté. Cette affaire, emblématique des dérives internes dans certaines administrations, relance le débat sur les mécanismes de contrôle et la circulation de l’argent public au sein de l’appareil étatique béninois.
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