L’impact du sommeil sur le système immunitaire

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L'impact du sommeil sur le système immunitaire
L'impact du sommeil sur le système immunitaire

Africa-Press – Benin. L’influence du sommeil sur le système immunitaire ne fait plus l’ombre d’un doute. « Les études établissant un lien entre mauvaises qualité ou quantité de sommeil et maladies infectieuses ne manquent pas « , pose Sabine Plancoulaine, directrice de recherche à l’Inserm. Il y a dix ans déjà, une étude parue dans la revue Sleep révélait que les personnes dormant moins de 6 heures par nuit avaient 4,2 fois plus de risques d’attraper un rhume que des dormeurs de plus de 7 heures.

En 2023, un très large essai sur 600.000 insomniaques paru dans eBioMedicine enfonçait le clou: le risque de développer une infection respiratoire est multiplié par six. Les auteurs en concluaient que « le sommeil de mauvaise qualité chronique est un facteur de risque causal pour contracter des infections respiratoires et contribue également à la gravité de ces infections. Ces résultats soulignent le rôle du sommeil dans le maintien d’une réponse immunitaire suffisante contre les agents pathogènes.  » Une méta-analyse parue en 2023 a aussi confirmé que les personnes ayant moins de 6 heures de sommeil par nuit développaient moins d’anticorps à la suite d’une vaccination antigrippale.

Si une mauvaise qualité de sommeil diminue donc nos défenses immunitaires, passer suffisamment de temps dans les bras de Morphée, à l’inverse, aide à récupérer, comme vient de le démontrer pour la première fois une étude parue dans Nature. Des chercheurs de l’hôpital Mont Sinaï à New York (États-Unis) ont observé chez des souris qu’après une crise cardiaque, le cœur envoie des signaux au cerveau pour augmenter la quantité de sommeil et favoriser la guérison. « Nous avons découvert que la neuro-inflammation et le recrutement de cellules immunitaires appelées monocytes dans le cerveau après un infarctus sont une réponse bénéfique et adaptative qui augmente le sommeil pour permettre la guérison du cœur et réduire l’inflammation cardiaque « , a déclaré l’auteur principal, Cameron McAlpine.

Un lien établi entre déficit de sommeil et inflammation

Ce lien entre déficit de sommeil et production accrue de cytokines, des molécules pro-inflammatoires, a même été démontré chez l’enfant. « Il suffit d’une durée de sommeil dans la limite inférieure de la normalité pour voir apparaître ces marqueurs de l’inflammation « , indique Sabine Plancoulaine, qui a coordonné ces travaux.

Les résultats publiés en 2022 montrent qu’une durée de sommeil plus courte ou changeante entre 2 et 5 ans est associée à des niveaux accrus de deux cytokines essentielles à l’immunité, l’interleukine-6 et TNF alpha, à l’âge de 5 ans. « Reste maintenant à savoir si une inflammation de bas grade à long terme pourrait provoquer l’apparition de troubles de santé ultérieurs.  »

Malgré ces multiples constats, les mécanismes physiologiques expliquant l’impact du sommeil sur le système immunitaire n’étaient pas encore bien compris. C’est pourquoi des travaux récents, publiés en novembre dans la revue Nature, constituent une étape importante. Une équipe dirigée par la Pr Luciana Besedovsky, de l’Institut de psychologie médicale à Munich (Allemagne), a étudié la concentration dans le sang de différentes sous-populations de cellules immunitaires – les cellules T – chez des volontaires sains, pendant deux sessions de 24 heures.

Lors de la première session, les participants ont dormi pendant huit heures ; durant la seconde, ils sont restés alités, mais sans dormir. Un cathéter placé sur l’avant-bras permettait de prélever des échantillons de sang sans interrompre leur sommeil. L’analyse des échantillons sanguins a révélé des différences significatives entre les conditions de test, et les résultats montrent que le sommeil améliore le potentiel migratoire des cellules T vers les ganglions lymphatiques. Or, cette migration des cellules T est cruciale, car c’est dans ces organes qu’elles rencontrent des antigènes et apprennent à reconnaître les agents pathogènes.

Quelques mois auparavant, la même équipe avait identifié une autre pièce du puzzle. Ils avaient découvert que le sommeil améliore la capacité des cellules T à se fixer à leurs cibles, comme les cellules infectées par un virus. Et cela grâce à une protéine, l’intégrine, qui est activée pendant le sommeil. À l’inverse, en cas de sommeil perturbé ou insuffisant, la machine se grippe car la sécrétion de noradrénaline et d’adrénaline empêche les cellules T d’activer l’intégrine.

Des recommandations à suivre dès la petite enfance

Face à la robustesse des liens entre sommeil et immunité, « il semble évident que cela plaide pour un respect des recommandations sur la durée de sommeil à tous les âges, et cela dès la petite enfance « , insiste Sabine Plancoulaine. Et le recours à la sieste pourrait s’avérer salutaire.

Une étude menée par Brice Faraut, chercheur à l’université Paris Cité, a mis en évidence qu’une sieste de 30 minutes chez des personnes en dette de sommeil réduisait le stress et l’inflammation. Le niveau d’interleukine-6, une protéine ayant des propriétés antivirales, revenait à la normale. Les dégâts causés sur l’immunité par le manque de sommeil semblent donc réversibles. « Les personnes traitées pour un syndrome d’apnée du sommeil voient leur niveau d’inflammation diminuer « , rappelle la chercheuse.

Nous devons à Neandertal une part de notre immunité

Bien que disparu il y a 40.000 ans, l’homme de Neandertal a laissé quelques souvenirs dans notre génome. Nous lui devons entre 1 et 6 % de notre ADN, ont montré plusieurs études. Dont quelques gènes essentiels dans le contrôle de notre défense immunitaire. En effet, en se métissant avec son cousin du continent européen, Homo sapiens a hérité de récepteurs cellulaires très efficaces pour répondre aux bactéries et champignons parasites qui sévissent alors en Europe et en Asie occidentale. Un legs qui a sans nul doute permis au nouveau venu de s’adapter plus efficacement et rapidement au climat, à la nourriture et aux pathogènes locaux. Revers de la médaille génétique: ce faisant, l’être humain moderne a également récolté une prédisposition aux allergies…

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