Africa-Press – Benin. La Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET) a été, une fois encore, le théâtre d’un dossier à forte résonance politique et administrative, rapporte Banouto.
Ce jeudi 24 juillet 2025, la mairie de Porto-Novo, constituée partie civile, a réclamé trois milliards de francs CFA en réparation des préjudices qu’elle dit avoir subis dans une affaire d’escroquerie présumée portant sur des parcelles.
Au cœur du scandale: Alin Tozo, deuxième adjoint au maire de la ville capitale. Il est poursuivi, aux côtés d’autres prévenus, pour abus de fonctions et complicité d’abus de fonctions. Il leur est reproché d’avoir délivré, en dépit d’avis défavorables et de dossiers jugés incomplets, des attestations de récasement non conformes aux règles en vigueur.
Le dossier prend racine en 2020, lorsque deux demandes d’attestation sont rejetées par la commission municipale chargée de vérifier la complétude des pièces. Pourtant, en 2024, l’une des demandes réapparaît, cette fois signée et validée, dans des conditions que la mairie juge douteuses. La parcelle concernée avait même changé de propriétaire, sur la base d’une convention paraphée par le 2e adjoint au maire lui-même.
Un pot-de-vin de 600 000 FCFA évoqué
Les débats ont permis de lever le voile sur une tentative présumée de corruption. Une enveloppe de 600 000 FCFA aurait été proposée aux membres de la commission pour favoriser la signature du dossier litigieux. Selon les déclarations, cette somme serait passée par les mains du second adjoint au maire. Alin Tozo reconnaît avoir reçu l’enveloppe, mais affirme l’avoir retournée après le refus de ses collègues.
Face à la Cour, il plaide non coupable. Il soutient que les dossiers lui auraient été transmis volontairement sans les pièces requises, à son insu, afin de l’amener à signer.
Trois milliards ou restitution des parcelles
Lors de l’audience, l’avocat de la mairie, Me Mesmin Dodjinou, a dressé un tableau sévère des irrégularités constatées dans les pièces versées au dossier: incohérences documentaires, défauts de certification, et mentions absentes sur les plans cadastraux. La défense municipale a demandé la restitution de toutes les parcelles obtenues de façon frauduleuse ou, à défaut, le paiement de trois milliards de francs CFA à titre de dommages et intérêts.
Le ministère public, de son côté, a estimé que l’affaire ne relevait pas de la CRIET. Il a requis son incompétence, suggérant un transfert du dossier à la Cour spéciale des affaires foncières (CSAF), estimant que les faits relèvent plutôt du stellionat.
La défense, prenant acte de cette position, a plaidé la relaxe de ses clients, arguant d’une absence de constitution d’infraction.
Le délibéré est attendu pour le 14 août 2025. D’ici là, la ville de Porto-Novo retient son souffle dans une affaire où la frontière entre faute administrative, corruption présumée et litige foncier semble plus trouble que jamais.
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