Africa-Press – Benin. L’ordonnance N°254/AUD-PD/2025 rendue le 13 octobre 2025 par le président du Tribunal de première instance de Cotonou fait déjà couler beaucoup d’encre. Gilles Badet, ex secrétaire général de la Cour constitutionnelle a donné son avis technique sur la question.
Dans son analyse, il estime qu’en affirmant que « le parrainage appartient à l’élu et non à son parti politique », le juge vient de trancher un débat majeur dans le paysage politique béninois, au moment où le refus de parrainage du député Michel Sodjinou suscite de vives réactions.
Pour le juriste et universitaire Me Gilles Badet, cette décision judiciaire constitue une clarification essentielle. Dans son analyse, il estime que « le juge a clairement rappelé que le formulaire de parrainage est personnel et qu’il ne peut être retenu ou confisqué par un parti politique contre la volonté de son détenteur ».
Autrement dit, chaque député ou maire conserve la pleine maîtrise de son acte de parrainage: il peut librement choisir de le donner, de le refuser ou même de le retirer tant que la liste officielle des candidatures à la présidentielle n’a pas été publiée par la CENA.
Cette position du juge, soutenue par Me Badet, repose sur les articles 44 de la Constitution et 132 du Code électoral. Ces dispositions font du parrainage une condition essentielle de recevabilité des candidatures, mais sans pour autant limiter la liberté de conscience des élus.
La Cour constitutionnelle avait déjà, dans des décisions rendues en février 2021, reconnu la liberté du parrain et la possibilité pour ce dernier de se rétracter avant la clôture des candidatures.
L’ordonnance du 13 octobre 2025 s’inscrit donc dans cette logique, tout en réaffirmant le rôle du juge ordinaire dans la protection de cette liberté politique individuelle. Elle apporte aussi une réponse claire aux dérives partisanes observées depuis la réforme du Code électoral de mars 2024, qui impose qu’un élu ne puisse parrainer que le candidat de son parti ou d’une formation alliée.
Pour Me Badet, cette disposition a souvent été interprétée à tort comme une autorisation donnée aux partis de confisquer les formulaires de parrainage de leurs élus.
« Le parrainage n’est pas un instrument de sanction interne, mais un acte de responsabilité démocratique », insiste-t-il.
Cette lecture intervient dans un contexte de tension entre le parti Les Démocrates et le député Michel Sodjinou, accusé d’avoir refusé de parrainer le duo Agbodjo–Lodjou désigné par sa formation politique.
À la lumière de cette ordonnance, le refus de l’élu apparaît désormais comme un exercice de son droit individuel, juridiquement protégé, selon l’analyse de Gilles Badet.
En définitive, la décision du Tribunal de Cotonou et l’analyse du juriste Badet réaffirment une idée fondamentale: dans un régime démocratique, le mandat électif et les prérogatives qui en découlent appartiennent à la personne élue, non à son parti.
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