Vaccin à ARN contre le cancer de la peau : décryptage de la percée de Moderna

8
Vaccin à ARN contre le cancer de la peau : décryptage de la percée de Moderna
Vaccin à ARN contre le cancer de la peau : décryptage de la percée de Moderna

Africa-Press – Benin. C’est un pas de plus vers un vaccin contre le cancer de la peau. Moderna a annoncé des résultats très enthousiasmants d’une étude de phase II – une phase intermédiaire avant la possible mise sur le marché d’un médicament – sur des patients atteints de mélanome. Chez les volontaires, les rechutes (aussi nommées « récidives ») et les décès ont baissé de 44% grâce à ce vaccin à ARN en complément de l’immunothérapie Keytruda. Explications.

Comment fonctionne le vaccin de Moderna contre le mélanome ?

Le laboratoire Moderna travaille sur des vaccins à ARN depuis de nombreuses années. Après le succès de son vaccin contre le SARS-CoV-2, le virus du Covid-19, la firme veut maintenant s’attaquer au cancer avec la même technologie. Elle est en train de mettre au point un vaccin à ARN personnalisé contre le mélanome, l’un des cancers de la peau les plus répandus.

C’est un pas de plus vers un vaccin contre le cancer de la peau. Moderna a annoncé des résultats très enthousiasmants d’une étude de phase II – une phase intermédiaire avant la possible mise sur le marché d’un médicament – sur des patients atteints de mélanome. Chez les volontaires, les rechutes (aussi nommées « récidives ») et les décès ont baissé de 44% grâce à ce vaccin à ARN en complément de l’immunothérapie Keytruda. Explications.

Comment fonctionne le vaccin de Moderna contre le mélanome ?

Le laboratoire Moderna travaille sur des vaccins à ARN depuis de nombreuses années. Après le succès de son vaccin contre le SARS-CoV-2, le virus du Covid-19, la firme veut maintenant s’attaquer au cancer avec la même technologie. Elle est en train de mettre au point un vaccin à ARN personnalisé contre le mélanome, l’un des cancers de la peau les plus répandus. « Les vaccins à ARN personnalisés contre le cancer ont la propriété d’activer et d’entraîner les lymphocytes T à mieux reconnaître et détruire les cellules cancéreuses », explique l’équipe de Moderna à Sciences et Avenir. « Lorsque les tumeurs grossissent, elles acquièrent des mutations génétiques,dont certains créent des antigènes, des protéines reconnues comme extérieures au système immunitaire. Ces protéines n’existent pas sur des cellules normales. Ensemble, elles forment une signature génétique unique de mutations, qui en font des cibles idéales pour un vaccin. »

Chaque vaccin est composé en fonction du profil du patient et des protéines qu’il possède. Contrairement aux vaccins classiques, il n’a donc pas qu’une seule protéine cible, mais jusqu’à 34. « Une fois administré, le vaccin « mRNA-4157 » donne, grâce à des fragments d’ARN messager, une sorte de « notice » aux cellules du patient. Elles vont elles-mêmes créer des fragments de protéines sembables à celles de la tumeur pour que les lymphocytes T puissent s’entraîner à la détecter. » Une fois capables de reconnaître ces différentes signatures, les lymphocytes T vont s’attaquer et détruire les cellules cancéreuses tout en laissant les autres cellules saines intactes.

Pourquoi coupler ce vaccin à l’immunothérapie Keytruda ?

Dans cet essai clinique de phase II, le vaccin mRNA-4157 a été administré toutes les trois semaines et les patients ont reçu jusqu’à neuf doses. Il ne s’agit donc pas d’un vaccin à dose unique. Par ailleurs, les patients recrutés pour l’essai clinique avaient déjà été diagnostiqués pour un cancer de la peau, des mélanomes de stade III/IV avec un risque élevé de récidive même après avoir retiré la totalité de la tumeur.

En plus du vaccin à ARN, ils ont été traités en parallèle avec le Keytruda, une immunothérapie qui permet au système immunitaire du malade de mieux se défendre contre les mécanismes du cancer. En effet, ce dernier peut « inactiver » le système immunitaire pour mieux se propager. Les cellules tumorales possèdent sur leur surface des antigènes PDL1, qui inactivent les lymphocytes en se fixant sur leur récepteur PD1. Pour empêcher cette liaison, le Keytruda fournit à l’organisme des anticorps anti-PDL-1, qui viennent bloquer l’interaction entre la cellule tumorale et les lymphocytes. Ces derniers peuvent continuer à assurer leur rôle de défense dans l’organisme. Selon Moderna, l’action du Keytruda aurait permis de renforcer l’effet du vaccin. « Le Keytruda, en plus d’un vaccin à ARN dirigé contre les antigènes spécifiques du patient, peut potentiellement améliorer la destruction des cellules tumorales par les lymphocytes T », nous explique Moderna.

Administrer ce vaccin sans l’immunothérapie, voire même avant que la maladie apparaisse, et contre d’autres types de cancer ?

Impossible de répondre à cette question pour le moment, mais c’est en tout cas une piste envisagée par Moderna. « Notre vaccin mRNA-4157-P101 est également utilisé dans une étude de phase I qui a lieu en ce moment, dans laquelle certains patients ont reçu uniquement le vaccin, sans le Keytruda », explique Moderna à Sciences et Avenir. Les résultats seront publiés à la fin de l’essai. Par ailleurs, Moderna nous a expliqués étudier la possibilité d’utiliser ce vaccin plus tôt dans la maladie. La firme réfléchit également à utiliser le support de l’ARN contre d’autres types de cancer.

Après ces résultats enthousiasmants, Moderna va lancer une étude de phase III en 2023, avec plus de participants. Si les résultats sont satisfaisants, le laboratoire pourra demander une éventuelle mise sur le marché du traitement. Avec neuf injections et une immunothérapie en parallèle, ce vaccin contre le cancer de la peau n’est pas comparable à un vaccin préventif comme celui contre le papillomavirus (Gardasil). Efficace contre le cancer du col de l’utérus, de l’anus, de l’oropharynx, de la vulve, du vagin, de la cavité orale, du larynx et du pénis, il est, lui, administré en deux ou trois injections en amont afin d’éviter la survenue de la maladie. Leur mode d’action est aussi totalement différent, puisque le vaccin contre le papillomavirus ne contient qu’une seule protéine virale commune à différentes souches du virus.

Pour plus d’informations et d’analyses sur la Benin, suivez Africa-Press

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here