Vieillit-on plus vite à cause de la chaleur ?

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Vieillit-on plus vite à cause de la chaleur ?
Vieillit-on plus vite à cause de la chaleur ?

Africa-Press – Benin. Le réchauffement climatique va-t-il nous faire vieillir plus rapidement ? On sait bien que les canicules peuvent avoir des conséquences très graves sur la santé, causant par exemple la mort de plus de 3.700 personnes en France durant l’été 2024, qui viennent s’ajouter à 5.000 décès en 2023 et près de 33.000 entre 2014 et 2022. Cet impact potentiellement létal de la chaleur extrême s’explique notamment par le stress cardiovasculaire que ces évènements de chaleur forte et continue causent. Mais en plus de ces conséquences à court terme, la chaleur pourrait aussi nuire à la santé à long terme.

Des chercheurs de l’Université de Californie du Sud (Etats-Unis) ont montré, dans un article publié le 26 février 2025 dans la revue Science Advances, que les personnes qui vivent dans des endroits plus exposés à ces chaleurs extrêmes vieillissent plus rapidement, causant une détérioration plus rapide de leur santé.

Les populations défavorisées sont plus exposées à la chaleur extrême

Les auteurs de l’étude ont étudié l’impact de la chaleur chez près de 4000 hommes et femmes provenant de toutes les régions des États-Unis. Chacun a fait une prise de sang pour établir son âge biologique. Puis les scientifiques ont analysé les variations de température dans l’endroit de vie des participants durant les six années avant la prise de sang.

Sur la dernière année avant la prise, les participants avaient vécu en moyenne 127 jours de forte chaleur, dont 6 jours de chaleur extrême. Ces périodes de forte chaleur concernaient particulièrement les personnes avec des revenus faibles, celles avec un niveau éducatif bas, les Afro-américains et les Latinos-américains.

Plus on est exposé à la chaleur, plus on vieillit vite

Le décalage entre l’âge chronologique et l’âge biologique, déterminé en analysant la méthylation de l’ADN, était plus grand chez les participants les plus exposés aux fortes chaleurs. C’est-à-dire que plus ils subissaient des jours de forte chaleur, plus leur corps vieillissait prématurément. Et cette corrélation restait vraie même en normalisant d’autres facteurs socio-économiques ou ethniques. Pour résumer, peu importe la personne, elle vieillira plus vite si elle est exposée à davantage de jours de forte chaleur.

« Les participants qui vivent dans des endroits où la moitié des jours de l’année sont considérés comme très chauds (avec une température supérieure à 32°C), tels qu’à Phoenix en Arizona, étaient jusqu’à 14 mois plus vieux biologiquement comparés à ceux vivant dans des endroits où l’on compte moins de 10 jours très chauds par an », précise dans un communiqué Jennifer Ailshire, directrice de l’étude et professeure de gérontologie à l’Université de Californie du Sud.

La chaleur compte, mais aussi l’humidité

Les auteurs préviennent que la chaleur n’est pas la seule variable à prendre en compte, car l’humidité peut empirer les choses. La transpiration, qui rafraichit la peau, est moins efficace sous l’action d’une forte humidité. En effet, la chaleur échappe à travers la transpiration grâce à l’évaporation des gouttelettes de sueur. Mais si l’air est trop humide, ces gouttelettes auront plus de mal à s’évaporer, et donc la chaleur sera moins bien dégagée. « Cette combinaison entre chaleur et humidité est particulièrement importante à prendre en compte chez les personnes âgées, car elles ne transpirent plus aussi bien que les jeunes et donc perdent en partie leur capacité à rafraichir leur corps par l’évaporation de la sueur », ajoute Jennifer Ailshire.

Les auteurs alertent sur le fait que l’impact de la chaleur sur le vieillissement biologique pourrait devenir de plus en plus dangereux à cause du réchauffement climatique, qui cause une augmentation du nombre de jours très chauds dans l’année. Notamment car cette hausse des températures s’accompagne d’un vieillissement de la population. « Ces personnes sont plus vulnérables, donc on va devoir réfléchir davantage à des stratégies pour atténuer ces fortes chaleurs », prévient-elle. Une raison de plus pour prendre la lutte contre le changement climatique au sérieux, comme s’il en manquait.

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