Africa-Press – Burkina Faso. L’École nationale de santé publique (ENSP) de Ouagadougou a célébré, le jeudi 2 octobre 2025, la sortie officielle de la première promotion de kinésithérapeutes entièrement formés au Burkina Faso. Ils sont 21 diplômés, pionniers d’une filière ouverte en 2021 grâce à l’appui du royaume de Belgique et de ses partenaires.
La cérémonie, présidée par le ministre de la Santé, Robert Lucien Jean Claude Kargougou, a rassemblé les responsables de l’ENSP, les représentants de l’Agence pour la promotion de l’éducation et de la formation à l’étranger (APEFE), ainsi que l’ambassadeur du Royaume de Belgique au Burkina Faso.
Le ministre de la Santé s’est réjoui de la concrétisation d’un projet lancé il y a plusieurs années: « C’est avec beaucoup de plaisir que nous avons présidé cette cérémonie de sortie de la première promotion des kinésithérapeutes entièrement formés au Burkina Faso. Pour la première fois, nous sommes parvenus à former sur place ce type de professionnels à l’École nationale de santé publique. C’est un pas important dans la souveraineté sanitaire. »
Il a précisé que les diplômés seront déployés dans plusieurs hôpitaux régionaux, notamment dans les CHR de Kaya, Dori, Dédougou et Gaoua ainsi que dans d’autres structures sanitaires de la capitale. Robert Lucien Jean-Claude Kargougou a insisté sur la pertinence de cette filière dans un contexte marqué par la recrudescence des accidents de la route, l’augmentation des maladies chroniques et la prise en charge des blessés de guerre. « Les besoins sont pressants et ces 21 kinésithérapeutes, même s’ils sont précieux, ne suffisent pas à combler le déficit du système de santé. C’est pourquoi le gouvernement est engagé à poursuivre et à pérenniser cette formation pour répondre progressivement aux besoins », a assuré Dr Kargougou.
Au nom du directeur général de l’ENSP, Edgar Ouangré, son représentant, Diadoma Zanzé, a salué une étape historique pour l’institution. D’après lui, « la sortie de cette première promotion, riche de 21 lauréats désormais aptes à exercer le métier de kinésithérapeutes, vient renforcer la place de leader qu’occupe notre établissement en matière de qualité et de pertinence des formations professionnelles dispensées, en phase avec les besoins et les priorités du ministère de la Santé ».
Il a également rappelé le rôle essentiel de la coopération avec l’APEFE: « Ce partenariat a permis l’élaboration des outils pédagogiques, la formation des enseignants et des encadreurs de stage, ainsi que l’aménagement de salles de classe et de laboratoires de compétences. Les résultats obtenus aujourd’hui sont le fruit de cet accompagnement sans faille. »
Cette filière est l’aboutissement d’un partenariat engagé en 2014 entre le Burkina Faso et la Belgique, à travers le Programme de renforcement des capacités en médecine physique et réadaptation (PRC-MPR). Ce programme a permis l’élaboration d’un curriculum adapté, la réhabilitation de salles de cours et de laboratoires, ainsi que l’acquisition d’équipements modernes pour une formation pratique de qualité.
L’ambassadeur de Belgique au Burkina Faso, Erwin Michel de Wandel, s’est réjoui de ce premier succès: « Il s’agit d’une coopération entre la Belgique, particulièrement la Fédération Wallonie-Bruxelles et la Région wallonne, à travers l’APEFE. Nous sommes très satisfaits de voir cette première promotion formée à 100 % au Burkina. Leur enthousiasme, leur engagement et leur fierté sont palpables. Nous croyons qu’ils contribueront au bien-être et à la santé des Burkinabè. »
Il a réaffirmé la disponibilité de son pays à poursuivre l’appui technique et financier, notamment dans les secteurs où les besoins sont les plus urgents: « Là où il y a des besoins, particulièrement dans le domaine de la santé, nous serons toujours prêts à accompagner et à contribuer. »
L’APEFE, organisation de coopération internationale de la Fédération Wallonie-Bruxelles et de la Wallonie, œuvre dans plusieurs pays africains. Elle vise à renforcer les capacités locales à travers l’éducation, la formation professionnelle et la santé.
Pour Karin Mölher, responsable des programmes de l’APEFE basée à Bruxelles, ce projet illustre parfaitement la mission de l’agence: « L’APEFE se réjouit de ce partenariat fructueux qui a permis la sortie de ces 21 premiers diplômés. Nous avons aussi contribué à la remise du matériel pour équiper les CHU et CHR. Aujourd’hui, une centaine d’étudiants sont inscrits dans la filière et viendront grossir les rangs d’ici 2027. »
Clément Bagnoa, expert santé et réadaptation pour l’APEFE, a rappelé que « depuis 2014, nous appuyons le gouvernement burkinabè pour développer le secteur de la réadaptation. La filière ouverte en 2021 a déjà permis de former cette première promotion, et environ 100 autres étudiants sont en cours de formation. Ils rejoindront les services de santé à l’horizon 2027. »
Des équipements modernes pour les CHU et CHR
En marge de la cérémonie, l’APEFE a remis du matériel médico-technique d’une valeur de 93 millions de F CFA. Ce matériel est destiné à équiper six Centres hospitaliers régionaux dont Kaya, Dori, Dédougou, Gaoua, Koudougou et Tenkodogo, ainsi que les Centres hospitaliers universitaires de Ouagadougou, notamment le CHU Yalgado Ouédraogo et le CHU de Bogodogo.
Ces équipements, allant de l’électrothérapie à la cryothérapie, viennent renforcer les services de kinésithérapie et permettront aux patients d’accéder à des soins de réadaptation de qualité, sans devoir systématiquement se déplacer vers la capitale.
Pour Korgo Targuiguimde, représentant de la promotion, cette sortie est porteuse d’espoir mais aussi de défis: « c’est une médecine à part entière qui aide les patients à retrouver leur autonomie fonctionnelle après une maladie ou une intervention. Nous sommes prêts à relever ces défis, mais nous espérons que le ministère pourra renforcer les effectifs afin que nous puissions accomplir notre mission dans de bonnes conditions. »
Il a également formulé trois doléances majeures. L’instauration d’un diplôme de licence en kinésithérapie pour reconnaître la durée et la qualité de la formation et faciliter l’insertion professionnelle nationale et internationale, la création d’une bibliothèque spécialisée, pour permettre aux étudiants de poursuivre leur formation et de rester à la pointe des avancées scientifiques, le renforcement de l’encadrement pratique, par le recrutement de moniteurs dédiés aux modules techniques.
« Ces demandes traduisent notre désir d’excellence et notre engagement à offrir des soins de la plus haute qualité. Nous sommes convaincus qu’avec votre appui, la kinésithérapie au Burkina Faso connaîtra un essor remarquable », a-t-il affirmé.
Des besoins encore immenses
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 63 % des Africains ayant besoin de soins de réadaptation n’y ont pas accès, faute de professionnels qualifiés et de structures adaptées. Pour le Burkina Faso, cette première sortie est une étape encourageante mais insuffisante.
Avec une centaine d’étudiants en formation et des perspectives de recrutement à l’horizon 2027, le pays espère réduire progressivement ce déficit. Comme l’a rappelé le ministre de la Santé, « ces diplômés sont une réponse à un besoin pressant, mais le chemin reste long. Notre ambition est de doter tous nos hôpitaux régionaux et nationaux de professionnels qualifiés en réadaptation. »
Au-delà du Burkina Faso, cette initiative s’inscrit dans la stratégie mondiale « Réadaptation 2030 » de l’OMS, qui promeut l’intégration des soins de réadaptation dans les systèmes de santé. Elle vise à renforcer la gouvernance, élargir l’accès et améliorer la qualité des services.
Pour le Burkina Faso, la coopération belgo-burkinabè offre une opportunité unique d’aligner ses efforts sur les standards internationaux tout en construisant une réponse locale durable.
Cette cérémonie de remise de diplômes marque un tournant dans l’histoire de la santé au Burkina Faso. Entre soutien international, engagement gouvernemental et détermination des jeunes diplômés, le pays se dote désormais des premiers maillons d’une filière de kinésithérapie appelée à se développer.
Ces 21 pionniers ouvrent la voie à une nouvelle génération de professionnels de la réadaptation, indispensables pour accompagner les patients vers l’autonomie et contribuer à un système de santé plus résilient et inclusif.
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