Africa-Press – Burkina Faso. Après une première tribune sur les confidences du père de la révolution burkinabè, Jonas Hien revient dans la présente sur d’autres confidences tout aussi peu connues du grand public. Des confidences à lui faites par « le vieux Joseph Sankara », comme il l’appelait, père du président Thomas Sankara. Lisez !
Dans un précédent article de presse, j’ai livré des confidences qui m’avaient été faites par le père du Président Thomas Sankara, que nous appelions affectueusement le Vieux Joseph Sankara. L’objectif est de contribuer à faire connaître le Président Thomas Sankara, un Président totalement hors du commun. Dans le présent article, je livre encore une partie de ces nombreuses confidences, avec parfois des anecdotes qui confirment que Sankara était un homme à part.
Lors d’une de nos causeries habituelles, j’ai demandé au Vieux Joseph Sankara s’il arrivait à Thomas, devenu Président, de demander des conseils avec lui dans la conduite des affaires de l’Etat, en tant que père. Avant de répondre à cette question, le Vieux Joseph Sankara me raconte d’abord des anecdotes. Suivons les récits. « Pas vraiment ! Il me surveillait plutôt pour être sûr que j’étais en phase avec la Révolution (rires du Vieux Sankara). Un jour, j’étais assis ici et entre-temps il est arrivé. Quand il est rentré dans la cour, il a vu un gros mouton attaché là. Sa préoccupation était de savoir qui est le propriétaire. Quand je lui ai dit que c’est un ami qui me l’a offert comme cadeau, il m’a regardé d’une certaine façon et puis il m’a dit que ce n’est pas clair. Pour lui, quelqu’un m’a corrompu avec ce mouton.
Une autre fois, un de ses amis Chef d’Etat est venu à Ouagadougou. Ce Chef d’Etat a envoyé une délégation pour venir me saluer et me remettre de l’argent. Je leur ai demandé si Thomas est au courant de cet argent. Ils m’ont répondu par l’affirmative. Je leur ai dit que je n’ai pas la preuve qu’il est au courant et par conséquent je ne peux pas prendre. Ils sont repartis avec l’argent rendre compte. Ce Chef d’Etat était dépassé. Il a demandé à Thomas: ‘’qu’est-ce que tu fais comme ça !’’ Thomas a répondu: ‘’ce sont les exigences de la Révolution. La lutte contre la corruption doit commencer par ma famille’’. Ce Chef d’Etat lui a demandé de venir lui-même me remettre le don. Thomas n’a pas pris l’argent. Il les a accompagnés et quand il est arrivé, il m’a dit: ‘’Papa, tu peux prendre l’argent là, je suis au courant’’. C’est à ce moment que j’ai pris l’enveloppe d’argent. »
Une autre anecdote.: « Un autre Chef d’Etat, un de ses amis, m’a fait don d’un véhicule (je me rappelle qu’il m’a dit qu’il s’agit du Président Denis Sassou N’guesso, actuel Président de la République du Congo). Les papiers du véhicule sont en mon nom. Il a informé Thomas avant de me remettre le véhicule. A la même période, je venais d’acheter la mobylette que voici (il m’a montré la moto qui était une Honda Econo Power). Dès que son ami a quitté le Burkina Faso, Thomas est revenu ici accompagné de ses militaires et il a ordonné l’enlèvement de la voiture pour aller déposer au parc automobile de l’Etat. J’étais là et ma voiture a disparu sous mes yeux. Puis, il m’a regardé avant de me dire: ‘’toi, tu vaux mieux tu viens d’acheter une mobylette neuve. L’Etat n’a rien, au lieu de s’occuper de l’Etat qui en a besoin, on s’occupe de ceux qui ont des mobylettes neuves’’. J’ai fait comme si ce n’était pas à moi qu’il parlait ! Mais comme on ne pouvait pas en discuter, il est ressorti et a disparu lui aussi comme ma voiture (rires du Vieux Sankara). A l’heure où je te parle (on était en 1999), je ne sais pas ce qu’est devenu ce véhicule. J’en ai parlé à Blaise, mais ça n’a rien changé. J’ai toujours les papiers du véhicule avec moi. »
Revenant à ma question de départ, le Vieux Joseph Sankara répond: « mais je me rappelle qu’une fois, au tout début de sa prise de pouvoir, il est venu ici à la maison et il m’a dit qu’il veut qu’on parle. On s’est assis à l’écart. Il m’a demandé si j’ai appris qu’ils ont exécuté des officiers militaires. J’ai dit oui. Il a dit que c’est de ça qu’il veut me parler. Il dit qu’il n’arrive pas à dormir avec cette affaire. Je demande pourquoi. Il me dit que son problème n’est pas le fait qu’ils aient été exécutés, pour tentative de coup d’Etat (il s’agit du groupe du Colonel Didier Tiendrebéogo, en 1984, suite à un jugement rapide devant une Cour martiale) mais qu’il n’a pas compris pourquoi on n’a pas demandé son avis avant de les exécuter. Qu’il m’en parle pour que demain si quelqu’un dit que mon fils avait fait tuer son parent, que je sache la vérité. J’ai senti qu’il a perdu le moral. Je lui ai dit de ne plus parler de ça à quelqu’un et d’aller dans le sens de ses camarades d’armes. Je lui ai dit que la gestion d’un Etat n’est pas ce qu’il croit et que ce sont des choses qui arrivent dans n’importe quel pays du monde. Je lui ai dit aussi qu’en la matière, s’il est question de survie de l’Etat, on n’aura pas toujours le temps de l’informer. Je lui ai donc dit d’assumer jusqu’au bout et de ne pas donner l’impression qu’il n’est pas content car ça n’a pas commencé par lui, ça ne se terminera pas par lui et dans n’importe quel pays du monde, ce sont des choses qu’on ne peut pas éviter dans la gestion d’un Etat. Je lui ai dit qu’en tous les cas, si un jour on l’accusait, je ne ferai que demander pardon et pardon. Il m’a dit qu’il a compris et je pense qu’il a vite surmonté ce problème. En dehors de ça, lui et moi on ne parlait pas des affaires de l’Etat. C’est surtout avec Blaise que je causais. Parfois, si je veux parler à Thomas sur certains sujets, je passais par Blaise. Blaise venait nous voir régulièrement à la maison, ma femme et moi. On mangeait ensemble dans le même plat, il reste causer avec nous, il insiste parfois pour savoir si on n’a pas de besoins particuliers. Blaise avait une grande attention envers moi. Jusque-là je ne comprends toujours pas pourquoi il m’a fait ça et depuis il ne revient pas me dire ce qui s’est passé entre son frère et lui. Ils étaient tous deux mes enfants. L’un a tué l’autre, au moins qu’il me dise ce qui s’est passé avec son frère. »
Parlant de Blaise Compaoré, le Vieux Joseph Sankara raconte une histoire: « un jour, Blaise est venu ici à la maison. Il m’a dit qu’il est avec une fille qui est de notre quartier et qu’il me demande d’entreprendre des démarches auprès de la famille de la fille pour demander la main pour lui. Quand il m’a expliqué, il s’est trouvé que je connais la famille. J’ai commencé à faire des approches. Il revient entre temps pour me demander de laisser tomber les démarches. Je lui demande pourquoi. Il me dit qu’il est parti à Abidjan et qu’il a trouvé une autre fille là-bas et que c’est avec celle-là qu’il va se marier. Je lui ai demandé ce que la fille d’Abidjan a de mieux que celle d’ici. Blaise me dit que celle d’Abidjan sait préparer le tôt. J’étais déçu. Il s’est levé et il est parti.
Plus tard, je le vois entrer dans la cour, accompagné d’une fille de teint clair. Il me dit: « Papa, c’est la fille d’Abidjan dont je vous parlais. Elle s’appelle Chantal. » J’ai dit à la fille ‘’effectivement, mon fils m’avait parlé de vous. Merci de venir nous voir’’. Ils sont restés causer un peu avec nous et ils sont repartis. » Chantal deviendra plus tard Chantal Compaoré.
En fait, ce que le Vieux Joseph Sankara ignorait à cette étape, la fille qui sait préparer le tôt faisait partie des cadeaux préparés par l’impérialisme pour réaliser le coup de l’assassinat de Thomas Sankara.
Les foutaises de Blaise Compaoré vis-à-vis du Vieux Joseph Sankara avaient en fait commencé depuis ce temps. Blaise était venu lui présenter un indice important du futur assassinant de son fils. Elle sait préparer le tôt. Et pendant 27 ans de pouvoir à la présidence du Faso, le couple Compaoré nous a servi de la bouillie mal cuite, salée, pimentée et potassée.
Pendant les campagnes politiques des différentes élections dites démocratiques de pérennisation du pouvoir, on voyait le couple, tout souriant, regardant les militantes et militants du parti danser et puis eux aussi se mettaient à danser comme un masque sénoufo. C’est vrai, les Gouin aussi ne savent pas danser. Ce qui est sûr, le Commandant Sombié ne sait pas danser. Mais il est un très bon cultivateur sur qui on peut compter pour assurer l’auto-suffisance alimentaire.
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