Racket aux postes de contrôle : Le Burkina Faso perd-t-il son intégrité ?

Racket aux postes de contrôle : Le Burkina Faso perd-t-il son intégrité ?
Racket aux postes de contrôle : Le Burkina Faso perd-t-il son intégrité ?

Africa-Press – Burkina Faso. Le Burkina Faso, pays des hommes intègres, connaît de plus en plus le phénomène de racket sur les axes routiers. Les langues se délient mais la pratique a la peau dure. Dans un contexte marqué par la crise sanitaire et sécuritaire où l’accent doit être mis sur la vigilance, l’argent semble prendre le dessus dans certains endroits. Un commerçant / transitaire de véhicules nous partage ses mésaventures. Lisez !

« Si on quitte Cotonou pour Porga [frontière Burkina Faso], c’est 1000 francs CFA que nous allons payer pour l’enregistrement. De Porga à Nadiagou, au poste de police, on paye 1000 francs. A la gendarmerie de Pama, on paye 1000 francs ». Voici résumé le racket sur l’axe Cotonou-Ouagadougou pour les chauffeurs et transitaires burkinabè. « A l’entrée de Fada [N’Gourma], il y a la police qui va demander 1000 francs pour l’enregistrement. A la sortie de Fada, c’est la gendarmerie qui prend 1000 francs », poursuit B.D, qui a demandé l’anonymat. Un calcul rapide donne 4000 francs CFA à payer.

Selon ce commerçant, ces 4 000 francs ne concernent que le chauffeur seul. « Si tu as un ami ou quelqu’un qui est tombé en panne, on prend 1000f avec toi et 3000 francs avec le passager. Si c’est un agent tolérant, il va prendre 2000 francs », témoigne-t-il.

Généralement, ces sommes perçues n’ont pas de traces. Notre commerçant indique que c’est à l’entrée de Nadiagou, et des fois à Pama, que les agents de sécurité les enregistrent sur leur registre. « Même si tu as cinq véhicules en ton nom, tu payes 1000 francs par véhicule », précise-t-il. Cette pratique a la peau dure, visiblement. Elle date d’avant la crise sanitaire du covid-19.

Faux billets interdits !

A en croire ce commerçant, il existe plusieurs corridors sur l’axe Cotonu-frontière Burkina, mais les Béninois ne les tracassent pas autant. « Le pire là, c’est chez nous. Malgré que nous sommes des Burkinabè, tu viens chez toi et c’est un problème », soupire-t-il.

« Imaginez combien de véhicules passent par jour » lance B.D. Nous lui renvoyons sa propre question et il répond : « on ne peut même pas estimer. Il n’y a qu’eux seuls qui peuvent ».

Cette pratique, il faut le rappeler, se passe dans un contexte sécuritaire et sanitaire particulier pour le Burkina Faso. Sur la route, le constat est amer, conformément à ce témoignage. « Actuellement, la gendarmerie ne fouille pas. C’est à l’entrée de Nadiagou, après avoir traversé la frontière, qu’une dame est assise avec sa table et utilise un thermomètre. Elle oblige les gens à laver leurs mains et enregistre leurs identités ».

Et le racket doit être clean. En effet, B.D fait savoir que la police de Nadiagou utilise désormais une machine pour détecter les billets de banques des transitaires. « Je ne sais pas s’il y a des gens qui leur donnent des faux billets »,

Les étrangers payent plus cher

Pour cette pratique contraire à l’éthique, les étrangers payent le lourd tribut sur le territoire burkinabè. « Une parenthèse. Il y a des Béninois qui rentrent aussi par cette voie. Chaque Béninois paye 2000 francs », confie le transitaire.

Ayant l’habitude d’aller à Cotonou via Lomé, B.D voit constamment le racket à la frontière entre le Burkina Faso et le Togo. « A l’entrée de Cinkassé, il y a la police. Quand on arrive, si tu es un étranger, on classe ta pièce d’identité à part. Tenez-vous bien. Les étrangers payent 3000 francs chacun ». Une fois sur le territoire togolais, les Burkinabè payent 500 francs, soutient le commerçant.

Pourtant les textes et principes de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) ont tranché sur cette question. « Si c’est la libre circulation des personnes et des biens, nous sommes un mauvais exemple », vocifère le transitaire.

Pour lui, les Béninois et les Togolais peuvent décider de traiter les Burkinabè de la même manière. Il espère qu’à travers son témoignage, les autorités prendront cette question à bras le corps, car il s’agit du Burkina Faso, pays des hommes intègres. La douane qui est directement concernée par leur activité ne les traite pas de cette manière… Cryspin Laoundiki Crédit photo : L’Économiste du Faso

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