Victor Avendaño
Africa-Press – Burkina Faso. Tout juste libéré après quatre mois de détention au secret, l’avocat burkinabè a été kidnappé dans la soirée du mercredi 29 mai, alors qu’il rejoignait son domicile de Ouagadougou, par des hommes armés en civil.
Les enlèvements se succèdent au Burkina Faso d’Ibrahim Traoré. Dans la soirée du mercredi 29 mai, Guy-Hervé Kam, célèbre avocat qui a notamment défendu la famille de Thomas Sankara, a été enlevé à Ouagadougou par des hommes se présentant comme des membres des forces de sécurité, qui l’ont embarqué de force à bord d’une Toyota blanche. Enlevé une première fois fin janvier, il venait à peine d’être libéré de quatre mois de détention dans un lieu tenu secret.
Alors que des agents de la sécurité d’État venaient de le déposer sur un terrain vague près de son domicile de Ouaga 2000, le quartier huppé de la capitale burkinabè, « un autre groupe d’hommes armés l’a récupéré pour le conduire vers une destination inconnue », indique un communiqué du mouvement « Servir et non se servir » (Sens) dont il est coordinateur national.
Ses proches exigent sa libération immédiate
« Il est désormais à la brigade de recherche de la gendarmerie à Ouagadougou », selon un proche de l’avocat contacté par Jeune Afrique. Le mouvement Sens, qui affirme ignorer les raisons de ce nouvel enlèvement, exige sa libération « immédiate et sans condition » et appelle à ce que « cesse enfin ces pratiques d’un autre âge ».
Le régime militaire de transition du capitaine Ibrahim Traoré a été prolongé de cinq années. © Twitter
Dans le viseur des autorités burkinabè pour ses propos critiques contre la junte d’Ibrahim Traoré, Guy-Hervé Kam, ex-fondateur du mouvement Balai citoyen qui a contribué à la chute du régime de Blaise Compaoré, en 2014, avait été arrêté dans la nuit du 24 au 25 janvier par des hommes en civil à l’aéroport de Ouagadougou.
Accusé « d’atteinte à la sûreté de l’État »
L’Ordre des avocats du Burkina Faso avait aussitôt réagi en convoquant, en février, une assemblée générale extraordinaire pour appeler l’ensemble des avocats du pays à faire grève. Le 5 mars, lors d’une audience au Tribunal administratif, les autorités de transition avaient fini par reconnaître qu’elles détenaient Guy-Hervé Kam, tout en l’accusant formellement « d’atteinte à la sûreté de l’État ».
Deux jours après, le même tribunal administratif ordonnait sa « libération immédiate ». Une décision confirmée le 23 avril par la Cour administrative d’appel, mais qui est finalement restée sans suite.
Ces derniers mois, les enlèvements de personnalités jugées hostiles au régime du capitaine Ibrahim Traoré se sont multipliés. Dernier en date: l’enlèvement du lieutenant-colonel Emmanuel Zoungrana, dans la matinée du mercredi 29 mai. Accusé de « complot contre la sûreté de l’État », il venait – lui aussi – d’être libéré quand des hommes encagoulés l’ont kidnappé. Ses proches sont depuis sans nouvelles.
Source: JeuneAfrique
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